par ptitphilou » Dim 22 Jan 2023 17:01
5ème séance sur les huit prévues. Déjà la moitié parcourue avec mes 9 commensaux.
Ils s'accrochent, je crois même qu'ils apprécient vraiment ce moment un peu hors du temps et consacré au plaisir bacchique.
Je leur ai annoncé que je recommencerai l'année prochaine avec la même revue que cette année, je prendrai en conséquence un autre groupe.
Mais les affinités sont nées et ce groupe de 9 participants est non seulement d'origines diverses (de 22 à 77 ans à vue d’œil), très sympa et possède surtout des complémentarités et un état d'esprit excellent.
Je pense continuer avec eux, car je prends beaucoup de plaisir à préparer les séances et à vivre ces moments ensemble (je ne suis qu'un modeste passionné ayant envie de partager), avec peut-être moins de séances l'année prochaine pour ce groupe, mais en allant plus dans le détail de certaines appellations, et en les guidant vers les vins étrangers. De toute façon, nous n'avons pas assez d'une vie pour faire le tour de l'univers du vin.
Bref, cette séance de 3h consacrée aux vins bordelais a finalement été allongée d'une heure, il faut dire que le dernier vin incitait à la méditation (et à la gourmandise).
Après revue de la région, de sa complexité géologique et des trois principaux cépages de la région (et des cinq autres complémentaires) ainsi que des divers classements, nous avons donc goûté, dans l'ordre de dégustation :
NB : notes succinctes car de mémoire, une semaine après la séance.
Tous les vins rouges ont été ouverts le matin pour l'après-midi. Pour des raisons logistiques, j'ai ouvert les blancs quelques minutes avant de les servir.
Blancs
1/ Cuvée Tradition 2020 du Château Cailleteau-Bergeron, côtes de Blaye
Assemblage des 2 sauvignons. Nez classique, floral, variétal, agréable entrée en matière. Longueur moyenne pour un vin modeste mais bien fait, comme tout ce qui sort de ce domaine, qui a marqué mes premiers pas dans cette région, avec les rouges de 1995 et 1996.
2/ Le grand Vin 2019 - Graves - Château Cazebonne
On change de registre, ce vin a une part minoritaire de sémillon, ce qui se traduit notamment par un apport de gras et de structure en bouche, apportée aussi par un élevage sous bois. Très agréable et devrait évoluer favorablement car l'aération lui apporte de la complexité au nez et une meilleure harmonie en bouche.
Je voulais jouer sur le contraste entre vin du "nord", élevé en cuve, frais et un Graves blanc, plus structuré. Évidemment, j'avais sélectionné au moins le triple de Bordeaux blancs, mais choisir c'est renoncer. Beaucoup ont découvert qu'on produit du très bon vin blanc à Bordeaux.
On en vient au cœur du sujet :
Rouges
3/ Bordeaux cuvée DieM 2020 du château Tire-Pé
Monocépage pour commencer, merlot. On avait déjà dégusté un 100% cabernet sauvignon lors de la première séance. Tout le monde s'en souvient.
Ici, joli vin, très bien fait, au prix très sage et qui me permet de commencer par le sud de l'appellation entre-deux-mers avant de remonter plus au nord.
4/ Bordeaux (Sainte Foy) Le Petit Champ 2019 du Château du Champ des Treilles
J'aime beaucoup ce vin, élégant, délicatement parfumé, très bien vinifié, aux tanins souples et au prix angélique. Le Bordeaux qu'on aime !
5/ Côtes de Blaye cuvée Oz 2020 du Château Cailleteau-Bergeron
On part à l'ouest, dans le Blayais. Robe noire violacée, c'est puissant et concentré. Bon vin, mais qui a encore besoin de temps pour se patiner. A 11 € environ, rien à dire, c'est un très bon Bordeaux qui n'a certes pas l'allonge ni la complexité de certains vins du Libournais, mais il envoie. Ma seule vraie critique est qu'on a gagné en matière et en muscle ce qu'on a peut-être perdu en gouleyance/élégance. La cuvée tradition du domaine correspond peut-être plus à ce que j'avais en tête du domaine. Mais je n'en ai pas trouvé sur le site des vins du Blayais qui est à signaler : un beau choix de vins et de jus de raisins (ces derniers, quoiqu'un peu chers, ont fait le bonheur de mes enfants).
6/ Castillon Côtes de Bordeaux cuvée le Versant 2019
Je conçois difficilement une thématique Bordeaux, même en version découverte, sans évoquer et faire déguster un vin de la famille Mitjaville. Cette cuvée est la plus accessible en termes onéreux si ce n'est du point de vue dégustation.
Gros contraste de couleur, avec une robe rubis foncée, tirant déjà vers le grenat. Pas d'inquiétude pour autant, c'est le style très mûr des vins de cette galaxie.
On retrouve le nez baroque, fruité, prune, cassis, épices, du bois de belle qualité dans cette cuvée que je goûte au moins pour la 5ème fois dans ce millésime. La promotion récente sur un site de passionné (Beaujoloire) a rendu ce vin très accessible (moins de 15 €). Tous les participants ont beaucoup apprécié ce vin baroque, d'un velouté hors pair. Notre doyenne l'ayant particulièrement appréciée, est repartie avec le restant de bouteille : après cinq jours, elle m'a confirmé que ce Versant était toujours agréable à boire, sur le "pruneau cuit, fruits rouges confiturés et humus de sois-bois",
Après avoir cerné le Libournais à l'ouest puis à l'est, il est temps d'en avoir un (très modeste) aperçu.
7/ Château Coutet 2019 - Saint Emilion Grand Cru
Vin bien fait, nez sur le cassis, classique. Tannins doux, bouche déliée, tout ceci est très bien réalisé, mais on est loin du génie des Mitjaville, impression confirmée les jours d'après. Le vin se boit bien, mais je m'ennuie vite avec ce vin.
Il a beaucoup plu à un participant qui avait une image moins flatteuse des Saint-Emilion, extraits, boisés ou à l'inverse sans grande tenue.
8/ Les Colombiers 2019 du Château Feytit-Clinet - Pomerol
On termine ce petit tour de la rive droite de la Dordogne/Gironde par le second vin d'une propriété qui parle à beaucoup d'entre nous au regard de son propriétaire actuel.
Je n'ai pas beaucoup d'expérience ni de vins de Pomerol, rare et prestigieuse appellation bordelaise, qui n'a pas de classement. Je me suis laissé tenter par le prix accessible de cette cuvée et je ne le regrette point : joli nez fruité, bouche dotée de tannins doux, apportant une structure et un volume associée à une jolie matière. L'évolution au fin des jours fut favorable, surtout en comparaison du Saint-Emilion. Une jolie découverte.
Nous attaquons la partie majoritaire en cabernet sauvignon mais le temps manque pour aborder certains crus que j'avais initialement sélectionnés. Ce sera pour une prochaine séance, l'année prochaine peut-être. J'en profite pour sortir l'assortiment de charcuteries et fromages de mon boucher/traiteur préféré Odillard (Jacques qui a malheureusement failli passer l'arme à gauche en novembre mais heureusement, il se remet. Plaisir de boire le café ensemble hier matin, il vient de prendre conscience que nous n'avons qu'une vie et qu'il faut aussi parfois savoir se reposer et prendre un peu de recul et du temps pour soi. Tempus fugit)
9/ Haut-Médoc 2006 du Château Cornélie (Patrick Grisard)
Mes recherches m'ont conduit à trouver ce Cornélie 2006 à prix très raisonnable. L'occasion toute trouvée pour découvrir ce 2006, environ quinze ans après sa sortie.
Robe évoluée, mais pas trop. Très belle tenue en bouche, l'aération ne lui a pas fait peur. Si l'allonge et la complexité ne sont pas celles des beaux crus classés du coin, ce vin n'a aucunement à rougir de la comparaison.
Sincèrement, compte tenu des difficultés à son accouchement, selon mes souvenirs, chapeau, car le vin tient plus que la route et offre du plaisir certain. Etonnement dans la salle.
Plus encore avec le dernier rouge...
10/ Margaux 1995 - Château Bel Air-Marquis d'Aligré (JP Boyer)
Autre cru fétiche pour ma part, ayant découvert Margaux grâce aux 1988 et 1989 que vendait le caviste du coin lorsque j'étais étudiant. J'en ai trouvé sur vins-etonnants, merci aux deux Eric, car le vin m'a mis en joie. Tout ce que j'aime dans les crus médocains à point : nez de boîte à cigare, cassis, corbeille de fruits noirs et rouges, bois noble, note mentholée, sous-bois... d'une belle complexité, le vin est harmonieux en bouche, tout n'est que douceur et volupté.
J'ai eu du mal à continuer la dégustation et à abandonner ce vin que j'aime beaucoup, notamment sur cette bouteille (je me souviens l'avoir dégusté à sa sortie et l'avoir trouvé bien trop jeune il y a environ 15 ans de mémoire). Là , je suis aux anges.
Moelleux/liquoreux
Il a fallu redescendre sur terre, mais je savais qu'on repartirait peut-ĂŞtre assez vite au ciel.
11/ Cuvée Palais d'Or 2018 - Côtes de Bordeaux Saint Macaire - Château de Bouillerot
Parmi tous les liquoreux de Bordeaux, voilĂ bien un domaine que peu d'amateurs connaissent (merci vins-etonnants) et pourtant, il produit notamment de jolis vins moelleux, aux prix sages.
Robe jaune clair tirant vers l'or brillant.
Le sucre est parfaitement équilibré avec l'acidité et la matière. Cette cuvée laisse le palais frais ou en apportant le plaisir de la sucrosité et la gourmandise d'une matière mûre. Très bon prix.
Très adapté à une belle salade de fruits,
Ce vin s'avère une transition parfaite pour se remettre en selle et attaquer le dernier vin, un liquoreux classique, issu de ma cave, cadeau final, le tout accompagné par un délicieux foie gras que m'a vendu à prix remisé (post fêtes) mon volailler.
12/ Barsac 1997 du Château Climens
Là , comment vous dire, dès que le vin est servi dans les verres, la teinte or doré, cuivrée fait son plein effet. On change de registre, et le nez. Quel nez ! Grand classique de miel, marmelade et zeste d'orange, d'agrumes, abricot rôti; épices douces, safran, fleurs... La bouche est délicatement sucrée/acidulée. Une participante, qui apprécie peu les vins moelleux, reconnaît qu'il est délicieux mais un peu trop sucré pour elle. Elle le goûte comme un moelleux et me dit qu'il n'est pas si sucré finalement, reconnaît sa complexité. Or, de mémoire, on doit être à environ 100-120 gr /L au moins dans ce millésime très réussi. Le temps a fait son œuvre. J'ai réussi mon pari de lui faire revoir ses a priori.
Le silence se fait rapidement, avec la dégustation du foie gras et du pain spécial acheté à la boulangerie Bourg.
Noémie vient de terminer un atelier avec deux adhérentes. Je les convie à se joindre à nous et on en profite pour regoûter quelques bouteilles, le temps passe vite quand on partage de tels moments.
Vivement la prochaine, cette fois consacrée à la vallée du Rhône. Je m'en réjouis d'avance.
Merci de m'avoir lu et désolé pour les élucubrations et autres hors-sujets. Je ne peux dissocier le vin et l'humain, les moments de vie qu'il procure, pour notre plus grand plaisir.
Phil