Longtemps cru unique de la minuscule appellation palette créée à son intention, Simone figure l'excellence parmi les vins de Provence.Eternel jeune homme de 80 ans, René Rougier commente avec enthousiasme les millésimes qui remontent le temps. « Ce sont des vins qui ne cèdent pas facilement. Je n'aime pas les vins dans lesquels on entre comme dans un moulin. D'ailleurs, je n'apprécie pas qu'on les carafe, je préfère qu'ils s'épanouissent dans le verre, à leur rythme. » Blancs, rosés et rouges livrent alors un peu de leur histoire.
Durant la guerre, le président de l'Inao, retiré en zone libre chez son fils, à Marseille, boit du Château Simone. Il tombe sous le charme, demande à visiter la propriété et se laisse séduire. « Il a alors poussé mon père à faire une demande de classement en AOC, raconte René Rougier. Le comité était d'accord, mais il a exigé la création d'un terroir plus vaste que les limites du château. Il a fallu trouver des personnes qui avaient quelques arpents de vignes aux alentours... Le dossier a été refait puis validé en 1948. » C'est l'acte de naissance de l'appellation palette, qui tient son nom du hameau voisin. Commence alors une aventure qui conduira ce terroir de 46 hectares à devenir la référence du vignoble provençal. « Nous avons 21 hectares. Une des particularités, c'est que nous sommes exposés plein nord, au-dessus de la rivière de l'Arc, à environ 200 mètres d'altitude. » Des conditions climatiques tempérées qui expliquent l'exceptionnelle tenue des vins. Blancs racés et savoureux à base de clairette, rosés vineux, presque tanniques, et rouges profonds, élaborés à partir de grenache, mourvèdre et cinsault complétés d'une dizaine de cépages locaux.
« Naturellement, le savoir-faire a son importance. Nous utilisons un pressoir hydraulique vertical qui respecte le raisin. Le jus traverse une grande épaisseur de marc qui agit comme un filtre, les lies sont plus fines et le vin se charge des éléments structurels du raisin. Ensuite, les blancs et les rosés fermentent en fûts et les rouges sont élevés en grands fûts. Le boisé ne doit être qu'une toile de fond. Le vin, c'est un tableau que l'on peint dans les vignes et que l'on signe à la cave. » Le Château Simone porte deux signatures. A côté de celle du père, on trouve celle du fils, Jean-François : « Non, je n'ai pas l'impression d'entretenir un musée, il y a toujours à faire pour moderniser un domaine. Mais, sur le vin, que voulez-vous inventer ? Faire plusieurs cuvées ? Des vins plus légers ? Pour plaire à qui ? Ce ne serait plus Simone... Je pense qu'il doit y avoir des micro-organismes dans la cave, la fameuse signature dont parle mon père ! »
Dégustation Blanc 2006 : De la retenue, note élégante d'élevage, floral, toasté, brioché, vanille, suave, fraîcheur minérale, savoureuse pointe d'amertume.
Blanc 2005 : Vin monumental, superbe potentiel, fruits jaunes confits, épices douces, cire d'abeille, ample, savoureux, pas tout à fait fondu, racé et puissant.
Blanc 2004 : Joli nez miellé, complexe, riche, floral, notes d'épices douces, encaustique, gras, opulent, ample et d'une grande richesse.
Blanc 2001 : Nez séduisant, très tendre, note de confiserie, loukoum, rose, tendre, fraîcheur remarquable, onctueux, long et très harmonieux.
Blanc 1998 : Très complexe, épanoui, grande finesse, palette aromatique impressionnante, fruits blancs, pâte de fruits, abricot et orange confits, sureau, fringant et harmonieux.
Blanc 1989 : Nez racé, élégant, très provençal, fruits confits, calisson, pâte d'amande, rose, délicat, savoureux, suave, épices douces, long et séduisant.
Rosé 2007 : Expressif, vineux, fruité éclatant, gras, bien vif, texture dense, s'ouvre sur les épices, complexe, savoureux et typé.
Rosé 2006 : D'abord discret, livre à l'aération de jolies notes de fraise, framboise, mûre sauvage, orange sanguine, vif, gras, séveux, frais et tonique.
Rouge 2005 : Joli nez expressif, fruité intense, note de cuir, de garrigue, tanins fins, veloutés, fraîcheur minérale, tout en finesse et en élégance.
Rouge 2004 : Nez explosif, bois de réglisse, bigarreau confit, garrigue, épices douces, savoureux, tanins délicats, caressants, sensuels, profond, longueur exceptionnelle.
Rouge 2001 : Grande pureté de fruit, éclatant, fort potentiel, trame tannique serrée, séveux, savoureux, riche, fraîcheur balsamique, très long, épicé.
Rouge 1998 : Expressif, cuir, cerises à l'eau-de-vie, fruits noirs compotés, épices, garrigue, tanins patinés, savoureux, beaucoup de distinction, long et séveux.
Source : Olivier Bompas http://www.lepoint.fr