Jean-Pierre, vieux mammifère d'expérience, j'entends ton enseignement et je comprends ton aise émotionnelle à noter un vin 20/20. D'ailleurs, il est amusant que tu l'aies fait sur un Narvaux "village", car c'est un climat qui mérite largement d'être 1er cru, selon le domaine Vincent Girardin.
Toujours est-il que ma position est ferme et non négociable, malgré une plaidoirie de grande qualité
Ce moment magique dont tu parles JP, cet instant où tous les éléments font UN, je le noterai 19,5/20, chose que j'ai faite sur un merveilleux Sainte Anne 90
( je déconne ). Sauf que ton 20/20 d'émotion n'aura pas le même impact que celui de ma mère, qui s'étouffe devant la grâce d'un Saint Emilion GC, 3euros en GS.
Si l'émotion est subjective pour toute une chacune ( j'avance la journée de la femme à aujourd'hui en accordant au féminin ), elle n'est donc pas suffisante pour évaluer un vin. Passé ce moment orgasmique, il faut se demander si la magie n'est pas liée à l'environnement corrélé à un merveilleux vin plutôt qu'au seul vin. Je ne pense pas qu'on puisse dissocier la technique de dégustation du plaisir pur. Pour mettre un 20 ou un 19,5, en fin de compte ( seule une nuance philosophique, idéaliste, romantique et obsessionnelle les sépare ), j'ai beaucoup de mal, avec mes mots et petites compétences, à ne pas disséquer techniquement ce moment de vives émotions.
Couleur digne des plus grands fauvistes, senteurs complexes et divines ou athées, bouche longue, rétro exceptionnelle, toucher de matières nobles , plénitude de saveurs et ce fameux supplément d'âme si difficile à verbaliser.
C'est une fois la réalisation intellectuelle et sensitive ( et émotionnelle évidemment ) que tous ces éléments sont présents que je vais pouvoir lui attribuer ma note ultime, à savoir un 19,5+. Mais le petit chouilla qui te gratte la barbe JP, c'est ce supplément d'âme, cette quête du beau, cette surprise dont tu parles que j'attends à chaque nouvelle ouverture de bouteille.
Donner un 20, c'est banaliser la grandeur analytique et/ou Ă©motionnelle, c'est accepter que l'absolue soit plusieurs. Mais l'absolu, on y touche pas, on l'attend.
Tu vois Jean-Pierre, Greg a bu récemment un cidre fermier du Jura - Savagnin, 2010 (Côtes du Jura) d'une telle harmonie qu'il n'a plus de rêve....
Je te rejoins complètement sur la non pertinence de noter 20 un vin jeune et d'autant plus en primeur.