Récemment élu président du Comité interprofessionnel des vins de Savoie (CIVS), le viticulteur Gilbert Perrier entend bien redonner l'envie aux Savoyards de redécouvrir leurs vins.
Quelles missions vous êtes-vous fixées durant votre mandat ?
Ma priorité est de promouvoir les vins de Savoie et de progresser en notoriété. J'essaye d'être en relation étroite avec les viticulteurs pour promouvoir des produits de qualité. À partir de là , nous organiserons des actions multiples : foires, salons à différentes échelles, y compris à l'international ou lors de grands évènements. Nous devons aussi tisser des liens avec les entreprises et les Savoyards. Grâce à la maison de la vigne et du vin à Apremont, nous pourrions faire des dégustations et des réceptions thématiques pour leur permettre de connaître et reconnaître les vins de Savoie.
Qu'est-ce qui a changé dans la consommation de vin ?
Ce n'est plus comme avant où l'on vendait du vin sur place grâce au tourisme. À l'époque, ça consommait mais personne ne se rendait compte que les Savoyards buvaient de moins en moins de vin de Savoie. Aujourd'hui les gens font attention et avec la baisse de la consommation, les Savoyards se sont éclipsés.
Comment les Savoyards ont-ils perdu la culture du vin ?
Aujourd'hui, un Savoyard consomme à peine 5% de vin de Savoie. Dans une région comme la Bourgogne ou l'Alsace, c'est au moins 50%. Il y a deux raisons pour explique cela. D'abord l'irrégularité des qualités des productions il y a quelques années. Il faut dire qu'il y a eu un « je m'en foutisme » de certains vignerons. Ensuite la hausse des prix, que n'acceptent pas les Savoyards. C'est normal : comment peut-on payer un vin local plus cher qu'un vin provenant d'une autre région ?
Quelle est l'image des vins de Savoie ?
Elle est positive, mais réduite. Des gammes et des crus restent inconnus... Les Savoyards connaissent l'Apremont. Mais le grand public ne sait pas qu'il y a des Roussettes, des Chignin-Bergeron, des Mondeuses. J'ai le sentiment que tout cela est réservé à un public averti.
Comment y remédier ?
Il faut qu'ils consomment et fassent découvrir les vins de Savoie. Il faut être plus chauvin. Les industriels et les commercants ne le sont pas assez. Ce qui est regrettable car dans les autres régions viticoles, on ne boit pas autre chose que le vin local.
Que pensez-vous des viticulteurs qui produisent du vin bio ?
Je reste réservé concernant la culture bio et il ne faut que cela tourne en tricherie. Car quand on fabrique du vin, on est obligé de mettre du souffre pour le tenir, sinon c'est du vinaigre. En terme de dégustation, je n'ai rien trouvé de bon. Ça a le goût du vin, mais la qualité n'est pas là quand on exploite un grand domaine. Ou alors il faut le produire sur un petit secteur. Sur Chignin ou certains domaines de Jongieux, pourquoi pas car les côteaux sont bien exposés. Mais sur d'autres domaines comme Apremont, ce n'est pas envisageable.
Je suis pour une culture maîtrisée. C'est à dire travailler le sol, pulveriser les feuillages avec des produits autorisés et le moins nocifs possible.
Outre le vin, vous vous intéressez aussi à Miss France. Où en est votre projet d'organiser le concours à Chambéry ?
Ce n'est pas gagné, mais c'est en bonne voie. Geneviève de Fontenay et Sylvie Tellier doivent venir prochainement à Chambéry visiter le Phare et donner leur feu vert. Si nous arrivons à convaincre le comité Miss France d'organiser le concours, ce serait formidable pour la ville et la Savoie.
http://www.la-vie-nouvelle.fr/actualite ... s-863.html