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A Tain-l'Hermitage, l'Elon Musk du pinard français

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mer 22 Mars 2017 13:39

Un article de Clément Pétréault

Michel Chapoutier, à la tête d'une multinationale fondée en 1879, défend une viticulture moderne, ouverte et surtout visionnaire.
Rencontre.


Son nom s'affiche en grandes lettres sur les coteaux de l'Hermitage. Michel Chapoutier n'était pas certain de sauver l'entreprise familiale lorsqu'il en a pris les commandes en 1990. Vingt-sept ans plus tard, il est à la tête d'un empire de négoce et de production de vin qui dépasse la vallée du Rhône. Le vigneron possède des domaines en France, en Australie, au Portugal ou en Espagne. Terrien, créatif, visionnaire et mégalomane, le quinquagénaire secoue – pour leur plus grand bien – les vins français. « Devenir une boisson de vieux nous pend au nez ! On peut aimer la musique classique et le rock ? Alors, on doit aimer les grands vins et les vins canailles. »

Cette envie de réhabiliter les « petits vins » ne pouvait venir que d'un homme enraciné sur un terroir où se produisent les bouteilles les plus chères et les plus primées du monde. « On a délaissé les entrées de gamme et le monde s'en empare sous notre nez. Tout simplement parce que nous sommes snobs ! » s'emporte-t-il, lui qui considère que « le vin qui se boit pour affirmer un statut social, c'est chiant ». À ceux qui s'excusent de ne rien connaître à l'œnologie, il répond : « Et alors ? On peut apprécier l'amour sans être gynécologue ? » Pour lui, un vin, c'est la photographie d'un terroir, la conjonction des climats, des sols et des lumières, la symbiose entre la vigne et un sol qui se modifie au contact des ceps pendant des centaines d'années. « Nous avons tout ici pour produire le meilleur vin du monde », répète-t-il en désignant la photo de la colline où le mistral et la « grande vallée du Rhône » prennent tous deux naissance.

Entre tradition et modernité

L'infatigable monsieur Chapoutier, une idée à la minute, joue à l'équilibriste, oscillant sans cesse entre tradition et modernité. Il a basculé tous ses vins en biodynamie, généralisé l'écriture en braille sur ses étiquettes et fait de son négoce l'un des plus prospères de la vallée. Parce qu'il a une vision. « La gastronomie française a essuyé des difficultés dans les années 70. Elle valorisait des produits coûteux comme les foies gras, les oiseaux, les gibiers... À la même période, la gastronomie italienne a commencé à percer, hyper-créative, et avec des produits peu chers. La bistronomie qui fut la réponse à ce mouvement a sauvé la gastronomie française. Le vin français doit suivre la même logique : on ne peut plus faire du vin uniquement pour le dimanche. »
Le mouvement des vins nature l'interroge : « Il y a de très belles choses. Mais lorsqu'un producteur de vin nature se plante, il n'a pas les moyens de détruire sa production et la vend malgré tout en racontant que c'est le goût d'antan. Mais le goût d'antan, ça ne veut rien dire et ça ne correspond pas forcément à l'époque. Il faudrait réfléchir à un système de solidarité pour financer les échecs et pousser ces vins vers plus de qualité », estime Michel Chapoutier.

Chapoutier city

Le viticulteur collectionne les arts premiers, se balade en Tesla ou en hélicoptère entre ses parcelles, et fait briller la Cadillac de Fernandel dont il est le propriétaire comblé. Tain-l'Hermitage prend parfois des airs de Chapoutier City. L'homme rachète des bâtiments à tour de bras et lance des projets dans tous les sens. Il a engrangé des fortunes, mais il les a toujours réinvesties. Sur son bureau, un écran affiche une mosaïque d'images en direct des caméras de surveillance placées un peu partout sur ses sites. « Je travaille souvent tard le soir, cela m'est utile », défend le vigneron. Ses grands-parents ne reconnaîtraient pas le siège high-tech de l'entreprise familiale fondée de 1879. S'affranchir d'un héritage pour mieux le faire perdurer, voilà le secret de la multinationale Chapoutier.

Oui, il a pu lui arriver de faire sécher ses vignes à l'aide d'un hélicoptère. Après tout, les pales ne sont qu'un gros ventilateur : « Quand on est en bio, on travaille sans filet. À deux ou trois jours de la maturité, la pression sur les maladies est maximale, il suffit d'un orage pour les réveiller. Alors, on passe l'hélico pour donner un coup de sec. C'est très efficace. » D'ailleurs, Michel Chapoutier a investi dans une société d'hélicoptères, Heli Tech, qui vient de lancer un hélicoptère avec un parachute et une consommation raisonnable de carburants. Michel Chapoutier, c'est un peu l'Elon Musk du pinard français.


Source : http://www.lepoint.fr/economie/le-long- ... 822_28.php
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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