Ferdinando est un homme de valeur, un travailleur hors pair qui allait déjà dans la vigne avec son père alors qu'il n'avait que 5 ans.
C'est après une dégustation globale de Barolo, où seuls quelques vins lui procurent une réelle émotion (Rinaldi, Mascarello, ... les grands), qu'il décide de changer complètement son approche à la vigne et passe en bio malgré les craintes de ne pas y arriver financièrement.
Sa vigne de Ravera di Monforte est particulière car très pentue. Le travail y est ainsi fait intégralement à la main tel que dans un jardin.
Pour se rendre compte voici la vigne (crédit: Patrick Maclart).
Le Ravera est un cru très célèbre de Barolo qui se situe sur la commune de Novello. Le Ravera di Monforte, moins célèbre, est comme son nom l'indique situé sur la commune de Monforte d'Alba.
Il me semblait important de bien poser le contexte avant de commenter la dégustation.
J'ai ouvert hier soir un
Ravera di Monforte 2016 de Ferdinando Principiano.
Une première chose me frappe c'est que le vin titre 13,5 degrés alors que les Barolo 2016 bus jusqu'à présent, et ils sont nombreux, titraient 14,5 voir 15 degrés.
La seconde chose qui m'a frappé c'est que le bouchon indique 2015 au lieu de 2016. Une preuve du travail artisanal... je suppose qu'ils ont utilisé les bouchons restant de l'année passée afin de ne pas les jeter.
Au nez c'est la prune sauvage qui s'impose sur des notes florales plutôt hibiscus et un fond cuir classe. L'aération apporte la complexité avec l'apparition de fruits rouges (grenade, framboise).
En bouche l'attaque est légère, aérienne et puis la matière vient soudainement enrober tout le palais en milieu de bouche avec cette aromatique de prune dominante. Le vin monte en puissance tout en gardant un équilibre magistral, la finale est d'une longueur impressionnante avec un retour de bouche floral et fruité à chaque fois que l'on déglutit. Plusieurs minutes après on ressent une petite amertume très agréable en bouche rappellant le côté naturel, sauvage, du vin.
Que dire... grand vin qui mérite la note de 98/100 attribuée par Kerin O’Keefe et qui confirme que ce vigneron a déjà rejoint les grands noms de cette région.
En savourant cette bouteille je pensais à ces jeunes bourguignons (pas tous heureusement), fils de viticulteurs, qui préfèrent se pavaner devant les grands crus avec leurs berlines en mettant des photos sur Facebook et Instagram. Je pensais également à ceux qui disent que Barolo est une arnaque orchestrée par les vignerons et la critique. Ce que moi je vois c'est une région extrèmement dynamique où les vignerons se posent les bonnes questions en termes de travail à la vigne et s'adaptent aux differentes situations (gel, été torride, etc...). Ils ne vivent pas sur les acquis, les progrès des dernières années sont considérables. Il n'y a de toute facon pas de secrets... pour produire des vins de ce calibre il faut se saigner, c'est à dire avoir un travail à la vigne irréprochable, des rendements modérés et des vinifications exemplaires.
Amicalement,