Les vignobles autour de Bratislava et sur le reste du territoire slovaque se perdent Ă jamais ...
Il y 2000 ans, ce sont les Romains qui ont commencé à cultiver la vigne et produire du vin sur le territoire slovaque. Nos ancêtres ont poursuivi l’enseignement reçu dans cette activité, non seulement pour le vin lui-même mais aussi les vignobles qui avaient leur importance également du point de vue de la création du paysage.
Aujourd’hui, les vignobles sur les pentes de Male Karpaty (Petites Carpates), au-dessus de Bratislava, vivent la plus difficile période de leur existence. Les investisseurs et les promoteurs achètent des vignobles pour les arracher immédiatement, et pour y édifier des constructions immobilières, l’un après l’autre, sans état d’âme. Des terrains attractifs pour ces promoteurs sur lesquels on été cultivés pendant deux millénaires des vignes et produit du vin, se transforment en terrains à bâtir où poussent des immeubles qui ne s’inscrivent pas dans le paysage environnant de la chaîne des Petites Carpates, où ils font tâche. Aujourd’hui, ces vignobles sont achetés par des personnes qui ne s’intéressent nullement pas à la culture de la vigne, mais veulent en retirer beaucoup d’argent dans l’immobilier. La recette est simple: Il suffit d’arracher les vignes, y laisser pousser les mauvaises herbes et le résultat ne tardera pas à se manifester. De plus, les députés leur viennent en aide. Par des modifications du plan d’aménagement du territoire et par la requalification des terres à vigne en terrain à bâtir, soutenue par les législateurs.
Un autre problème provient de la loi, approuvée par le Parlement slovaque, stipulant que si la vigne n’est pas cultivée pendant cinq années consécutives, elle peut être déclassée à ce titre et réaffectée à d’autre fin. Son prix sera, en même temps, multiplié par 10, au minimum. Après, les promoteurs ont le feu vert, le temps joue en leur faveur, ils disposent de capitaux, de relations et d’influence, d’où peu à peu, une extinction accélérée du vignoble sur les Petites Carpates. De surcroît, ces promoteurs bénéficieront d’une seconde faveur sonnante et trébuchante de la part de l’UE. Celle-ci, en effet, a voté des subventions pour l’arrachage des vignes dans l’objectif de lutter contre les surproductions de vin. Il ne faut donc pas s’étonner alors que les vignobles des Petites Carpates constituent un attrait majeur pour les investisseurs et promoteurs immobiliers, de par le profit qu’ils génèrent détournés de leur vocation première.
Milan Drobny, Directeur de la Coopérative Bratislava - Vinohrady qui fait partie de cette région se montre pessimiste quant à l’avenir des vignobles, non encore soumis à l’emprise des investisseurs. Selon ses propos, en 1989, la coopérative de Bratislava cultivait sur les pentes des Petites Carpates un vignoble s’étendant sur 278 hectares, aujourd’hui ce n’est plus que 62 hectares. Le point faible de la coopérative est de ne pas être propriétaire de ces vignobles. Elle possède seulement 5 % de ceux-ci, le reste étant loué à des propriétaires privés qui ont obtenu ces terrains dans le cadre des restitutions et qui sont très sensibles aux offres des investisseurs. De semblables inquiétudes se manifestent également au sein d’autres coopératives viticoles dont les superficies en terrains viticoles disparaissent progressivement. Par exemple, les vignes de Vajnory, un arrondissement de Bratislava, connu pour son bon vin, devrait être coupées par une autoroute. Les pétitions de protestations se multiplient.
Le fait que la superficie des vignes s’amoindrit non seulement dans la région des Petites Carpates mais également sur l’ensemble de la Slovaquie est la conséquence de décisions inappropriées dans le cadre d’une mauvaise politique d’Etat. Avant 1989, il y avait en Slovaquie 35 000 hectares de vignes, après l’entrée de la Slovaquie dans l’UE cette superficie était tombée à 22 000 et aujourd’hui ce ne sont plus qu’environ 11 000 hectares qui demeurent plantés de vignes. Le marché Tchèque à l’époque de la Tchécoslovaquie s’appuyait essentiellement sur la production slovaque. Avant l’entrée dans l’UE, les Tchèques ont pris le parti de réactiver leurs vignobles.
En plus, la Slovaquie n’est pas autosuffisante dans la production du vin et un tiers de sa consommation, au minimum, est importé de l’étranger. En majorité, il s’agit de vins bon marché d’une qualité médiocre, provenant des pays du Sud de l’UE qui s’efforcent à se défaire de leur surproduction. Les producteurs slovaques n’arrivent pas à les concurrencer. L’UE possède des stocks couvrant au minimum 3 années de sa consommation. Les plus grands intervenants sur le marché sont les Français, les Espagnoles, les Italiens. En plus, sur le marché arrivent les pays d’outre-mer. Conséquence, les ventes de ces trois plus grands producteurs européen ont baissé d’1/5, depuis deux ans. Alors, de manière discrète, en soutenant l’arrachage des vignobles, ils contribuent à éliminer les concurrents en Europe. Le petit producteur slovaque n’a pas les moyens de lutter et ne peut survivre.
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