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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Lun 20 Mars 2017 13:05

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Un article de Mai 2016, mais un très bel article je trouve.


Le réveil du Champagne de lieu
Un texte de Jacky Rigaux qui a participé à la Champagne Week et à la journée organisée autour des Champagnes de lieu par l’association Trait d’Union


Depuis quelques années, une vingtaine d’associations de vignerons champenois participent à la « Champagne Week », semaine d’avril qui voit ainsi affluer du monde entier, prescripteurs en Champagne, journalistes, sommeliers, restaurateurs, grands amateurs et blogueurs… Ces salons se tiennent dans des lieux emblématiques comme le Palais du Tau à Reims qui accueillait l’association « Terres et Vins de Champagne » ou Les Crayères, emblématique demeure classée « Relais et Châteaux » qui recevait « Les Artisans de Champagne ». L’association « Trait d’Union », quant à elle, avait élu domicile dans les caves du Domaine Jacquesson, à Dizy, pour une journée associant conférences inaugurales et ateliers de dégustations géo-sensorielles, aux côtés des six domaines que rassemble l’association, tout au long de la journée du 18 avril 2016.

Vins fins et vins communs
Il est bon de rappeler que la Champagne, au XIXème siècle, a sauvé sa production de vins fins grâce à l’effervescence, la « prise de mousse », maîtrisée par des marques puissantes, disposant de grands moyens humains et financiers, comme le Bordelais a sauvé les siens par le classement de ses plus prestigieux Châteaux en 1855 et la Bourgogne, à la même époque, avec le classement de ses « climats » sous l’impulsion de Jules Lavalle et du Comité de Viticulture de Beaune, les plus remarquables en Cuvées hors ligne, 1ères cuvées, 2èmes cuvées… En effet, dans la foulée de la Révolution Française, les vins fins, réputés être ceux des aristocrates et des élites religieuses, régressèrent considérablement dans tout l’hexagone, au profit de la généralisation des « vins communs » et des vins industriels… La loi sur les Appellations d’Origine Contrôlée, en 1936, permit de faire retour aux vins fins après la période dramatique du phylloxéra et les fraudes qui suivirent. Le Bordelais choisit le Château comme organisateur de la qualité, la Bourgogne la hiérarchie de ses « climats » et la Champagne l’effervescence et la marque pour la promouvoir… L’arrivée de la viticulture chimique et de l’œnologie correctrice, dans la foulée de la deuxième guerre mondiale, mit à mal cette exigence de qualité et entraîna une période d’avilissement de la notion de terroir. Partout en France et dans le monde, les vins devenaient de plus en plus insipides et devaient être « arrangés » par de multiples corrections œnologiques…

Le réveil des terroirs
Heureusement, dans les années 1980, un mouvement de « réveil des terroirs » s’engagea dans tous les vignobles historiques, sous la houlette de vignerons devenus emblématiques, comme Henri Jayer et ses disciples, Denis Mortet ou Dominique Lafon, en Bourgogne, Didier Dagueneau ou Naddy Foucault en Loire, Pascal Delbeck, Jean-Michel Comme ou Stéphane Derenoncourt en Bordelais, Léonard Humbrecht et Jean-Michel Deiss en Alsace… En Champagne, c’est Anselme Selosse, Pascal Agrapart et quelques autres qui lancèrent ce mouvement de « réveil des terroirs », c’est-à-dire un retour à l’intérêt pour le lieu et au respect de ses équilibres naturels.
Avec ce retour au terroir, les vignerons renouent avec les bonnes pratiques, plantent à nouveau des vignes issues de sélections massales, limitent les rendements, récoltent des raisins à maturité physiologique optimale, des raisins dont les pépins ont pu mûrir harmonieusement…, alors l’expression d’un terroir se manifeste, se révèle dans sa singulière identité.
Devenu terre d’assemblage sous l’impulsion des puissantes marques qui achetaient les raisins aux vignerons, le vignoble champenois, jadis organisé comme la Bourgogne en lieux-dits, est redevenu une appellation où les vignerons recherchent l’expression de l’identité du lieu, retrouvant l’esthétique du « goût de lieu » initiée par les moines bénédictins dès le haut Moyen-Âge… Que les vins de ces lieux soient ensuite assemblés, ou qu’ils jouent leur partition en solo, ce sont bien les terroirs qui parlent à nouveau ! Les différents cépages sont ainsi considérés comme les traducteurs des terroirs, et non comme de simples producteurs de vins de base ! Assemblés, les vins de lieux expriment ce que jadis on nommait « cuvée de finage » ou cuvée ronde, isolés ils traduisent au plus près un « haut lieu » que le vigneron souhaite exalter !

L’exceptionnelle diversité des terroirs de Champagne
L’exceptionnelle diversité d’expression des terroirs peut alors à nouveau enchanter les palais les plus exigeants, de la Montagne de Reims à la Côte des Bar, en passant par la Vallée de la Marne et la Côte des Blancs, sans oublier le Massif de Saint-Thierry et la Vallée de l’Ardre, avec bien évidemment une infinité de goûts au sein de chaque vignoble selon les expositions, les altitudes, la diversité des substratums… Ici la craie domine, là l’argile, là encore les sables. Marnes, calcaires et argiles se déclinent en proportions variables. Méso et micro-climats multiplient les nuances. Différents cépages sont appelés pour traduire l’infinie complexité des lieux, ceux devenus « modestes » retrouvent leurs marques ! Des densités de plantations différentes retrouvent le chemin de la meilleure expression du lieu… Bref, le retour à l’observation et à la compréhension d’une Nature à la diversité enchanteresse, guide l’esprit et la main du vigneron ! Et l’intérêt pour le lieu guide à nouveau le palais des amateurs désireux de renouer avec des vins sapides et exhalant la minéralité de leurs lieux de naissance !
Deux conférences inaugurales pour commencer
Comment comprendre et retrouver cet intérêt pour l’identité du lieu et apprécier son expression dans le verre, telle fut, cette année, l’ambition des vignerons de Trait d’Union ? Avant de commencer la dégustation des vins des six vignerons membres de l’association, les invités furent conviés à écouter deux conférences sous un chapiteau distinct du lieu des futures dégustations. Un même scénario fut reconduit pour les invités de l’après-midi ! Il nous appartenait de lancer la journée en présentant la dégustation géo-sensorielle qui associe la connaissance du lieu à l’art d’en déguster le vin qui en naît. Cette dégustation, maîtrisée par les gourmets d’antan chargés de s’assurer, dans tous les vignobles de vins fins, du 12ème siècle à la Révolution Française qui abolit les corporations, de l’origine des vins dont ils contrôlaient la vente, fut abandonnée et remplacée par l’analyse sensorielle qui se préoccupe essentiellement des qualités intrinsèques du vin et de sa dimension organique.


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La dégustation géo-sensorielle
Réhabiliter la dégustation des gourmets, rebaptisée dégustation géo-sensorielle, relève d’un mouvement culturel de fond, parallèle au « réveil des terroirs », pour renouer avec le goût de lieu ! Les participants étaient ainsi invités à abandonner le primat du nez qui privilégie la dimension organique du vin, qui s’exprime par les odeurs, pour se recentrer sur le toucher de bouche, grâce aux retrouvailles des descripteurs des gourmets : consistance, souplesse (flexibilité de la consistance), viscosité, vivacité, texture, longueur… et persistance aromatique. On ne se prive pas des arômes, car c’est bien sûr impossible, et qu’ils ont leur importance, mais on ne s’y intéresse qu’en dernier, par la rétro-olfaction. Chaque lieu, quand on en touche le sol, s’exprime par des textures différentes, argiles ou craie dominante, marnes ou calcaire, pierrosité ou sables… Les textures des vins s’exprimeront également avec des sensations tactiles différentes !
En bouche, chaque lieu génèrera une texture originale, différente du lieu voisin ! Pour la dégustation géo-sensorielle, le toucher de bouche est ainsi beaucoup plus important que les sensations, devenues classiques en analyse sensorielle, de sucrosité (alcool), d’acidité et d’astringence (tannins). En se centrant sur le toucher de bouche, et sur la dimension minérale du vin génératrice de sapidité, le dégustateur passe du cri plus ou moins exubérant du cépage au murmure du terroir ! En conséquence, les participants étaient invités à « mirer » le vin (apprécier sa robe) et à le mettre en bouche, sans passer par l’examen olfactif, lors de leur passage en atelier géo-sensoriel !

Les dimensions organiques et minérales des vins
David Lefebvre enchaînait en présentant les bases scientifiques qui permettent de distinguer la dimension organique du vin de sa dimension minérale. Exprimant d’abord sa dimension organique, rehaussée éventuellement par les ajouts biochimiques de l’œnologie interventionniste, le vin révèle ensuite sa dimension minérale, à condition bien sûr de conduire sa vigne sans engrais chimiques, pesticides, herbicides ou autres fongicides… qui empêchent les racines de s’enfoncer dans le sols pour y absorber, grâce aux microbes alentours, les minéraux naturels ! Il poursuivait en rappelant que nos sens chimiques, l’odorat et le goût, sont singuliers, intiment liés à notre physiologie, ce qui fait que personne ne ressent exactement les mêmes choses. En revanche, nos sens physiques, l’ouïe, la vue et le toucher, font davantage consensus ! Sapidité et minéralité ne s’expriment pas par des arômes mais par le toucher de bouche qu’elles génèrent…


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Jacky Rigaux


Les sciences cognitives et la dégustation géo-sensorielle
Les découvertes les plus récentes en neurophysiologie accréditent la thèse selon laquelle l’activité de dégustation ne mobilise pas seulement les aires cérébrales impliquées dans le traitement d’informations des perceptions gustatives et olfactives, mais qu’elle mobilise également les perceptions sensorielles de la vue, l’ouïe et le toucher. Ainsi, outre les dimensions sensorielles gustatives et olfactives, la dégustation convoque également des dimensions affectives et cognitives. Bernard Gibello, spécialiste en neuro-psychologie, l’exprime parfaitement : « Les représentations mentales sont des formes visuelles, auditives, tactiles, olfactives, tonico-motrices, émotionnelles, etc., qui constituent les objets de notre pensée, avec les liens qui les unissent ». L’activité imaginative s’appuie ainsi sur un ensemble d’images issues de perceptions gustatives antérieures, les souvenirs d’anciennes dégustations et sur un champ lexical préliminaire. En se recentrant sur le toucher de bouche, et sur le champ lexical nouveau qu’il génère, le dégustateur géo-sensoriel pourra apprécier l’originalité de chaque type de terroir, en apprenant à les distinguer pour ensuite les reconnaître…

L’atelier de dégustation géo-sensorielle
Après avoir écouté les deux conférenciers, les invités de Trait d’Union pouvaient traverser la rue et passer à la pratique à travers trois exercices, celui de la dégustation de trois vins différents par exposant, la dégustation du vin de base de chacun des six exposants, rassemblés dans un stand particulier et l’atelier de dégustation géo-sensorielle. Ils étaient accueillis dans ce dernier par petits groupes de 5 à 6 personnes. Quatre vins étaient proposés, un vin issu d’un terroir à dominante argileuse, un vin issu d’un terroir à dominante sableuse, un vin issu d’un terroir à dominante crayeuse jeune (2015) et le même élevé 12 ans afin de mettre en évidence l’usure de l’organique pour que s’exprime avec évidence la minéralité.


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Le vignoble de Cramant


Les vins étaient dégustés avec le verre « géosensoriel » créé par Jean-Pierre Lagneau et Laurent Vialette, après une quinzaine d’années de recherches en analyse psycho-sensorielle et en bioénergétique, impulsées par Henri Jayer qui souhaitait un verre privilégiant, comme le tastevin d’antan, le toucher de bouche. Ce verre fonctionne aussi bien avec les vins tranquilles qu’avec les vins effervescents. Par ailleurs, l’effervescence ne masque pas la minéralité originale de chaque terroir, elle a plutôt vocation d’en être un exhausteur ! Ces verres activant le toucher de bouche, les participants pouvaient développer tout le champ lexical généré par les sensations tactiles, l’étirement exacerbé par les terroirs calcaires, le toucher évoquant le talc de la craie sèche, la sensation plus grasse, plus épaisse, quand elle est humide, l’impression de consistance sphérique liée à la dominante argileuse, la sensation de flexibilité plus ou moins évidente selon la nature géo-pédologique des lieux, l’impression de fluidité, ou poudreuse, issue des terroirs les plus sableux, le chaud, le froid, le grain, la verticalité, la spirale ascendante, la longueur…
Résolument à vocation pédagogique, l’atelier donnait l’occasion à chaque participant de ressentir comment des vins issus de raisins cueillis à maturité physiologique sont l’expression d’un terrain singulier : terroir à dominante argileuse, terroir à dominante sableuse, terroir à dominante crayeuse. Pour ce dernier, l’un était issu d’un millésime récent, 2015, l’autre était issu d’un élevage de douze ans, l’occasion de ressentir l’usure de l’organique pour que la trame minérale se révèle plus intensément, avec plus d’évidence et de transparence…


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Anselme Selosse lors d’une soirée à l’Ecole du Vin à Gland en compagnie de Vincent Chollet


Les vins des six exposants
• Le domaine Larmandier-Bernier, représenté par Sophie et Pierre Larmandier, avait privilégié leur lieu-dit « Vigne du Levant » en trois millésimes : 2009, 1999 et 1989. Cette dégustation illustrait parfaitement ce qui était démontré dans l’atelier de dégustation géo-sensorielle : l’usure de l’organique pour que la minéralité se libère avec une pureté d’expression d’une rare élégance.
• Le domaine Jacques Selosse, animé par Anselme et Guillaume Selosse, avait choisi « Les Carelles » et « Initial », ainsi que « Millésimé 2009 » : un lieu exalté à l’identité singulière affirmée, un vin issu d’un assemblage de deux parcelles qui unissent leurs forces pour exprimer le vin du finage d’Avize, finage fier de son originalité, et la valorisation d’un millésime 2009, à l’équilibre royal, issu de deux parcelles sises sur Avize. Tous les descripteurs du gourmet étaient au beau fixe, la texture est parfaitement dessinée !
• Le domaine Jacquesson, avec Jean-Hervé et Laurent Chiqué, mit en avant un haut lieu de la propriété, « Aÿ Vauzelle Terme » en trois millésimes : 2009, 2004 et 2002. Issu d’un terroir calcaire, pentu, orienté au sud, le vin qui en naît dispose d’une remarquable consistance dont l’élégance s’affirme avec l’avancée en âge, gagnant en flexibilité et en persistance aromatique.
• Le domaine Egly-Ouriet, représenté par Annick et Francis Egly, offrait en dégustation « Brut Tradition », « Blanc de Noirs Vieilles Vignes », « Millésimé 2006 » et « Millésimé 2009 ». Une palette à multiples facettes, avec des vins ciselés d’une grande générosité parfaitement maîtrisée, générant une exquise salivation et une grande persistance aromatique.
• Le domaine Roger Coulon, animé par Isabelle et Eric Coulon, proposait « La Réserve de l’Hommée », qui évoque l’ouvrée, où la délicate texture se déploie longuement, « Esprit de Vrigny » qui conjugue la fidèle traduction du terroir argileux avec le pinot, celle du terroir sableux avec le pinot meunier et celle du terroir à dominante crayeuse avec le chardonnay. L’art d’exprimer une forte empreinte « terroir », en suggérant plus qu’en imposant les notes du lieu ! On pouvait également apprécier l’émouvante version 2009 d’une vigne plantée en pinot meunier.
• La Closerie, d’Agnès et Jérôme Prévost, petite propriété de deux hectares dans le registre de l’excellence, offrait « Les Béguines » 2009 et 2012, à la consistance de grande souplesse, sublimée par une belle vivacité, particulièrement élégante dans la version 2012. « Fac Similé » 2013, avec sa noble austérité de jeunesse, laisse espérer un vin qui déploiera avec le temps une radieuse minéralité !
Trait d’Union pour les Champagnes de lieux
Les 300 participants qui purent vivre cette expérience originale comprirent l’intérêt d’une dégustation inspirée par le désir d’entendre le murmure du terroir plutôt que d’apprécier la seule dimension organique criante des vins, et s’engagèrent sans résistance dans l’expression de leurs représentations mentales sollicitées par le toucher de bouche. Tous remercièrent les vignerons de Trait d’Union de leur avoir donné l’occasion de vivre une telle expérience : renouer avec l’esthétique du goût de lieu !

Une telle initiative offre également l’occasion de s’interroger sur les deux visions qui peuvent coexister, vraisemblablement sans heurts, mais en tension dynamique, visions qu’Anselme Selosse résume avec bienveillance : « En Champagne, coexistent deux écoles, (deux visions ?), celle, anglo-saxonne, qui cherche à gommer la singularité et l’ « étrange » de la production d’un lieu par l’assemblage de façon à créer « un standard maison », et l’autre école, de culture plus chrétienne catholique, qui prêche pour faire apprécier le nom commun, le non-standard, le non-ordinaire… »


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Jeu 23 Mars 2017 14:08

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Musigny blanc... 2015 !
Le Musigny blanc du domaine du Comte Georges de Vogüe avait disparu des marchés depuis 1993, suite à l'arrachage des vignes. Il est de retour sur le millésime 2015.


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1993, 2015... 22 ans c'est long et c'est tout ce temps que les amateurs ont dû attendre pour voire réapparaître l'étiquette de Musigny grand cru blanc. Après avoir attendu plus de 20 ans que les vignes donnent un vin digne de son rang, le domaine Comte Georges de Vogüe mettra donc sur le marché 2 277 bouteilles de son très rare Musigny blanc dans le millésime 2015. Dans le contexte actuel des grands vins de Bourgogne on peut s'attendre à ce que les prix s'envolent à plusieurs centaines d'euros la bouteille chez les cavistes.

Le Musigny, à Chambolle-Musigny, terroir "star" de 10,88 hectares, figure au sommet de la pyramide des grands crus rouges de la Côte de Nuits, aux côtés des plus "grands". Tous les amateurs de France et de Navarre connaissent bien la version pinot noir du Musigny à défaut d'avoir déjà eu la chance de le goûter. Le domaine Comte Georges de Vogüe, dont les installations sont situées au coeur du village de Chambolle-Musigny, personnalise presque à lui seul le Musigny puisqu'il en est l'heureux propriétaire de 7,12 hectares... dont 65,80 plantés en chardonnay en deux secteurs distincts : 22 ares sur la partie haute des Musigny, sur un terroir d'éboulis appelés "grèzes litées" et 43,80 ares dans les Petits Musigny (partie sud du climat) sur un terroir argilo-calcaire plus classique.


Planté en 1986, 1987 et 1991, le secteur de chardonnay des Petits Musigny avait été arraché au début des années 1990 et à partir de ces jeunes vignes le domaine a produit un Bourgogne blanc depuis 1994 ; 1993 était donc le dernier millésime de Musigny blanc. La zone de "grèzes litées" avait été arrachées fin 1993 et replantée en 1997. La production de ces vignes a également été repliée en Bourgogne blanc à partir du millésime 2000. "Je précise que même si le vin était vendu en Bourgogne blanc, nous avons toujours déclaré la récolte en Musigny blanc, en respectant un cahier des charges de grand cru en termes de rendements, de culture...", explique François Millet, le vinificateur du domaine Comte Georges de Vogüe depuis 1986.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour revendiquer à nouveau l'appellation Musigny grand cru ? "Nous nous rendions bien compte d'année en année, que le vin arrivait peu à peu à un niveau qui pouvait permettre de le vendre à nouveau en grand cru. Légalement il aurait été possible de le faire bien avant. Des gens se seraient précipités pour acheter l'étiquette, mais le manque de complexité du vin nous aurait discrédité. C'est quand même un Musigny, ce n'est pas n'importe quoi et Il fallait impérativement que le vin blanc soit à la hauteur du rouge", ajoute F. Millet. "C'est une question d'éthique, de respect pour nos clients, pour l'appellation, pour l'histoire du domaine. Le Musigny blanc est le seul grand cru blanc en Côte de Nuits et cela nous donne des responsabilités", conclut Jean-Luc Pépin, responsable commercial du domaine.

Christophe Tupinier


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Jeu 23 Mars 2017 14:21

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Pomys, Haut-Batailley : rachats importants dans le vignoble bordelais
L’actualité concomitante de ces derniers jours, à quelques jours de l’ouverture des dégustations primeurs à Bordeaux, où le monde international du vin sera présent, sera à coup sûr une source de discussions entre les différents acteurs du monde du vin. Il est vrai que depuis quelque temps, le foncier viticole, tant à Bordeaux que dans les autres régions, est source d’interrogations, d’inquiétudes et parfois de grandes manœuvres.



Le Château Pomys, propriété de la famille Arnaud depuis 1991 vient d’être acquis par la famille Reybier, propriétaire du second cru classé de Saint-Estèphe, Château Cos d’Estournel. « S’inscrivant dans une vision patrimoniale de Cos d’Estournel, l’acquisition est une référence à l’histoire de la propriété », a-t-on appris dans un courriel envoyé par l’acquéreur.

Il est vrai qu’au XVIIIe, lorsque Louis Gaspard d’Estournel hérite du domaine, le dandy mondain réside à Pomys alors que Cos est destiné à la production viticole. Très vite, de voyage en voyage, le « maharadja des vignes » comme on le surnomma plus tard, fera de Cos d’Estournel une folie à l’orientale qui prendra bien vite le dessus sur son ancienne résidence tout en accédant au classement de second cru classé du Médoc en 1855.

Depuis 2010, Alban Morardet gère à Pomys un hôtel de 10 chambres ainsi qu’un restaurant dont on ne sait aujourd’hui s’ils seront conservés malgré le fait que Michel Reybier, homme d’affaires français, ancien propriétaire du groupe Reybier (Jambon d’Aoste, Justin Bridou et Cochonou), possède également des hôtels en France et en Suisse. La volonté familiale semble tendre vers une conservation de l’entité Pomys même si l’on préjuge que les meilleures parcelles seront intégrées au grand vin de Cos d’Estournel.

Haut-Batailley dans le giron de la famille Cazes ?

Autre actualité dans le vignoble, mais pas encore confirmée par aucune des parties, la vente probable de Château Haut-Batailley à la famille Cazes. Appartenant à Madame Françoise des Brest-Borie, 88 ans, le Château Haut-Batailley est un cinquième cru classé géré en fermage par François-Xavier Borie, propriétaire de Grand-Puy-Lacoste, autre cru classé du Médoc. Il semblerait que la propriétaire souhaite vendre malgré les volontés de Monsieur Borie de conserver le système actuel. S’étendant sur 22 hectares de belles croupes, le domaine est voisin du Château Lynch-Bages, le porte-étendard de la famille Cazes, qui rénove actuellement ses chais et construit un outil plus adapté à son développement. Rien de plus naturel à ce que la transaction se déroule entre ces deux familles « historiques » du Médoc, malgré les velléités affichées, mais apparemment déçues, de nombreux crus classés.

Question en suspens ? Haut-Batailley (photo ci-dessous) restera-t-il une entité séparée ou entrera-t-il dans la production de Lynch-Bages. De probables éléments de réponse lorsque la transaction sera confirmée, à priori dans quelques jours.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Mer 29 Mars 2017 19:14

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2016 : une demie récolte à Chablis
Suite à la parution dans notre dernier numéro d'une brève intitulée "récolte 2016 à Chablis : des volumes supérieurs aux estimations", le BIVB Chablis souhaite apporter une précision. En effet, les 63% de production atteints, tiennent compte du VCI (Volume Compensatoire Individuel). Sans lui, on peut seulement parler d'une demie-récolte de moyenne.



Récolte 2016 à Chablis : Des volumes supérieurs aux estimations

Le millésime 2016 n'aura pas épargné les vignerons de Chablis, le gel ayant fait d'importants dégâts sur le secteur. Quelques mois après les vendanges, un premier bilan de la quantité de la récolte peut être dressé et il est moins catastrophique que prévu. Le volume revendiqué s'élève à 209 258 hl (incluant le VCI), soit 63% de potentiel de production de Chablis, qui atteint les 330 000 hl pour une récolte « normale ». Dans le détail, le volume s'élève à 38 307 hl en Petit Chablis, contre 60 969 en 2015. L'appellation Chablis est celle qui a le plus souffert avec un volume total de 134 362 hl, tandis qu'en 2015 celui-ci était de 211 760 hl. Pour les premiers crus, la perte s'élève à un peu plus de 10 000 hl : 32 931 en 2016 contre 43 119 l'année précédente. Enfin, en grands crus, le volume revendiqué pour la dernière récolte est de 3 658 hl. Il était de 4 214 hl pour le millésime 2015.

Le Volume Compensatoire Individuel a pleinement joué son rôle cette année. Ce système de mise en réserve très encadré permet aux producteurs qui l'utilisent d'avoir un volume individuel disponible pouvant être utilisé en cas de récolte déficiente. « C'est un outil de régulation des volumes mis sur le marché, qui évite une offre des vins de Chablis en dent de scie et qui permet de maîtriser les prix, tout en sécurisant la viabilité des exploitations viticoles », précise le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne de Chablis.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Mer 29 Mars 2017 19:30

Alex,

Ce volume compensatoire individuel me pose question:
http://www.syndicat-cotesdurhone.com/bi ... -page.html
Il y a cet article que je ne sais pas mettre en lien:
29 juin 2016 - Volume Complémentaire Individuel (VCI) - Evolution de la doctrine du Comité national AOC Vins. Lors de sa dernière séance le 8 juin 2016,
et ce lien vers le SĂ©nat:
https://www.senat.fr/questions/base/201 ... 15404.html
Bien cordialement,
Thierry Debaisieux
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Jeu 6 Avr 2017 12:57

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Millésime 2016 : Puligny met les bouchées doubles !
Nos dégustations du millésime 2016 se poursuivent. A Puligny-Montrachet (21), les vignerons ont sorti un camion frigorifique pour conserver les échantillons dans de bonnes conditions...



"Quelle drôle d'idée d'illustrer un article sur bourgogneaujourdhui.com avec un camion frigorifique!", allez-vous sans doute penser. Quelques lignes d'explication.

Nos dégustations des vins en cours d'élevage du millésime 2016 ont débuté le 8 mars dernier par les Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée et Côte de Nuits Villages et elles se termineront le 13 avril prochain à Chablis. Un long marathon en 14 étapes, au cours duquel les 2 000 échantillons (une estimation...) dégustés nous permettront de vous livrer notre premier sentiment sur ce millésime de tous les extrêmes (pluie au printemps, sécheresse estivale, grêle, gel, rendements ridicules ou excessifs...) et de vous donner déjà quelques conseils d'achat. Compte-tenu de l'état actuel du marché des vins de Bourgogne, marqué globalement par la pénurie, mieux vaut parfois ne pas trainer pour faire ses réservations.

Chaque année, nos dégustations du "nouveau millésime" ont lieu dans les villages et elles sont organisées par les vignerons. Plusieurs villages sont généralement regroupés dans une même dégustation et l'organisation tourne d'un village à l'autre. Nous en arrivons au camion frigorifique... En 2016, les vins du millésime 2015 avaient été dégustés à Chassagne-Montrachet dans des conditions de températures très "limites" pour des vins blancs. C'était au tour de Puligny-Montrachet cette année et François Carillon n'a pas hésité à amener le fourgon frigorifique de son domaine, un fourgon qu'il utilise notamment pour rafraîchir la vendange et/ou faire des livraisons, pour stocker les bouteilles déposées le 28 mars dernier au matin par les vignerons et négociants et dégustées dès l'après-midi à la salle des fêtes de Puligny. Résultat des vins stockés à 12 degrés et dégustés dans des conditions optimales par les oenologues, courtiers, amateurs... invités par Bourgogne Aujourd'hui. Profitons-en au passage pour remercier l'ensemble des vignerons organisateurs de nos dégustations ; dans l'écrasante majorité des cas ils font très bien les choses pour que nos dégustateurs puissent déguster leurs vins dans d'excellentes conditions et juger correctement les vins.

Et le millésime 2016 dans tout cela ? Il nous reste encore 4 dégustations importantes à faire et tous nos commentaires seront publiés dans notre numéro de juillet-août. Une piste néanmoins. Dégustation après dégustation, il apparait de plus en plus clairement que ce sont les secteurs épargnés par le gel et la grêle qui ont le mieux tirés leur épingle du jeu avec parfois même de grandes réussites...

Christophe Tupinier



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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Jeu 6 Avr 2017 13:02

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[PRIMEURS] Lagrange : 2016, millésime « à la signature classique et moderne »
A la direction du 3e grand cru classé de Saint-Julien, Matthieu Bordes est ébloui par cet inédit millésime aux très beaux cabernets. Explications.




Dans la pure tradition médocaine, l’assemblage de château Lagrange est traditionnellement dominé par le cabernet sauvignon. Et 2016 ne fait pas exception à la règle, avec 70% de l’assemblage en cabernet. « Sur les cabernets, comme sur les autres cépages, en 2016, le poids des baies était le plus petit qu’on ait eu de tous les temps. Les raisins étaient excessivement concentrés avec des peaux très épaisses, riches en polyphénols. » Ces beaux cabernets ont-il induit un millésime à la signature classique médocaine ? « Oui, mais c’est un millésime classique moderne. On a obtenu des vins concentrés, mûrs mais très soyeux à la fois. Ce n’est pas une concentration puissante mais austère comme on pouvait l’avoir sur les 2010, avec des vins imbuvables jeunes. Les 2016 ont la puissance, mais des tanins beaucoup plus enrobés, avec une accessibilité et une buvabilité plus précoces. Ce n’est pas non plus un millésime classique « old school » comme par exemple 1996, grand millésime des années 1990, qui, quand on goûte aujourd’hui a une fraîcheur parfois un peu végétale. En 2016, il y a de l’acidité, de la fraîcheur, mais aussi beaucoup de rondeur et de maturité, sans arômes végétaux. Ca sent le cassis, la cerise, c’est poivré, réglissé, c’est très joli. Cette année, c’est très grand, je ne peux pas encore définir si c’est mieux que 2010, mais on est sur ces niveaux-là. Sur les trente dernières années, on est dans le top 2 ou 3 des millésimes. »


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Messagepar Lalex » Jeu 6 Avr 2017 13:04

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[PRIMEURS] Alexander Van Beek : Giscours 2016, « l’harmonie parfaite »
Officiant au sein du 3e grand cru classé de Margaux depuis 1995, le directeur général a le recul nécessaire pour jauger ce 2016. Son ressenti.




2016, plus grand millésime jamais vinifié par Giscours ? « C’est l’un des meilleurs millésimes qu’on ait faits. Ce 2016 est magique, il combine pureté, précision, et magnifique fraîcheur. Il a une énergie remarquable. Il est complet sans avoir rien de trop. Il allie le meilleur des deux mondes : la gourmandise avec une magnifique maturité sur les fruits, et le côté frais et énergétique par son acidité très vive. » Un millésime inédit parmi les 21 qu’a déjà vu naître Alexander Van Beek. « C’est un personnage très différent. Il est entre le 2009 et 2010. Comme en 2010, on a beaucoup de cabernet sauvignon, avec 81 % dans l’assemblage. On n’en a jamais utilisé autant. Mais en 2016 il y a en plus ce côté très généreux, là où les 2010 sont plus intellectuels, classiques. Dans le 2016, il y a cette gourmandise que l’on retrouve plus dans des millésimes chauds comme 2009 ou 2005, avec ce côté très franc en début de bouche. Ce sont des vins qui ont déjà une ouverture étonnante. Dès à présent le vin chante et danse ! Et par son niveau d’acidité il a une énorme vie devant lui, ça va être très intéressant de le voir évoluer. »


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Messagepar Lalex » Jeu 6 Avr 2017 13:10

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Pauillac : Haut-Batailley racheté par la famille Cazes (Lynch-Bages)
Fin mars, la famille Borie annonçait la vente du château Haut-Batailley à la famille Cazes. Un changement de propriétaire rare dans l’univers des crus classés, qui plus est à Pauillac.




Propriété de la famille Borie (Grand-Puy Lacoste) depuis 1930; le Château-Haut-Batailley, cinquième cru classé en 1855 à Pauillac vient d’être racheté par la famille Cazes. Déjà propriétaire de Lynch-Bages (également cinquième cru classé de Pauillac), la famille médocaine étend encore son patrimoine viticole qui compte également Les Ormes de Pez (à Saint-Estèphe) et des domaines à Châteauneuf-du-Pape, dans le Languedoc et au Portugal.

Jean-Charles Cazes, directeur général du groupe familial se félicite de l’acquisition de ce « vignoble clé en main ». En effet, François-Xavier Borie avait investi dans un cuvier neuf en 2004, et l’âge moyen des vignes (35 ans) permet d’élaborer un superbe pauillac. Pour l’heure, 22 hectares sur les 40 de la propriété sont cultivés avec une majorité de cabernet-sauvignon (70%), de merlot (25%) et de cabernet-franc (5%). Le montant de la transaction n’a pas été divulgué mais dans une appellation où les changements de propriétaires sont extrêmement rares, l’hectare de vignes s’élève généralement à plus 2 millions d’euros. Ce qui fait de Pauillac une des appellations les plus chères de Bordeaux…et de France.

Bien que les investisseurs asiatiques et américains aient été nombreux à se montrer intéressés par le rachat de ce château légendaire, cette affaire restera entre les mains d’une famille pauillacaise. Acheteur et vendeur se connaissant depuis quelques décennies, le facteur familial a visiblement été déterminant lors de la transaction. François-Xavier Borie cède donc le Château Haut-Batailley à Jean-Charles Cazes, afin de se concentrer désormais sur la gestion de sa propriété Grand-Puy Lacoste, elle aussi Grand Cru Classé 1855 à Pauillac.

Véritable ambassadrice des vins bordelais de par le monde, la famille Cazes a affiché ses ambitions pour Haut-Batailley. Celui-ci ne sera pas avalé par Lynch-Bages dont la réputation n’est plus à faire. Bien au contraire, l’idée est de poursuivre la croissance qualitative de Haut-Batailley et de son second vin la Tour d’Aspic. Jean-Charles Cazes souhaite également étendre le domaine pour augmenter à terme la production de 120 000 et 140 000 bouteilles.


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Messagepar Lalex » Jeu 6 Avr 2017 14:22

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Millésime 2016
Château Latour se convertit intégralement au bio
Premier des premiers grands crus classés en 1855 à enclencher la certification intégrale de son vignoble, la propriété de François Pinault se penche aussi sur des essais en biodynamie à grande échelle.



« En 2018, le château Latour sera intégralement certifié bio » annonce, comme une évidence, Hélène Genin, la directrice technique du premier grand cru classé en 1855 de Pauillac. Lancé pour le millésime 2016, ce processus de conversion se déploie sur rien de moins que les 90 hectares de la propriété. Avant d’arriver à ce pallier, Latour a procédé étape par étape, les premiers essais ayant été lancés en 2008. « On a commencé par les parcelles les plus vigoureuses, en se disant que si on y arrivait sur ces terroirs, le plus difficile serait fait » se rappelle la technicienne. Remontant le plateau, les parcelles en bio se sont progressivement étendues. Arrivant en 2015 sur les 42 ha de l’Enclos, puis à l’intégralité du domaine l'an dernier.

La foi des convertis

Venant grossir le rang des crus classés bio du Médoc, cette certification annoncée devrait accélérer le mouvement de conversion initié ces dernières années. S’inscrivant dans une dynamique forte, cette conversion emblématique répond à une demande expresse du milliardaire François Pinault, dont on reconnaît la stratégie disruptive. « Notre propriétaire nous suit pour le passage en bio comme pour la sortie des primeurs*. Il estime que l’on se doit de le faire, que cela va de soi » rapporte Hélène Genin.

Il faut préciser que cette décision s’appuie sur des résultats techniques solides. Ayant demandé des investissements en main-d’œuvre et matériels de traitement, le passage en bio n’aurait entraîné aucune perte de rendement massive (le travail du sol étant historique à Latour). La baisse de productivité des derniers millésimes serait plutôt liée à un vignoble vieillissant (un plan d’arrachage et de renouvellement est d’ailleurs en lancement).

Pas de label sur l’étiquette

Si la conversion à la bio marque un tournant stratégique pour Latour, il n’est pas prévu de mentionner la certification sur ses étiquettes. Malgré l’injonction réglementaire d’apposer le logo européen sur tout emballage de produit bio. « Cela a été débattu en conseil de gérance, mais la communication sera limitée au site internet » évacue Hélène Genin.



* : Annoncée en 2013, la sortie du château Latour du système des primeurs n’empêche pas la propriété de présenter à la dégustation son dernier millésime. Son premier vin 2012 est actuellement mis sur le marché, avec de nouvelles sorties des millésimes 2011 et 2005.



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Messagepar Lalex » Ven 7 Avr 2017 20:46

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Primeurs de Bordeaux : le millésime 2016 est jugé très prometteur
Robe sombre, vin fruité, équilibré avec une belle acidité, tannins d'une grande élégance et longueur en bouche : les professionnels du monde entier, venus en grand nombre cette semaine à Bordeaux pour les primeurs, s'accordent à trouver le millésime 2016 "excellent" et espèrent des grands crus à prix "raisonnables".




Éternel inconnu de cette semaine des primeurs de Bordeaux, lorsque les vins non-finis sont goûtés et notés par des professionnels, les prix de ces vins en cours d'élevage, livrés 18 à 24 mois plus tard, seront fixés entre fin avril et juin par les 300 à 400 châteaux concernés par ces primeurs sur 6.000 domaines bordelais. Ce système, unique au monde, permet aux propriétés d'avoir de la trésorerie et aux acheteurs de faire, en principe, des économies.

En attendant, une chose est sûre à en croire négociants et propriétaires durant les dégustations : les prix augmenteront en raison de la qualité du millésime, homogène dans toutes les appellations, aussi bien à Margaux qu'à Saint-Emilion. Certains, comme l'a déjà fait Château Guiraud à Sauternes, conserveront le même prix que le très bon millésime 2015.

"Des hausses modérées seraient acceptées. Entre 0 et 10%, on a la quasi-certitude que cela fonctionne. Au-delà, ça dépend du cru", estime Philibert Perrin du Château Carbonnieux à Léognan.

LES CRUS LES PLUS À LA MODE SERONT ENCLINS À AUGMENTER LEURS PRIX"

"Pour les grands millésimes, les acheteurs sont au rendez-vous en général. Il y a une demande française, internationale, importante. Les gens sont prêts à faire un peu de sacrifice", renchérit le négociant et propriétaire Philippe Castéja, également président du Conseil des grands crus classés en 1855. "Il y a des gens qui n'ont pas fait de hausse importante en 2015, ils en feront cette année", nuance-t-il, soulignant que les crus les plus à la mode seront enclins à augmenter leurs prix.

La difficulté de vendre un deuxième bon millésime consécutif et de beaux volumes à écouler devraient cependant calmer les ardeurs. D'autant plus que le spectre des millésimes 2009/2010 plane au-dessus du Bordelais avec une flambée des prix qui avait occasionné de lourdes pertes et une mauvaise réputation. Les ventes en primeurs, un volume faible par rapport à l'ensemble de la production, étaient passées de 15% en 2009 à seulement 1,5% en 2015, selon le site en ligne spécialisé britannique Liv-ex.

"On n'est pas dans un vent de folie comme on a connu sur le millésime 2010. Il y a une obligation d'être raisonnable (...) mais il y en a toujours qui vont se décaler un peu", estime Olivier Bernard, président de l'Union des grands crus de Bordeaux qui organise ces primeurs. "95% des grands crus se vendront à bon prix", prédit-il.

"JE VENDS 95% DE MA RÉCOLTE EN UN OU DEUX JOURS"

Si les châteaux les plus importants sortent des prix élevés, les autres suivront le mouvement: "J'aurais tendance à ne pas monter beaucoup mes prix mais il faut que je m'ajuste aux autres", explique Claire Villars-Lurton, propriétaire du Château Ferrière à Margaux. "Les primeurs, c'est fondamental. Je vends 95% de ma récolte en un ou deux jours. Si les prix sont justes, en deux heures", constate-t-elle. Ce qui en fait "le meilleur réseau de distribution au monde", "une toile d'araignée qui s'étend à 170 pays", développe Caroline Frey, propriétaire-oenologue au Château La Lagune à Ludon-Médoc.

Pour preuve, plus de 6.000 négociants, courtiers ou importateurs étrangers, sont venus bien plus nombreux que l'année dernière, Chinois en tête mais aussi les Américains, loin d'être inquiets des menaces protectionnistes de Donald Trump: "Je ne pense pas que ça arrivera", estime Donald Howes. Cet acheteur américain a cependant une certitude sur les Bordeaux 2016: les prix "vont être plus chers".

Cette hausse annoncée ne fait pas les affaires des Britanniques, quatrième marché pour les vins de Bordeaux, qui pourraient subir une double peine avec la baisse de la livre par rapport à l'euro, conséquence du Brexit.

Anthony Hanson, importateur à Londres, pense qu'"il ne faut pas dépasser les prix de l'année dernière". "Si le prix est trop élevé, nous allons laisser le vin aux châteaux et négociants. Ils le stockent et nous reviendrons dans deux ou trois ans en attendant que ça devienne plus doux, plus buvable", conclut-il avec flegme.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Lun 10 Avr 2017 20:35

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Paroles de Chefs | Alain Dutournier : « Dès tout petit, je n’ai jamais été condamné à l’eau »
C’était l’un des événements de la semaine des Primeurs qui vient de s’achever à Bordeaux. De lundi à jeudi, le château La Dominique (Cru Classé de Saint-Emilion), Les Clés de Châteaux (l’ensemble des vins vinifiés par l’équipe de Dany et Michel Rolland) et le restaurant La Terrasse Rouge ont invité quatre chefs de prestige à présenter un « plat signature » aux nombreux visiteurs de passage dans le vignoble bordelais. Aujourd’hui : entretien avec Alain Dutournier, qui était présent jeudi avec sa recette de « rouget barbet, moelle de bœuf en millefeuille de chou tendre ».






Il avait la lourde charge de clôturer une semaine de papilles dans les étoiles. Ce n’est pas ça qui va effrayer le grand chef Alain Dutournier. Après avoir ouvert à Paris son premier restaurant « Le Trou Gascon » à tout juste 24 ans en 1973, il est aussi aujourd’hui à la tête de l’étoilé « Le Carré des Feuillants** », ainsi que du restaurant « Mangetout ». Passionné et fin connaisseur de vins, amoureux des crus avec la personnalité de leur terroir et de leur auteur, il est également à la tête des Caves Marly, dans les Yvelines.



Pourquoi avoir accepté cette invitation à investir les cuisines de La Dominique le temps d’un plat, en pleine effervescence des Primeurs ?
J’ai la chance d’être ami de longue date avec Dany et Michel Rolland. Dans les années 1970, Michel n’était pas encore consultant sur la planète, beaucoup de gens dans les vignobles démarraient une histoire, Bordeaux sortait d’un marasme avec des vins à des prix très bas, plein de gens voulaient faire le renouveau, par exemple Jean-Michel Cazes à Pauillac. On était toute une bande du sud-ouest, avec Jean-Pierre Xiradakis, Jean-Marie Amat, soucieux de défendre les produits de la région. Et pareil sur le vin. Michel, ça a été un sésame pour nous, il nous a ouvert beaucoup de portes pour entrer dans des châteaux où des petits cuisiniers ou restaurateurs comme nous n’auraient jamais été reçus. On a appris et goûté beaucoup de choses grâce à lui. Alors quand Michel et Dany m’ont dit qu’ils faisaient quelque chose ici – et je sais que ce qu’ils font, c’est très pointu -, j’ai dit : « je serai là! »

Que pensez-vous de l’écrin qui accueille ces « Primeurs étoilés », le château La Dominique ?
Je suis déjà venu ici l’an dernier au printemps. Je connaissais La Dominique car j’en ai eu et j’en ai sur mes cartes. Quand je suis arrivé, je savais que Jean Nouvel avait œuvré sur la propriété. Le lieu m’a énormément plu. Quand on monte sur la terrasse, on voit Pomerol et Saint-Emilion à la ronde, c’est un endroit magique ! Avoir gardé la façade historique, avec à côté cette cuverie habillée de dalles rouges rappelant le jus de raisin, avec le soleil qui travaille dessus, ça m’amuse. Et ces billes en verre sur la terrasse, on dirait la grume du raisin qui arrive dans un endroit où on a envie de presser le raisin. C’est très malin. Le lieu et le vin m’ont d’ailleurs inspiré dans la création du plat. Il n’y a qu’à voir la couleur rouge de la sauce!

Justement, pour votre plat, vous avez choisi de jouer la carte de l’accord poisson-vin rouge, du château La Dominique (2012 en magnum et 2008 en bouteille). C’était audacieux. Comment vous est venue cette idée ?
Je n’ai pas demandé, mais je me suis dit que les trois chefs qui venaient avant moi auraient tous fait de la volaille ou de la viande. Avec du vin rouge, c’est normal. J’avais envie de tenter de faire quelque chose avec du poisson frais. Je suis plutôt adepte d’accorder une sole meunière avec un Mâcon ou un vin blanc, pas avec du rouge. Il y a très peu de poissons avec lesquels on peut boire du rouge, à part l’anguille, la lamproie, le thon, et le rouget, qui méritent un vin rouge atlantique avec une belle acidité. Je ne vois pas un vin du Rhône ou de Bourgogne. Je trouvais ce plat amusant, la moelle de bœuf étant le liant entre le poisson et le chou. En sauce, le vin a été réduit très lentement pour conserver le goût. Après, j’ai accommodé d’oignons de printemps, avec un peu de gingembre pour la fraîcheur, et avec de l’ail frit pour créer des petites chips d’ail. Gustativement, avec ce plat, je me régale avec un peu de merlot et de cabernet!


Vous êtes de passage dans le vignoble bordelais. C’est l’occasion de vous demander : quelle image avez-vous des vins de Bordeaux ?
J’ai la chance et je me la suis donnée, de goûter et de boire beaucoup de vieux vins de Bordeaux dans ma vie. A côté de ça, je trouve que depuis quatre ou cinq ans, il y a un renouveau à Bordeaux. Il y avait eu une tendance à l’uniformisation. Certaines régions ou terroirs bordelais étaient à l’abandon et quand ils ont été repris, tout le monde faisait la même chose, le même style. Là, on revient à plus de sagesse, on redonne la personnalisation au terroir, je trouve ça important. Quand je pense à la médiocrité passée de l’appellation Margaux… Aujourd’hui, il y a notamment des crus bourgeois qui sont superbement bien faits et personnalisés. Les vins ont retrouvé une identité. A Pomerol et Saint-Emilion, fort heureusement, beaucoup ont levé le pied sur la confiture. Je vous donne l’exemple de deux vins qui me font rêver actuellement à Saint-Emilion : Tertre-Roteboeuf et Larcis-Ducasse.

Vous rappelez-vous de votre tout premier souvenir de dégustation ?
On ne m’a jamais posé cette question ! Vous savez, je suis né dans une auberge où on servait le vin de notre vigne. Dès tout petit, je n’ai jamais été condamné à l’eau ! On a toujours senti et goûté le vin. Bien sûr, on n’en buvait pas des quantités. Je pense que ma première « pompette », c’était avec deux copains de mon village avec qui je suis toujours très ami. On avait environ cinq ans. On nous avait missionnés pour mettre les bouteilles de vin au frais pendant les vendanges. On rajoutait de l’eau dans les bouteilles, car on avait fait plus que goûter ! On était rôtis tous les trois, on zigzagait un peu!

Quelle est votre relation au vin et à la dégustation aujourd’hui ?
C’est un esclavage quasiment ! Presque une torture. J’aime goûter le vin pour goûter du vin. Il y a beaucoup de super dégustations organisées à Paris. Je suis parfois invité, mais je n’y vais plus. J’ai besoin de prendre mon petit carnet, de me mettre mes repères, des notes. J’ai des carnets entiers de dégustation. Mais à Paris, je ne peux pas goûter tranquillement, je suis perpétuellement interrompu et sollicité par les gens. Or, je ne veux pas parler quand je goûte. Du coup, ça me frustre de ne plus y aller car c’est une chance d’avoir dans un même endroit par exemple 50 vins à goûter ! Pour mes établissements, je gère au quotidien La Cave Marly avec 1500 références, le Carré des Feuillants** avec 3500 références à la vente, le Trou Gascon avec un millier de références et notre restaurant plus modeste avec 200 références. Je suis tout le temps en train d’acheter du vin avec mon assistante, de voir ce que je peux amener ou supprimer. Tous les jours de ma vie, le vin est là, je goûte des vins (et je recrache), et je bois de l’eau. Par contre, si après mon boulot, je sors avec des amis, je ne bois pas d’eau. Et je ne crache pas !

Si vous deviez choisir un vin iconique qui vous a fait vibrer plus que tout autre, ce serait…
On peut idéaliser un vieux millésime. Je peux vous dire Margaux 1900, ou Romanée-Conti 1934 qui est sublime. Je peux vous donner X vins comme ça. C’est marrant, en 2000, Europe 1 m’avait demandé quelles étaient les douze bouteilles que j’aimerais avoir du siècle passé. Bernard Pivot, que je connais bien, avait été lui aussi interviewé de son côté. On a donné douze bouteilles identiques en France, sans se concerter. Il faut dire qu’il y a des vins références, par exemple La Chapelle de Jaboulet en 1961 c’était très grand, Cheval Blanc 1947 c’est un monstre, Mouton 1945 c’est superbe, un Latour 61… Mais si je devais choisir un seul, un qui enterre tout, je prends Yquem 1937 avec sa magnifique couleur café.

Vous évoquez tous ces beaux flacons qui font rêver. Et dans la cave personnelle d’Alain Dutournier, qu’est-ce qu’on trouve ?
C’est très éclectique. On peut trouver des vieux gewurztraminers, des Klein Constantia d’Afrique du sud mais avant 1987 quand ils n’étaient pas aussi modernes que maintenant, des vins du Murfatlar de Roumanie botrytisés volés à Ceaușescu… J’ai toujours une série de bordeaux 1928, 1945, 1959, et 1961, et aussi des vins plus récents. J’aime également les grands crus de Chablis, les chenins de Loire. J’adore les vins blancs de Provence, il y en a peu mais ceux qui sont bien faits sont énormes, les Cassis, à Palette le château Simone, en faire vieillir est un de mes grands plaisirs. J’aimais les vieux Laville Haut-Brion, et les vieux Malartic-Lagravière en Graves blancs. J’ai aussi beaucoup de rouges de la Côte de Nuits, ce sont des vignerons qui me touchent.

Vous nourrissez à l’évidence une passion pour les vins de Bordeaux. Ressentez-vous encore le Bordeaux bashing dans vos restaurants ?
Ce n’est pas du Bordeaux bashing, c’est presque de l’oubli. Pour moi, c’est le plus grand des mépris.
J’ai une carte très éclectique, j’ai une grande quantité de Rhône sud et nord, Côtes de Nuits, Côtes de Beaune. Sur les 3500 références, je dois avoir 700 ou 800 bordeaux rouges au moins. Ces bordeaux, moi je les connais, je les ai choisis. Mais j’ai une clientèle relativement jeune, et la tendance pour les 35-45 ans, c’est la Bourgogne et le Rhône. Ça va sûrement changer car les bourgognes augmentent tous de 30 à 40%. Bordeaux est le parent pauvre actuellement. C’est dommage, car à Bordeaux, il y a plein de vins très bons et très accessibles. Le choc ça a été les 60 idiots qui ont eu la bêtise de blinder les prix outre-mesure.

Selon vous, un vinificateur pense-t-il la confection de ses vins comme un restaurateur celle de ses plats ?
D’abord, je pense que le vin est une source d’inspiration pour la cuisine. Moi, c’est parfois en buvant un vin que j’ai envie de faire un plat. Ensuite, je reste convaincu que le vin doit être personnalisé. Il doit avoir le goût d’où il vient et la gueule du mec qui l’a fait. C’est fondamental. Derrière un nom de vin, on voit de suite si c’est impersonnel, même si c’est très bien fait. Si on voit qu’il n’y a pas d’histoire derrière, ça sonne creux. La cuisine c’est pareil. Vous allez dans un très bon restaurant, vous dites « on a bien mangé ». On vous demande : « qu’est-ce que tu as mangé? » Et vous répondez : « je ne me souviens plus, mais c’était sympa, c’était joli, c’était bon, c’était bien, on a passé une bonne soirée, j’étais avec des amis. » Or, quand on mange une cuisine avec une signature, on s’en rappelle, parce qu’il y a quelque chose de positivement différent. Dans le vin, c’est la même chose. Je prends un exemple : j’étais à une dégustation de Derenoncourt à Paris il y a 4 ou 5 ans. Ce qui m’a énormément touché, c’est que j’ai goûté une vingtaine de vins de Saint-Emilion et de ses satellites qu’il conseillait, et j’ai dégusté vingt vins du même millésime totalement différents. Et ça, ça me fait plaisir !


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Messagepar Thierry Debaisieux » Lun 10 Avr 2017 21:29

Merci, Alex.

J'ai lu cet article avec plaisir.
J'ai toujours eu beaucoup de respect pour Alain Dutournier et de plaisir à aller manger, malheureusement trop rarement, au Carré des Feuillants, un lieu de Grande Gastronomie qui est également un Temple du Dieu Vin.
Bien cordialement,
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Mar 11 Avr 2017 19:20

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Champagne Larmandier-Bernier : voyage en terre de Vertus
Lors d’un voyage en Champagne, Larmandier-Bernier a accepté de recevoir Pierre, l’un des membres de notre équipe et son club de dégustation. L’occasion d’y découvrir les formidables expressions des grands crus et premiers crus de la côte des Blancs. Plongée à Vertus pour y déguster ces champagnes blancs ciselés et biodynamiques.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Mar 11 Avr 2017 19:32

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Journal des primeurs 9 : "Parker a fait perdre 10 ans Ă  Bordeaux !"
L'arrêt des "notes" du dégustateur américain a fortement influencé le goût et la structure des vins de 2016… Est-ce la fin du Bordeaux bashing ?
Par Jacques Dupont





« Ah vous dirais-je maman
Ă€ quoi nous passons le temps
Avec mon cousin Eugène… »


Petite chanson grivoise des années microsillon interprétée par Colette Renard. Une jeune fille en vacances et faussement naïve raconte à sa mère le « jeu très amusant » inventé par ce « phénomène » d'Eugène. Et parfois, on peut être tenté de faire des rapprochements, d'opérer un plaisant glissement en transférant à Robert Parker le rôle d'Eugène et à certains propriétaires bordelais celui de l'ingénue cousine. C'en est même amusant de les entendre nous conter comment, enfin « débarrassés » d'Eugène-Robert, ils découvrent que ce dernier, à l'insu de leur plein gré, leur a imposé un style de vin bien éloigné du classique bordelais qui avait autrefois bâti la réputation de ce vignoble. Pauvre cousine, malheureux propriétaires, accablés négociants qui ne savaient pas que l'on abusait de leur bonne foi !

Évitons cependant les généralisations hâtives comme celles dont usa l'an passé, à propos des journalistes qui ne partageaient pas son avis sur le millésime 2015, un œnologue célèbre, d'ordinaire calme et souriant : « On est dans un monde sans couilles, on vit avec des sans-couilles. Point à la ligne. » Une telle affirmation, même si l'on ne mesure pas assez les effets pervers des perturbateurs endocriniens, aurait mérité vérifications et observations sur le terrain. Oui, évitons les généralisations. Tout le monde, doté de cojones ou pas, n'a pas suivi la mode Parker et, parmi ceux qui l'ont fait, tous ne renient pas l'apport de celui-ci au commerce du vin de Bordeaux. Encore moins, ce propriétaire médocain qui nous a offert le titre de de cet article et qui n'a jamais cédé aux charmes des sirènes parkeriennes. Certes, avec le millésime 2016 – et c'en était déjà l'amorce avec le 2015 –, une page semble bel et bien tournée : celles des vins « trop, plus ou sur… » Sur maturité, sur extraction, plus d'alcool, trop de boisé envahissant...

Les vins « lourds comme des bouteilles de butane », comme dit le poète d'Astaffort, disparaissent aussi vite de nos paillasses de dégustation qu'un jeu de cartes dans la main de David Copperfield. Des monstres qui, encore en 2014, nous agressaient la bouche à coups de tanins atomiques et de boisé à rendre jalouse la maison Lapeyre sont devenus de gentils minous-calinous, caressants et fruités. Le changement est vraiment étourdissant. Nous ne citerons pas de nom, mais quelle surprise quand après nos dégustations nous découvrons dans la liste que nous remet le (ou la) responsable de l'appellation les noms de ceux que nous avons qualifiés de frais et élégants… Que sont nos patapoufs devenus, que nous avions de si près tenus ?* « Par chance, on vient à des choses plus simples, plus pures car ça lasse, ces vins boisés. Le très extrait, les vins confiturés étaient d'un abord plus facile et on avait construit une machine de guerre autour de ces vins, avec Parker qui aimait ces vins très riches, très épais », déclarait dans le spécial vin du Point en septembre 2016 Nicolas Vivas, technicien, chercheur, spécialiste du rapport entre vin et barriques.

C'est surtout sur la rive droite, du côté de saint-émilion et, dans une moindre mesure, pomerol que la tentation du massif fut la plus forte. C'est aussi de ce côté-là que le besoin de notoriété se faisait sentir, plus que dans le Médoc où le classement de 1855 chez les grands a installé durablement les réputations. Nous n'étions pas très nombreux alors à brocarder ou dénoncer un système peu visible du grand public mais transparent sur place et qui revenait à faire obtenir de très fortes notes à des vins essoufflés, fatigués avant l'âge à force de trimballer des kilos en trop (tanins, bois, sucre, gomme arabique pour donner l'illusion de la souplesse, entre autres.) Cela nous valut quelques ruptures et inimitiés, rien de grave, passons.

Faut-il aujourd'hui tout oublier et jeter le Boby avec l'eau du bain ? Nous ne le pensons pas. Robert Parker n'aura pas fait perdre 20 ou 30 ans – ses débuts en Gironde remontent au millésime 1982 –, mais peut-être effectivement 10 ans. Pour le reste, le bilan n'est pas si mauvais que ça. D'un point de vue économique, il a ouvert en grand la porte jusque-là entrebâillée du marché américain. Chacun le sait, inutile d'y revenir. Mais, en dehors des caricatures dont nous fûmes trop souvent accablés en dégustation, cette période a été aussi celle d'une grande accélération technique, notamment dans la recherche de la maturité des raisins.

On ne saurait réduire le rôle de Michel Rolland, l'ami et le bras armé (d'une pipette) de Robert Parker, à celui d'un homme d'affaires avisé obsédé par le micro-bullage (Voir Mondovino, le film de Jonathan Nossiter). Certes, sa proximité avec le critique lui a attiré une part de clientèle qui s'intéressait davantage aux bénéfices qu'elle pourrait tirer en termes de notes et de prix de vente, qu'au fait de le choisir comme œnologue-conseil. Mais il a été aussi celui qui a beaucoup fait progresser la qualité de la « matière première », le raisin. Et de plus jeunes se sont formés à ses côté. Stéphane Derenoncourt, lui aussi consultant vedette et que l'on présente parfois comme un rival, ne cache pas qu'il a beaucoup appris de Michel Rolland.

Bordeaux a progressé, les autres vignobles aussi. Mais ces fameux dix ans l'avaient un peu éloigné de ce qui fait le succès des concurrents. Alors que le consommateur mondial découvre, s'éduque, que la soif de vin n'a de parallèle que celle de savoir, que les amateurs se tournent vers plus de pureté, une partie de Bordeaux, celle dont nous parlions plus haut, s'est entêtée dans une vision balourde du vin, démodée, indigeste. Le discours semblait moderne : « Les gens ne peuvent plus attendre vingt ans pour les déboucher, il nous faut des vins qui, certes, se gardent, mais peuvent aussi se boire jeunes… »

En vérité, le contenu n'y était pas. Les tenants de la ligne Parker comprenaient par « à boire jeunes » des vins vanillés, crémeux, au goût assez international. Tandis que la demande cherchait davantage des rouges avec de la fraîcheur, du caractère, une histoire de terroir à raconter, un bouquet fruité et complexe, et pas du tout les saveurs lactées de la petite enfance. Le grand vigneron et professeur d'œnologie Denis Dubourdieu, disparu l'an passé, nous racontait que Parker venait d'une culture du lait et du bourbon et que cela avait fortement influencé sa vision du vin. N'était-ce qu'une plaisanterie ? On boira encore dans 20 ans les rouges que Denis a faits quand bien d'autres vedettes de ces années 1990 et 2000 auront le « chapeau sur l'oreille », comme on disait naguère des vins séniles.

Une bonne part de ce que l'on appelle le « Bordeaux bashing » trouve son origine (mis à part les prix des très grands) dans cet arrêt de 10 ans en rase campagne américaine. Avec le millésime 2016, tous ceux qui produisaient déjà des vins fins ont persévéré. La grande différence, c'est qu'ils sont cette année rejoint par la très grande majorité des ex-Bibendum et que cet effet de masse produira sans doute son effet sur les acheteurs, les acteurs, et les consommateurs. Bordeaux enclenche désormais, un peu sous la pression, une réflexion, peut-être même très vite une mutation : respect de l'environnement, diminution des traitements, etc. Cela aussi, il était temps, devrait changer l'image.

* « Que sont mes amis devenus
Que nous avions de si près tenus
Et tant aimés »
Ruteboeuf nous pardonnera cet emprunt détourné



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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Mar 11 Avr 2017 21:37

Merci, Alex,

C'est très intéressant pour moi qui, par exemple, en 1990 préfère Cos d'Estournel à Montrose.
Bien cordialement,
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Jeu 13 Avr 2017 10:03

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[ENTRETIEN] Découvertes en Vallée du Rhône : Michel Chapoutier, sans langue de bois
Suite à la conférence de presse tenue hier à Avignon en plein cœur de l’événement « Découvertes en Vallée du Rhône », durant laquelle il a rappelé quelques indicateurs clés pour les vins de la Vallée du Rhône, Michel Chapoutier, président de l’interprofession, a répondu à nos questions. Entretien.







Michel Chapoutier, il y a deux ans pour l’édition 2015 de « Découvertes en Vallée du Rhône », vous étiez fraîchement désigné président d’Inter-Rhône, et vous aviez déclaré : « l’ambition des vins du Rhône, c’est de devenir leader ». Deux ans après, qu’en est-il ?
On est dans la direction. Ce qui prouve qu’on a raison, c’est que certaines parts de marchés à l’export baissent – des marchés d’entrée de gamme principalement. On est en train de les perdre mais il faut l’assumer ; on part du principe que l’on veut une certaine rémunération à l’hectare, et que la qualité coûte cher. Il faut bien comprendre qu’un vigneron qui est pris à la gorge financièrement ne pourra pas faire des investissements dans les vignes, et hausser la qualité ; si l’on veut être dans une démarche de « premiumisation » et consolider nos prix, c’est la voie à suivre. On ne vas pas pleurer si l’on perd certains acheteurs qui veulent acquérir des vins en-dessous de leur prix de revient.

Est-ce que cette problématique ne concerne pas finalement tout le vignoble français, et pas seulement la Vallée du Rhône ? En entrée de gamme on ne pourra jamais gagner contre certains vignobles du Nouveau Monde…
Je ne suis pas d’accord. On pourrait le faire si on voulait, il suffirait qu’on soit plus souple sur les vins sans indication géographique. On voit bien comment on se fait envahir par les Espagnols aujourd’hui. On a abandonné ce créneau « non AOC / non IGP » et on a eu tort. Il eût fallu être professionnel à tous les niveaux, et ne pas négliger ces segments : ce n’est pas parce qu’on aime l’opéra qu’on ne peut pas aimer la disco. Une fois cela dit, je répète que le job des AOC c’est d’être à un certain prix, c’est avant tout une garantie pour le consommateur. Donc nous continuons dans cette voie de premiumisation – on perd certains marchés, certes, mais il faut l’assumer.

Le propre de la Vallée du Rhône c’est aussi d’être un vignoble très étendu, avec des identités fortes et différentes du Nord au Sud. Comment réconcilie-t-on tout cela de façon homogène quand on est président de l’interprofession ?
C’est comme un directeur de palace, qui a son bistrot, son snack et son gastro. C’est de la complémentarité, il faut savoir trouver le juste équilibre, respecter l’histoire et l’identité de chacun. C’est de la politique, aussi.

En parlant de politique… Nous sommes en pleine campagne électorale, le sujet du vin est toujours abordé avec beaucoup de précaution par les différents candidats. On a vu récemment dans « Terre de Vins » Emmanuel Macron s’en empoigner. Pensez-vous qu’ils devraient s’impliquer davantage dans la défense de ce secteur ?
Vous avez tout dit : c’est le fameux « principe de précaution » qui sévit pour tout. C’est la décadence de la société française, ça nous conduit à des absurdités totales (on a vu il y a quelques années les milliards dépensés pour une grande campagne de vaccination…), et au nom de ce principe on fait toutes les conneries imaginables. On a des personnalités qui sont aux manettes et qui prennent des décisions complètement déconnectées des réalités. Ce que j’apprécie chez Macron, c’est qu’il a dit qu’il ferait appel à des gens issus de la société civile. Si vous regardez la plupart des candidats, ils n’ont jamais travaillé en entreprise, ils n’ont jamais mis les mains dans le cambouis, ils n’ont jamais géré la notion de risque, de prise de décision avec des conséquences lourdes. Dans le vignoble, il n’y a que des chefs d’entreprise, des gens qui se frottent au réel, qui paient des charges lourdes, qui ont du mal à trouver du personnel, ou alors qui rémunèrent au black, avec des employés qui se trouvent dans la précarité… C’est fou, alors qu’on est dans un secteur économique parmi les plus importants du pays.

Petit retour à l’envoyeur : on sent bien dans vos prises de paroles, comme tout à l’heure en conférence, que vous aimez bien tacler Bordeaux, faire des allusions au climat océanique ou aux méthodes de communication bordelaise. C’est de l’amour vache ou juste de la provoc ?
La vérité c’est que j’adore Bordeaux ! Ce sont les vins que j’ai le plus dans ma cave. Ils ont un négoce intelligent, ultra performant, avec un vrai partage de la marge, une forte économie, c’est une vraie région viticole qui est fière de son vin. Alors c’est vrai que j’aime bien les taquiner, d’autant qu’aujourd’hui il me semble que nos cépages sont plus « à la mode » que les cépages bordelais, mais c’est un exemple à suivre, je ne suis pas du tout dans le Bordeaux Bashing.

Pour conclure, alors que nous sommes à mi-chemin de cette 9ème édition de « Découvertes en Vallée du Rhône », quel bilan tirez-vous pour le moment ?
Pour nous c’est le plus beau succès depuis la création de l’événement. Il y a une affluence plus importante qu’attendue, un visitorat très attendu, on a la chance de pouvoir présenter de beaux millésimes comme 2015 et 2016… A nous maintenant de poursuivre sur cette lancée et de transformer l’essai.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Ven 14 Avr 2017 08:29

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Découvertes en Vallée du Rhône : aux quatre coins de Cornas
Pour le troisième jour de sa 9ème édition, le salon professionnel Découvertes en Vallée du Rhône posait aujourd’hui ses cartons et ses bouteilles à Tain l’Hermitage, pour la mise à l’honneur de plusieurs appellations du Rhône septentrional. Parmi elles, Cornas. Gros plan sur quatre figures, nouvelles ou bien installées.


Enclavée entre Saint-Péray et Saint-Joseph sur la rive droite du Rhône, à quelques encablures de Valence, la petite appellation Cornas (131 hectares en production, 100% rouge, majoritairement sur terroirs granitiques) a longtemps eu la réputation de produire des vins noirs, intenses et charpentés – le nom « Cornas » viendrait lui-même du Celte « Terre brûlée ». Ou du moins, pas parmi les plus fins ou distingués de la Vallée du Rhône Nord. Il est peut-être temps de balayer les vieux clichés. Regardons-y de plus près.





Guillaume Gilles, jeunesse oblige
Arrêtons-nous d’abord chez Guillaume Gilles, 39 ans, l’une des « jeunes pousses » de l’appellation. « Déjà tout gamin, je me voyais vigneron », explique-t-il. « Mon grand-père avait 50 ares de vignes à Cornas, il faisait son propre vin, qu’il mettait en bouteilles. Mon père n’avais pas voulu perpétuer ça… En grandissant je me suis cherché un peu, j’ai envisagé l’œnologie, je me suis un peu égaré à la fac, puis un jour coup de bol à 22 ans, je prends connaissance d’une formation en alternance à Tournon, qui se déroulait chez le vigneron Robert Michel. Cela a été le déclic. Ensuite j’ai fait un peu d’alternance chez Jean-Louis Chave jusqu’en 2007. J’ai beaucoup appris au contact de ces deux vignerons. Entre-temps, j’ai repris le demi-hectare de mon grand-père puis j’ai fait mon premier millésime en propre en 2002. Quand Robert Michel a pris sa retraite, il ma proposé de reprendre ses 2,5 ha. Aujourd’hui je gère 5 ha, dont 3,5 en Cornas (le reste en gamay au début du plateau ardéchois, et des cépages blancs plantés en 2014) ». Pour ce qui est de la philosophie à la vigne comme en bouteille, Guillaume Gilles revendique « ne rien avoir inventé. Quand on a fait ses classes avec Robert Michel et Jean-Louis Chave, il suffit d’observer. Beaucoup de travail à la vigne, le respect des sols, l’attention, un minimum d’intervention… Robert vinifiait en vendanges entières, ce qui permet de donner fraîcheur et équilibre à Cornas, à condition d’avoir de bonnes maturités et de maîtriser la vigueur. On a un terroir principalement granitique mais alcalin, qui donne des acidités basses, bien qu’il y ait aussi des calcaires, ou des argiles à Chaillot. Cela peut donner beaucoup de richesse et d’extravagance aux vins, c’est pourquoi il faut travailler avec délicatesse ».
La gamme de Guillaume Gilles se décline autour d’une toute nouvelle cuvée, Nouvelle R 2015, une syrah tendue et délicate élevée 12 mois en futs de 400 litres (25 €) ; la cuvée Chaillot 2015, née sur un terroir historique de Cornas, superbement équilibrée entre marière opulente et trame calcaire, saisissante – profil sanguin, plein et savoureux (35 €) ; la même cuvée sur le millésime 2014 se révèle plus tendue, avec une aromatique très signée sur la pivoine, une touche de végétal noble ; enfin, la cuvées Les Peyrouses 2015, une syrah en Vin de France produite sur les vignes historiques du grand-père de Guillaume, est un petit plaisir gourmand et juteux (20 €).



Domaine Lionnet, « Less is More »
C’est un peu en catastrophe – en tout cas plus tôt que prévu – que, suite à la maladie de son père Pierre, Corinne Lionnet doit reprendre en 2001 le domaine familial avec son compagnon Ludovic Yzerable (photo ci-dessus). Ce dernier explique : « ma femme a toujours su qu’elle reprendrait le domaine mais on n’était pas tout à fait préparé à tenir les rênes aussi vite, la transition n’a pas été facile, d’autant qu’on a connu des millésimes compliqués, 2002, 2003. C’est vraiment à partir de 2005 que l’on a commencé à prendre nos repères ». A la tête de 4 hectares de vignes dont 3 en appellation Cornas (un peu de blanc à Saint-Joseph pas encore en production), Corinne et Ludovic ont progressivement amorcé un passage à la viticulture bio, certifié depuis 2009. Baisse des rendements, amélioration de la concentration et de la qualité des jus, volonté de tirer le meilleur de leurs six parcelles disséminées sur quatre lieux-dits (Chaillot, Mazards, Combes, Pied la Vigne)… Le couple a pour leitmotiv d’aller au plus simple : « chaque parcelle est vinifiée et élevée séparément (18 mois en barriques et vieux demi-muids) mais nous avons fait le choix de ne pas avoir de cuvée parcellaire, tout est assemblé en une seule cuvée ». Voici donc « Terre Brûlée » 2015, un vin tendre et savoureux, un cornas tout en soie, avec un toucher de tanins remarquable, porté par une jolie trame acide. Une syrah épicée et distinguée comme on les aime (prix indicatif 30 €).
http://www.domainelionnet.fr



Alain Voge, pour l’Histoire
Véritable institution installée à Cornas depuis plusieurs générations, le domaine Alain Voge se déploie aussi sur Saint-Joseph et Saint-Péray. Alain, qui a rejoint son père dès 1958, a contribué à prendre le virage du bio au début des années 2000, notamment à Saint-Péray. Les vignes de Cornas seront certifiées à partir de 2016, et sont également soumises à des essais en biodynamie. Conduit désormais par Albéric Mazoyer (transfuge de la maison Chapoutier) et son bras droit Lionel Fraisse, le domaine de 13 hectares (dont 7,5 à Cornas) est actuellement à un carrefour de sa déjà longue Histoire, tout en perpétuant le style classique de ses vins qui lui a attiré une base solide d’amateurs. Les Chailles 2015, cuvée « classique » du domaine, est un assemblage de plusieurs lieux, principalement issus de terroirs granitiques en pieds de coteaux, vinification en cuve inox, éraflage, macérations longues, élevage de 18 mois en vieilles barriques. 30 €, c’est une intéressante entrée en matière. Mais c’est sur la cuvée « Vieilles Vignes » que s’exprime vraiment le style du domaine. Une sélection des 4 ou 5 meilleures parcelles de vieux granits, avec des vignes de 60-70 ns,un peu de vendange entière, 20 mois d’élevage… Le 2014 est assez dense et longiligne, sur la finesse, alors que le 2015 s’exprime davantage sur un registre solaire, plein, charnu (45 €).
http://www.alain-voge.com



Pierre Clape, sans grand discours
Impossible de parler Cornas sans faire escale chez Clape. Mains de vignerons et mots parcimonieux, cette figure de l’appellation (5,5 ha de vignes sur terroirs granitiques) n’a plus rien à prouver, il est une référence de l’appellation. Et pourtant il est bien là, derrière son stand, à faire déguster ses derniers millésimes. Pourquoi s’en priver ? Sa cuvée Renaissance 2015 (30 €), issue de jeunes vignes de 12 à 25 ans, élevée 23 mois en foudres (« les élevages en foudres de 1000 litres me permettent une évolution plus lente, une oxydation plus ménagée, ça équilibre le fruit et la structure, ça donne de l’arrondi aux vins »), est une superbe entrée en matière, délicate, fleurie, subtilement poivrée. Mais pour bien découvrir Clape, il faut mettre le nez dans sa cuvée Cornas 2015, encore toute jeune certes et toujours en cours d’élevage (25 mois en foudre), issue de vignes de 40 à 80 en moyenne, certaines centenaires… C’est toute la signature du vigneron qui est là : on est en présence d’un vrai vin fin, délicat, des tanins fermes mais soyeux. Comme un vieux vin qui rajeunirait – le « Benjamin Button » du Cornas, en quelque sorte. A 50 € la bouteille, le voyage se mérite, mais quel voyage…


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Ven 14 Avr 2017 12:09

J'ai eu l'occasion de déguster avec Lionel Fraisse chez Daniel Bécu.
J'ai beaucoup aimé son ouverture d'esprit et son honnêteté intellectuelle.
Il accepte la critique de certaines cuvées de Voge.
Bien cordialement,
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Ven 14 Avr 2017 21:18

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Découvertes en Vallée du Rhône : Côte Rôtie, la syrah grillée au soleil
L'œnologue-conseil Fabien Ozanne animait hier la master class Côte Rôtie dans le cadre de Découvertes en Vallée du Rhône. Retour sur cette belle dégustation.




Une côte cristalline rôtie par le soleil surplombe en terrasse le cours du Rhône. La Côte Rôtie doit son nom au fort ensoleillement de ses coteaux exposés sud-est, entre 180 et 325 mètres d’altitude pouvant être inclinés à plus de 60 degrés. C’est une AOC depuis 1940, en syrah majeure qui peut être complétée par 20% de viognier. Une tradition qui a perduré dans le cahier des charges, due à la complantation. Dans les 307 ha de l’appellation, la syrah à toujours été associée au viognier qui enrichit ses vins en sucres et en alcool, apporte aux rouges rondeur et complexité. « On en retrouve en moyenne 5% dans la majorité des cuvées qui associent les deux cépages, ceux-ci devant être récoltés mais également fermentés ensemble, rappelle Fabien Ozanne (photo ci-dessous), œnologue-conseil et directeur du laboratoire Dioenos Rhône. On récolte en moyenne 12 600 hl par an uniquement en rouge avec un rendement maximum de 42hl/ ha qui en général reste inférieur à 40. Mais la syrah est un peu pénible, peu productive et sensible aux maladies et à la sécheresse ».



Comme Condrieu, le vignoble à d’ailleurs failli disparaître notamment à cause de la première guerre mondiale qui emporte 150 vignerons ; il ne reste qu’une soixantaine d’hectares dans les années 60. La renaissance de l’appellation verra le jour 20 ans plus tard. L’un des cépages les plus riches en polyphénols, est incontestablement un cépage autochtone, enfant de mondeuse blanche et de dureza dont parlait déjà Pline l’Ancien dans ses écrits. Elle a hérité du premier parent l’aromatique qui se développe sur des arômes de cassis, violette, poire et truffe, du deuxième la coloration.
« Sur les 73 lieux-dits de Côte Rôtie, on retrouve parfois plusieurs types de sols, granits, schistes et gneiss, les Rhodaniens étant moins stricts que les Bourguignons dans leur définition, avoue Fabien Ozanne. Au Sud, les granits puis en remontant les gneiss qui préservent la fraîcheur et l’acidité notamment sur la Cote Blonde, au-dessus d’Ampuis des lœss qui allègent les rouges et au nord, plutôt des schistes, ceux de la Côte Brune, contenant beaucoup de fer et de magnésium ». On retrouve aussi l’un des plus forts taux de manganèse de toutes les appellations, d’où un fort effet terroir jouant dans la synthèse aromatique ».



Domaine Chambeyron La Chavarine 2015 : en haut de la Côte Blonde. 100% éraflé, vinifié en cuvees puis un an en fûts dont 25% neufs. Des arômes de litchi, mangue, roses anciennes sur des tanins soyeux et élégants.

Delas Saint Paul La Landonne 2015 : sur La Côte Brune. 16-17 mois d’élevage en fûts dont moitié en bois neufs . Des fruits très mûrs, de la réglisse, de la violette, des notes de fumé et moka sur un léger boisé. Un millésime concentré.

Domaine Georges Vernay Maison Rouge 2014 (le nom vient du fait que la maison appartenait aux cardinaux de Vienne) : 24 mois d’élevage dont 30% en bois neuf. Des arômes de cassis, réglisse, olives sur une pointe animale et des notes de tabac et santal, une finale acidulée. Un millésime moins concentré, plus tendre et fruité.

Stéphane Ogier Montmain 2013 : 30 mois d’élevage en fûts dont 30% neufs. Un millésime tardif (vendanges en octobre). Un vin plus austère sur des fruits rouges très mûrs des épices douces, de la poire et du tabac, de belle fraîcheur et des tanins veloutés.

Côte Blonde Guigal La Mouline 2012 : 11% de viognier et un élevage de 40 mois en barriques neuves riflées et soutirées à la bordelaise. Des arômes de fruits rouges, violette, rose ancienne. Une grande fraîcheur et une jolie acidité en finale, des tanins harmonieux sur une note fumée (cendres).



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