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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Malgré les caprices de la météo, le nectar des coteaux s'en sort avec les honneurs

Comme avant chaque saison, le jeu délicat de la qualification des vins commence. Chacun a son analyse personnelle. Concernant le millésime 2008 de jurançon, la profession est unanime pour le qualifier d'« aromatique ».

Entre un printemps pluvieux, la grêle du 24 mai, le froid pendant la floraison et la pluie estivale, la météo de l'année 2008 n'a pas été généreuse. « Comme en 2007, on n'a pas eu un été suffisamment chaud pour faire de grands jurançons », explique Bénédicte Le Bec, oenologue à la Route des vins du jurançon. « Un grand jurançon, ce sont des raisins surmûris, passerillés, flétris par le foehn. Ces raisins vont donner des vins amples avec plutôt des fruits confits. » « Comme les températures n'ont pas été très élevées pendant l'arrière-saison, les arômes sont restés « bloqués » par le froid sur les fruits frais tels qu'agrumes, pêche, poire ». Oubliés les épices et les fruits secs de la canicule de 2003.

Bonbons anglais

« Les secs 2008 sont très flatteurs, très aromatiques : pêche, agrumes, poire, un peu bonbon anglais, avec en bouche une fraîcheur suave », explique l'oenologue de la Route des vins. Deux des vins secs de la Cave des producteurs de jurançon à Gan ont été médaillés à la Foire de Paris.

Les moelleux, eux, sont encore, pour certains, en cours d'élevage et n'ont pas encore dévoilé tout leur potentiel. « Ce qu'on peut déjà dire, d'après les premières dégustations, c'est que ce sont des vins de fruit avec des notes plutôt de fruits exotiques, abricot sec, un peu floral suivant les domaines. »

Dans « l'antre » des producteurs de jurançon où des doux sortent des entrepôts, on trouve le millésime « intense et avec beaucoup de volume ». « C'est un bon vin car il n'y a pas de différence entre le nez et le goût en bouche », détaille Hervé Lapébie, le maître de chai de la cave gantoise.

« On a vraiment eu beaucoup de travail avec les conditions climatiques. Notre plus grosse journée de vendanges a été le 10 novembre, on avait jamais vu ça, on a dû attendre le dernier moment pour faire un bon vin. »

Vendanges en trois temps

Si l'été a été pluvieux et pas assez chaud, l'automne a été doux. Les vendanges se sont étalées jusqu'au début du mois de décembre. Les viticulteurs ont commencé par les secs, de fin septembre jusqu'à mi-octobre.

« Chaque parcelle a été vendangée trois fois. Les premières grappes, grand manseng, servent à élaborer le millésime sec. Les secondes, vendangées trois semaines plus tard, produisent les moelleux et les troisièmes constituent le petit manseng qui nécessite une maturation plus longue, entre deux et cinq ans », détaille Hervé Lapébie.

L'assemblage entre le petit et grand manseng est encore trop jeune. « C'est comme un adolescent, il a encore du duvet », éclaire le maître de chai.

Le petit manseng, encore trouble et pétillant, est, lui aussi, trop jeune pour être commercialisé et devra vieillir en cuve.

Les jurançons 2008 ont un petit potentiel de garde. Bénédicte Le Bec y voit un avantage non négligeable. « Lorsqu'on laisse vieillir plusieurs millésimes en cave, on boira d'abord les millésimes de 2007 et 2008 avant d'ouvrir les vins de grand millésime comme 2001 ou 2004. »

Aude boilley
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