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[Winemega-Alain]

Un Italien domicilié au Tessin est au centre d’une vaste enquête pour fraude au bourgogne. Des étiquettes contrefaites permettaient d’écouler un vin ordinaire sous la prestigieuse appellation Romanée-Conti. Alors que s’est ouvert le 9 décembre à New York le procès d’un Indonésien accusé d’avoir vendu de fausses bouteilles bourguignonnes pour 1,3 million de dollars au moins, une affaire de contrefaçons de grands crus du prestigieux domaine Romanée-Conti a conduit les enquêteurs jusqu’au Tessin. Dans ce cas, l’escroquerie porte sur un montant qui dépasserait les 2 millions de francs, selon des sources françaises.

C’est un père et un fils originaires de Novare (Piémont), anciens producteurs de vins, qui se retrouvent pour le moment au centre de l’enquête. Le fils est domicilié dans la région de Lugano et est l’admi­nistrateur unique d’une société de commerce de produits viticoles et d’œuvres d’art dont le siège est à ­Lugano. Arrêtés fin octobre en Italie, ils ont été relâchés début décembre. Dépendaient-ils d’une organisation beaucoup plus vaste, ou tiraient-ils eux-mêmes les ficelles? La question reste pour le moment sans réponse, l’enquête étant encore en cours.

Selon les conclusions actuelles, les étiquettes «Romanée-Conti» étaient reproduites en Lombardie et au Piémont, alors que la mise en bouteilles du vin (ordinaire, en lieu et place du grand cru mythique qu’est le romanée-conti) était faite, semble-t-il, dans l’ancien établissement vinicole du duo, dans la province de Novare. Comment les fausses bouteilles étaient-elles écoulées et quand a commencé le trafic? Comment cela a-t-il seulement été possible, quand on sait que les 5000 à 6000 grands crus produits à l’année par le domaine Romanée-Conti sont tous numérotés et distribués dans le monde par un réseau de commerçants spécialisés, sélectionnés sur le volet?

Une seule certitude: les faussaires envoyaient le pinot noir au nom ­légendaire vers l’Europe de l’Est et l’Asie, où les connaissances en matière de vin sont encore peu développées, ce qui limitait le risque que ­l’arnaque soit découverte. Manque de chance pour eux, des bouteilles se sont retrouvées en vente en France. On peut imaginer la suite: des sommeliers ou acheteurs au palais affiné le goûtent et font la grimace. Le domaine de la Romanée-Conti dépose plainte fin 2012 en France, puis également au Tessin, où l’enquête démarre au début de l’année suivante.

Le procureur public Andrea Gianini fait saisir 80 bouteilles – identifiées comme des contrefaçons par les propriétaires du domaine bourguignon – et «d’importantes sommes d’argent». Il interroge les suspects. Après leur arrestation, la France a demandé leur extradition à l’Italie, qui a rejeté la requête, probablement parce qu’elle n’était pas assez étayée. Leurs complices courent toujours: de fait, «il faut toute une chaîne de personnes malhonnêtes» pour qu’un trafic de cette ampleur réussisse, confirme le Tessinois d’adoption Paolo Basso, consacré Meilleur Sommelier du monde 2013. Quand on achète une bouteille de Romanée-Conti (dont le prix peut atteindre les 10 000 euros), on doit se poser la question de son origine.

Les contrefaçons de grands crus existent depuis une vingtaine d’années, mais seulement depuis quelques années à large échelle, depuis l’ouverture des marchés chinois et russe à ces biens de luxe, explique Paolo Basso. Ceux qui les achètent ne connaissent pas bien ces vins et les acquièrent comme objets de prestige. «C’est le plaisir de posséder un objet entouré de légende.» Pour seulement 150 à 200 francs, on peut pourtant acquérir un bourgogne qui n’a rien à envier à un pinot noir ­Romanée-Conti, confie le sommelier tessinois. Pour autant qu’on sache le choisir.

Barbara Knopf - Le Temps du 13/12/2013

[Vincent R.]

il est à la fois triste et normal que le monde du vin n'échappe pas à la fraude...
Et tout porte à croire que ce n’est pas fini!

J'ai par contre un peu de mal avec la dernière phrase qui n'enrichit en rien le texte et semble plus adressée à un public néophyte qu'à des amateurs que l'on voudrait mettre en garde! Mais il faut bien que ce Paolo kekchose se fasse un peu mousser...