Un couple d'amis étant sur le point de partir retrouver leur chère Bourgogne, il était temps de les inviter à la maison, quoique j'aie toujours les plus grands scrupules envers ma cuisine qui n'est pas très élaborée ni raffinée. Mais j'essaie de progresser et je sais l'indulgence des gens bien élevés .
Pas de thématique particulière, si ce n'est l'envie de partager un bon moment autour de quelques bouteilles à trois "buveurs" :
Premier couple de vins : les blancs
Meursault pc Perrières 2000 du domaine Bouchard P&F
Jolie couleur dorée. Nez classique, sur le tilleul, la noisette et une fine note oxydative rappelant les épices.
La bouche possède un équilibre qui me convainc, par son acidité intégrée à une matière mûre et un "gras" qui confère du volume. C'était ma dernière bouteille et les trois que je possédais se sont montrées sous des jours fort différents, mais d'un très bon niveau. Faut juste penser à modifier l'accompagnement.
Brauneberger Juffer-Sonnenuhr Riesling - Spâtlese 1997 - Weingut Fritz Haag
Couleur jaune brillant.
Nez classique de naphte, fleurs jaunes (chèvrefeuille) et de fruits à chair blanche.
Toujours un superbe équilibre que j'aime tant dans les vins allemands, en particulier dans les rieslings mosellans de ce domaine fameux. Vin d'une jeunesse vigoureuse, équilibrée. C'est toujours un régal de boire ce vin qui présente un taux d'alcool de 7,5%. Evidemment, c'est un contraste fort en face du Meursault, mais les deux vins accompagnent à leur tour les petites mises en bouche proposées.
Second couple de vins : les rouges
En accompagnement d'un boeuf bourguignon, un cru de cette région s'impose, mais j'avais envie de tester un cru rhodanien dans un millésime plutôt modeste, à maturité, réputé pour son acidité constitutive.
Cornas La Geynale 1996 de Robert Michel
Robe grenat légèrement évoluée, de concentratio moyenne. Nez sur l'olive, le fumé et le cassis. Assez austère, malgré une ouverture quelques heures auparavant.
L'acidité est effectivement bien présente, mais la matière est de qualité, rustique avec des tannins légèrement en relief. Belle tenue à l'aération. Accord convaincant avec le plat.
Pommard pc Pézerolles 1991 du domaine Joseph Voillot
Robe rubis profonde, brillante. Traces d'évolution et de brunissement sur le bord du disque tout ce qu'il y a de plus normal à cet âge.
A noter un bouchon bien imbibé et qui m'incite à servir ce vin dans un riedel vinum comme son aîné (Volnay Champans 1981 servi la semaine passée).
Nez superbe, archétype des vins chez Voillot, la finesse incarnée sur la cerise, les épices, la ronce et la rose. Les amis ont tout de suite reconnu le domaine, dont ils sont de grands fans. C'était un petit hommage que je leur rendais, ainsi qu'à ce domaine pour lequel nous partageons l'admiration.
Bouche précise, nonobstant une pointe métaliique qui disparaît très vite dans le verre. C'est long, équilibré, complexe. Bref, ce Pommard d'une bonne année est à parfaite maturité. Mignonne, cueillons la rose pendant qu'elle est éclose !
Pour finir, nous avons terminé le repas avec un petit liquoreux :
Monbazillac 2005 du Château Tirecul la Gravière
Couleur dorée prononcée, brillante et texture grasse.
Le nez est un classique d'un vin très botrytisé, ce que je qualifie de nez "rôti" : orange amère, épices douces (safran), fleurs, réglisse.
Grande concentration de la matière, des sucres mais aussi présence salutaire d'une jolie acidité. Ca se boit tout seul mais accompagne correctement une tarte aux framboises et une glace vanille. Superbe vin, grand et beau liquoreux. Je me demande ce que peut donner la cuvée Madame dans ce millésime. La bouteille de 50 cL est presque trop petite, même à trois - enfin quatre, car ma femme l'a beaucoup aimé .
Bonheur toujours renouvelé de partager de jolis flacons avec des passionnés.
Ce ne fut pas un adieu aux futurs bourguignons, car hier soir, nous nous sommes retrouvés chez eux avec toute l'équipe de doux dingues, pour fêter nos dix ans de dégustations communes et leur départ vers une nouvelle vie, autour de 15 magnifiques bouteilles qu'ils nous ont proposées. A suivre.