La famille Ravenne était réduite au strict minimum avec un seul membre présent mais cette nouvelle rencontre fut un intense moment de plaisir
Pendant que l'ami Julien fait le cuisine, il me fait gouter deux vins dont nous ne parlerons pas ici mais que nous essayons pour nous faire le palais... le premier, vin d'amis du couple Dubertret, travaillé sans soufre avec un maximum de risque est totalement imbuvable! Coup de bol, je n'ai pas dit que j'adorais, je ne suis donc pas obligé de faire ma valise dans la minute!
Le second est bien plus intéressant, une base cabernet francs en Loire avec pas mal de fraicheur dans un vin à tout petit prix!
J'ai juste oublié la cuvée et le domaine
ça commence fort!
Tous les vins seront servis à l'aveugle dans des Spiegelau N°2 à bonne température (l'avantage de déguster chez les pros!
Seul souci, pris par l'ambaince apaisé du lieu, je n'ai pas sorti mon carnet de note et vous n'aurez donc droit qu'à des souvenirs...
Nous commençons la dégustation par:
Un
baux de Provence de Dominique Hauvette 2010, riche, anisé, équilibré long et minéral. Un vin plaisant qui signe bien son origine! Que je vais noter à 16-
Vient ensuite l'extra terrestre du jour, un vin au nez discret sur l'anis et les fruits blancs, presque fragile qui va s'avérer est un monstre de puissance et d'intensité en bouche.
Assyrtiko de Mylos Vieilles Vignes 2009 du domaine hatzitakis, Un vin remarquable, somptueux, le vin du jour noté 17+
Troisième vin et première déception avec ce
Meursault Genévrières 86 de François Jobard …. Hélas bouchonné irrémédiablement
Quatrième vin et là encore un vin qui divise… pour moi, le vin est oxydé, avec ses notes de pommes cuites, de pralin, de caramel au beurre… Pour Julien, le vin s’étant amélioré depuis l’ouverture, la robe pale et des similitudes avec des Chablis très réduits ayant tous les symptômes de l’oxydation avant de renaitre plus tard, il ne peut s’agir que de réduction.
En tout cas, je n’y trouve pas mon compte
Ce
Meursault 1999 du domaine Arnaud Ente attendra le lendemain pour se faire gouter à nouveau
On reste sur les blancs avec un joli
Auxey Duresse du Domaine d’Auvenay sur le millésime 2004. Aucun risque d’oxydation sur celui là tant le soufre domine le nez et pique la bouche.
A l’aération, le vin se dévoile, juteux, intense, doté d’un bel avenir.
On passe après cette petite série de vins blancs à du rouge sur le plat que propose Julien…
Le premier rouge est un superbe Bourgogne, que je place en cote de Nuits mais dont la structure tannique me perd un peu… On y trouve une douceur vosnienne, ce coté rose fané fragile mais en même temps de la puissance et les épices de Gevrey Chambertin. Je tourne en rond, trouve ce vin parfaitement ouvert, gourmand, profond et devant le non, non non
de mon hôte quand je parle de Morey, je me dis que seuls les tannins m’emmèneraient à Pommard ce qui ne colle pas alors je fonce sur un Corton rouge… plouf plouf !!!
Julien tout sourire me demande si par hasard je n’ai pas oublié l’un des grands crus phares de la côte de Nuits… Je ne trouve pas et c’est tout sourire qu’il me demande si je n’ai jamais entendu parlé du Clos de Vougeot… Shame on me !
Ce
clos de Vougeot 2000 de Mugneret Gibourg est une pure merveille qui se goute actuellement très bien et pourra attendre sereinement quelques années
Le suivant est un vin qui fait voyager Julien, voyage dans le temps tout d’abord tant ce vin est jeune dans sa robe, ses arômes, sa structure… Et non, ce n’est pas un 2008, ce vin a 13ans, c’est un GC 99 !
Voyage aussi sur la côte de Nuits, mais jamais sur la colline des Cortons. Clairement un vin à attendre, mais il y a du potentiel dans cette cuvée
Le Corton de chez Bouchard Pere & filsPour nous faire plaisir, Julien nous sort cette même cuvée sur le millésime
1970 qui s’avèrera hélas irrémédiablement bouchonnée
On avance dans le repas sur quelques fromages locaux avec les vins ouverts et on se prépare au dessert avec un vin dont le cépage me parle mais dont le style est moins dans ma filière. Je propose un Riesling d’Autriche et Julien me fait remarquer à juste titre que ce style est plus celui de l’école allemande. Un joli vin, frais et équilibré mais pour lequel je ne craque pas. Ce
Dr Loosen Riesling Beerenausleese Wehlener Sonnenuhr 1999 est un beau vin pour amateurs du style
Autre découverte du jour, un chenin élevé sous voile, un truc venu de
mars ou de saturne , ne ressemblant à rien de ce que j’ai déjà bu. Le nez m’emmène en Loire sur du chenin ce qui sidère Julien car ne l’ayant pas encore gouté, je n’ai pas identifié le coté « voile » et ne suis pas parti sur le Jura. Difficile de dire que je suis fan de ce vin mais quelle originalité. Si vous croisez cette cuvée
« the Picrate » d’Eric Callcut, tentez votre chance, car ce vin le mérite
Les deux vins suivants, de grosses cartouches, nous ont déçu !
Le premier vin, un
Vintage de chez Niepoort en 1992, cuvée Jubilée, est le type même du vin peu courant, très bien noté par Bob et pourtant…
Une volatile énorme qui rend le vin déjà très difficile à aborder et à apprécier, un milieu de bouche sans suavité ni classe particulière et une finale brulante sur le mutage… Misère, absolument pas buvable.
J’en ai parlé le lendemain avec un ami grand amateur de Vintage et qui l’avait bu il y a quelques mois avec la même analyse et la même déception !
Pour tenter de se refaire, Julien décidément chaud du tire-bouchon attrape une autre quille et nous fait découvrir une autre expression du Vintage,
un Quinta Do Noval 1991.
Le vin est clairement meilleur, plus fin, plus suave, plus soyeux avec un toucher de bouche de toute beauté mais une finale là encore déséquilibrée par le mutage, sans doute faute d’un manque de matière dans ce vin qui peine à tenir l’alcool sous l’éteignoir. Il est sur que nous avions déjà quelques verres derrière nous mais le plaisir n’est pas réellement au rendez vous, ni pour Julien, ni pour moi. Par chance, le lendemain soir, je toucherai de nouveau un Vintage avec cette fois ci un bonheur sans tache avec un Graham's 2000 mais on y reviendra car là encore servi en fin de repas, ce 2000 a enchanté l'assemblé sur des fèves de cacao grillées fraichement obtenues chez Julien
Alors pour finir en beauté, julien nous sort un vrai vin de dessert, plein, fin, fruité, équilibré avec certes pas mal de liqueur mais un coté salin qui équilibre le vin et une fraicheur remarquable.
Enfin un vin qui se laisse boire joyeusement… Je peine à identifier la région et pour cause, nous sommes de nouveau en Grèce, sur un
VINSANTO 2000 là encore du domaine Hatzitakis
Ma vision se trouble petit à petit, je n’arrive plus à faire des photos nettes
Comme vous pouvez le voir, nous avons su rester raisonnable avec globalement peu de vins dans chaque style et surtout un grand voyage autour du monde ( jusque sur Mars…
) avec pas moins de 5 vins étrangers au programme de cette soirée très éclectique
Mon dieu que ces rencontres entre amateurs sont riches en plaisir et en découverte, en générosité... du bonheur pas toujours raisonnable mais c'est tellement bien
Merci Julien