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Caroline Frey se passionne pour les cépages du Valais

Messagepar Christian Rausis » Dim 11 FĂ©v 2018 18:04

Après avoir cédé aux charmes de la petite arvine, Caroline Frey, l'œnologue qui dirige trois prestigieux domaines viticoles en France, est prête à craquer pour le cornalin.
VINICULTURE Après avoir cédé aux charmes de la petite arvine, Caroline Frey, l'œnologue qui dirige trois prestigieux domaines viticoles en France, est prête à craquer pour le cornalin.

«J’adore le grain du cornalin. Ce vin a un type particulier, beaucoup de race…» En dégustation verticale chez Denis Mercier, Caroline Frey s’enthousiasme pour notre «rouge du pays». Un compliment qui va droit au cœur au vigneron sierrois et à son ami Didier Joris qui a emmené l’œnologue française chez celui qu’il considère comme l’une des meilleures références de ce cépage. «C’est important d’avoir des images de ce que doit être un grand vin. Il faut se construire une représentation sur chaque région, sur chaque cépage», déclare Caroline Frey qui, elle aussi, est une référence.

À la tête du Château La Lagune (Grand Cru Classé du Haut Médoc), du domaine Paul Jaboulet Aîné (un des plus prestigieux des Côtes-Du-Rhône) et du château Corton C (ex-Corton André) en Bourgogne, cette fille bien née (son père est un riche homme d’affaires) est réputée pour son implication, son travail sur le terrain et ses connaissances. Bref, celui qui serait tenté de la réduire à sa plastique élancée, à son sourire et à ses yeux bleu vert se fourvoierait. Sous ses airs réservés, cette femme de 40 ans a du talent, du caractère et des projets plein la tête.


Le Valais réunit ses deux passions
Si elle s’intéresse aujourd’hui au cornalin et songe à acheter une parcelle à Sierre, Caroline Frey a acquis sa première vigne suisse à Fully. «La petite arvine m’intéresse depuis très longtemps. J’en avais goûté avec Denis Dubourdieu lors de ma formation (le grand œnologue bordelais surnommé «le pape des blancs» décédé l’an dernier, n.d.l.r.) et je rêvais depuis d’en vinifier un jour.»
Notre canton est aujourd’hui sa région de cœur. «Le Valais réunit mes deux passions, la vigne et la montagne.» C’est le coureur Tarcis Ancay, avec qui cette grande sportive s’entraîne, qui l’a amenée dans le vignoble fulliérain. «J’y ai acheté 1200 m2 accrochés au ciel où j’ai commencé par sugreffer de la petite arvine sur des ceps de chasselas. Pour l’instant, je n’ai que 200 m2 de ce cépage, mais je vais continuer… Ça prend forme.»

Fully, c’est son terrain de jeux, son jardin secret. Elle veut s’en occuper entièrement. De la taille aux vendanges et aux vinifications. Toujours en route, la Franco-Suisse (son grand-père était bâlois) veille sur ses propriétés tout en résidant avec sa fille à Lutry. «Finalement, Fully, c’est mon vignoble le plus proche de la maison, lâche-t-elle en riant. Alors pourquoi ne pas faire encore quelques kilomètres et venir jusqu’à Sierre pour le cornalin?»

Convaincue du potentiel de nos terroirs
Si Caroline Frey s’entiche de cépages autochtones, c’est aussi pour l’histoire qu’ils véhiculent. «J’ai acheté ce gros bouquin sur l’histoire de la vigne et du vin en Valais dans lequel je me plonge régulièrement.» Elle aime les vins racés qui laissent parler la terre plus que le savoir-faire de l’œnologue. D’où peut-être cette envie aujourd’hui de vignobles de niche? «La combinaison terroir et cépages autochtones me plaît et je suis convaincue du potentiel qualitatif des terroirs de Fully et de Sierre, et du climat valaisan.»

Possédant des domaines dans différentes régions, elle reconnaît que «quand on arrive dans une contrée, il y a presque dix ans d’apprentissage pour se familiariser avec les terroirs, les cépages, les gens, les coutumes, la culture.» Caroline Frey dit volontiers qu’elle a été très bien accueillie à Fully. Les vignerons du coin ont d’abord eux un regard un peu méfiant, mais ça a vite passé. Nous avons de très bons échanges.» Et de citer la générosité de Gérard Dorsaz et de Didier Joris notamment.

«C’est exactement comme ici chez Denis Mercier. Je suis touchée par son côté généreux, prêt à partager son expérience et des millésimes rares pour me faire connaître le cornalin. Avec toute la modestie du débutant, j’aurais une vraie fierté à travailler ce cépage. Je ne sais pas encore si ça se fera, ni où mais…»

LE RESPECT DE LA TERRE ET DES GRANDS TERROIRS
Caroline Frey est née en Champagne où son père achète son premier vignoble. Elle grandit au rythme des vendanges mais ne songe pas à en faire un métier. Elle fait d’abord partie de l’équipe de France d’équitation avant d’opter pour l’œnologie. À la Faculté d’œnologie de Bordeaux, elle devient Major de sa promotion. En 2004, son père lui donne les clés de Château La Lagune. Elle s’impose avec humilité mais détermination. En 2006, son père reprend le domaine Paul Jaboulet Aîné. La même année, elle commence la conversion de ces deux grands vignobles en culture biologique et s’intéresse à la biodynamie. Elle impose sa patte, persuadée qu’il faut respecter le sol pour produire de meilleurs raisins et intervenir le moins possible en cave. En 2015, c’est le Château Corton C qui devient à son tour propriété du groupe familial. Un an plus tard, Caroline Frey achète sa première vigne à Fully.

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Christian Rausis
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