A peine remis de mes émotions, je pars sur Paris le lendemain soir pour une soirée chez Thien, la légende du tout Paris, l'amatrice par excellence, d'une simplicité et d'une gentillesse sans égale. Ah si, avec son mari Christian !
C'est toujours un bonheur et un immense privilège d'y être convié, je ne louperais cette soirée que contraint et forcé. Deux soirées en deux jours alors que je n'en avais pas fait ni participé depuis plusieurs mois ! Et en compagnie de passionnés toujours éminemment sympathiques. Je retrouve Laurent et Vinicius avec grand plaisir et fais la connaissance de Costantino et son épouse, et d'un passionné, Alex. on est tout de suite à l'aise et je sais de suite que je vais passer une très agréable soirée.
Je n'ai pas pris de note, encore moins de photos, ayant un téléphoneaveugle. J'ai profité de l'instant, de l'immense qualité de la cuisine de Thien (géniale !) et des convives.
J'arrive en retard comme souvent
, pas facile de m'organiser avec notamment des travaux sur la ligne gare du Nord.
Ayant échappé aux mines de sel et autres joyeusetés dignes des grandes heures de feu PAB (que certains participants ont bien connu, à la fois PAB et les mines de sel), j'attaque directement par un
Cerdon sec de Renardat-Fache (base 2019 ou 2020 ?) : bulles très fines, jolie couleur rosée saumon, nez fruité, frais et relativement complexe, sucres en retrait, très bel équilibre. Idéal pour débuter la soirée.
Ensuite, un
champagne Irroy (Taittinger - marque Monoprix) devait faire le passage vers les choses sérieuses, mais il présenta un nez bizarre de souris et serpillière. Déviant très certainement. Mines de sel direct et mérité pour ce breuvage aléatoire !
On passe aux choses sérieuses ensuite :
Champagne Les Couarres du domaine Chartogne-Taillet (base 2016, dosé à 5g/L, dégorgement en novembre 2020 de mémoire) : jolies bulles très fines, vin élégant, brillant, complexe, crémeux, encore très jeune mais d'un beau niveau. Prometteur.
On passe à table, Thien nous sert de délicieux rougets façon pissaladière, fondue d’oignons et olives noire et sauge, un régal !
Vinicius nous sert un joli vin grec, léger, jeune et parfumé. Bien :
Alchymiste 2019 du domaine Sclavos Alex nous sert apparemment un beau chenin, je suis chez moi avec ce vin. Jolie robe or brillant, nez verveine, tilleul, coing, poire, c'est frais, au nez comme en bouche, peu boisé, légèrement épicé, floral et agrumes. J'aime beaucoup ce chenin qui pour moi vient de Saumur, confortable, jeune et de grande qualité (jolie longueur). Je pars sur ... mais qui déjà ? Ah, j'ai le nom sur le bout de la langue... pfff... Guiberteau ? Non, c'est le
Saumur 2015 du domaine du CollierPuis un vin est servi, joli nez de mousseron, assez classique d'un Chablis évolué, qui a conservé de la fraîcheur. Pas une grande complexité, mais agréable. Un
Chablis premier cru 2004 du domaine de l'Eglantière très agréable (je recherche les références, oups).
Puis viennent les ris de veaux accompagnés de pamplemousses rôtis et d'une sauce aux agrumes. J'écris ce compte-rendu et les saveurs de ce mets merveilleusement cuisiné me reviennent à nouveau. Ainsi que le souvenir et le goût de
l'Hermitage blanc 1999 de Chave : joli bouchon encore souple, robe dorée, brillante. Nez waouh ! floral, épicé, du fruit, grande complexité. La bouche est à la fois large, longue et tendue, grasse et fraîche, quadrature du cercle réussi, l'accord est aussi réussi avec les ris parfaitement cuits. Le vin est encore jeune, même si sur son plein plateau de maturité. Waouh ! J'ai son goût en bouche. Ce fut une grande bouteille dont le destin me semble parfaitement accompli : plat génial et convives qui ont su l'apprécier dans un cadre idéal. What else ? Bon, j'imagine que d'autres millésimes, notamment avec encore plus d'années seraient encore plus longs, larges, plus complexes, selon les bouteilles, mais là , c'est le grand plaisir intégral. Chapeau et merci à Jean-Louis Chave et à son équipe pour ce vin divin !
On est passé au filet de veau rôti aux épices douces, pleurotes et patates. Me suis pas fait prier pour être resservi. Encore une belle réussite ! Le fast food de Thien est toujours aussi légendaire.
De mémoire, on commence par deux vins rouges servis en parallèle. Bon, a priori, Bourgogne ; jeunes. Un est sur la côte de Beaune et l'autre de Nuits. Je suis le seul à attribuer dans un sens donné, les autres convives sont bien meilleurs que moi et eux ne se trompent pas. Va falloir que je révise d'urgence la Bourgogne
A gauche, donc, un
Pommard 2018 de Boisson-Vadot : nez boisé, mais charmeur, fruité, épicé. Bouche assez joliment dessiné, vive, tannins en relief, vin encore en dedans et apparaît rustique et simple en face du suivant à droite :
Le
Vosne-Romanée 2018 de Laurent Ponsot : alors là , c'est l'archétype du beau pinot noir bourguignon, tout est naturel, délicatement parfumé, vin de taffetas, qui tapisse le nez et la bouche, un délice. Waouh ! Mais trop jeune. Étonnant bouchon en silicone. Pourquoi pas. Quel parfum de cassis, de framboise, de rose fraîche, vraiment une merveille.
Merci pour les découvertes, Laurent.
Thien nous sert un rouge évolué, qui m'évoque de suite un Châteauneuf du Pape évolué, me rappelant ceux que j'ai eu la chance de goûter, comme Guigal 1981 ou les Cailloux 1976 ou 1983, de mémoire. Robe grenat, évoluée sur les bords, encore brillante.Nez superbe, "Reynaud" à l'ouverture, qui a évolué ensuite pour dévoiler sa personnalité propre. J'adore les épices, la douceur et le fruit transcendé ! Qu'est-ce que c'est bon un CNDP à maturité :
Châteauneuf Chante Le Merle 1990 du Bosquet des Papes. Jolie longueur, difficile de recracher, même s'il le faut en grande partie.Bel accord avec le filet de veau.
On finit la série des rouges avec quelques fromages bien affinés, par un joli vin, classieux, qui nous évoque Bordeaux. Robe grenat, brillante, nez épicé, cassis, myrtille, tabac, très joli et encore jeune. On sent qu'il ne se livre pas encore complètement mais c'est déjà très charmeur. La bouche montre un beau dynamisme, tannins fermes et à la fois soyeux, l'équilibre me plaît beaucoup. C'est un très bon Bordeaux. Incapable de le placer à Pessac-Léognan, je serais plutôt parti sur Pauillac ou Saint-Julien. Mais c'est bien un
Pessac-Léognan : Château Haut-Bailly 2005. Jolie bouteille à gros potentiel !
On se refait la bouche avec un joli champagne acheté chez Bourdin (Bougival) par Thien. il m'a fait penser à Egly-Ouriet, dans un style assez évolué. Pas mal du tout.
Nous terminons par une très jolie triplette de liquoreux :
- le premier liquoreux est plus jeune que les deux autres, robe dorée, or jaune brillant. Nez délicat et bouche parfaitement équilibrée, finale superbe sur la peau de mandarine, jus de clémentine. Quelle délicatesse ! J'ai adoré ce
Grain Noble Petite Arvine 2013 de la célèbre Marie-Thérèse Chappaz. Très belle découverte !
- le second présente une robe plus dorée, légèrement plus évoluée. On est dans le classique du Sauternes, nez sur la peau d'orange amère, fruits exotiques, c'est fin et élégant, la liqueur est douce, équilibrée par une fine acidité. Délicieux
Sauternes Crème de Tête 1989 de Château Gilette.
On termine la soirée par un vin à la teinte beaucoup plus cuivrée, plus évoluée. Le nez est un festival de ce que j'aime dans les grands liquoreux de Loire : coing, fruits rôtis, épices douces, puissant, comme l'est la liqueur, équilibrée par une acidité géniale. J'adore. C'est limite too much, mais il est plus frais et peut-être mieux équilibré que le 1997 que nous avions bu lors d'une soirée précédente l'année passée chez Thien : superbe feux d'artifice final avec ce somptueux
Coteaux du Layon Maria Juby 2001 de Patrick Baudoin.
Je suis reparti avec des étoiles dans les yeux et dans le cœur. Quel bonheur ! Il n'y a pas meilleure traduction ni concrétisation de la passion qui nous anime : de belles personnes autour d'un repas génial et de très belles bouteilles, ouvertes dans le meilleur des cadres.
Merci Thien et Christian, je n'ai pas assez de mots pour vous remercier. Merci Ă tous les convives.