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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 25 Mai 2017 19:25

Agnès Buzyn, une hygiéniste à la Santé ?

Œnopolitique. Après des propos où elle mettait en cause "des lobbys très puissants", la ministre des Solidarités et de la Santé inquiète le monde du vin.

Voilà donc celle que, déjà, de nombreux défenseurs du vin qualifient d'hygiéniste nommée au ministère des Solidarités et de la Santé : Agnès Buzyn, ancienne présidente de l'Institut national du cancer, puis, en 2016, présidente de la Haute Autorité de santé. Reste à savoir de quelle Agnès Buzyn la ministre est-elle l'incarnation ?

En cette période où les candidats révisent le bac, c'est en somme une nouvelle formulation du dualisme socratique : qui commande, l'âme ou le corps ? En l'occurrence la nouvelle ministre de la Santé sera-t-elle la Agnès Buzyn qui à l'occasion de Vino Bravo en 2013 (organisé par Le Point et Vin et société) déclarait : « On a tous envie de boire notre verre de vin. Je le comprends, je ne suis pas là pour dire arrêtons de boire [...] Personne ne souhaite dire en France arrêtons de boire. La question est quel est le seuil que nous acceptons. Quel est le risque que nous acceptons de prendre chacun pour notre santé. Ne demandez pas à une agence d'expertise scientifique de donner un seuil, c'est un choix individuel. »

Des « lobbys très puissants »

Nous, c'est-à-dire la salle venue l'écouter, trouvions ce discours intelligent et novateur. Plutôt que les interdits, les punitions, les menaces, les taxes, affirmer la responsabilité de chacun, traiter les citoyens en adultes et non, comme le dénonçait Gérard Oberlé (Itinéraire spiritueux), vouloir les faire vivre dans « un monde qui ressemble à un jardin d'enfants, un grand centre aéré, régi par les sectateurs de la vertu, de la décence, du bonheur obligatoire et de la santé ». Mais voilà, est-ce l'âme ou le corps qui parle quand, deux ans après, le 11 juin 2015, dans La Croix, prenant à son compte des chiffres fortement contestés par d'autres autorités médicales, elle rendait responsable de la mort de 49 000 personnes chaque année l'alcool, et plus particulièrement le vin, et clouait au pilori les vignerons et leurs représentants considérés comme des « lobbys très puissants et très bien installés en France, ceux des producteurs de vin » ?

Il semblerait que le dilemme de Socrate habite aussi le corps et l'âme de notre nouveau président, qui n'hésitait pas à se montrer défenseur de la viticulture, amateur éclairé de vins, se faisant même filmer dans une vidéo publiée par le magazine Terre de vins en pleine séance de dégustation à l'aveugle. Que sera l'avenir ? Politique intelligente d'éducation ou continuum répressif imbécile qui glisse sur les ados comme l'eau sur les plumes du canard ? Olivier Véran, le responsable de la partie santé du programme du candidat Macron, ancien membre (PS) de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, affirme au Point : « On a prévu de défendre la loi Evin, il y a un équilibre. Avec de l'éducation à la santé à l'école, en entreprise, partout, on va organiser la révolution de la prévention. »

Vaste programme dont on appréciera le contenu au fil du temps mais, comme le soulignait Pierre Dac en la matière, « mieux vaut s'attendre au prévisible que d'être surpris par l'inattendu ». En attendant, la nomination comme conseillère à l'Élysée d'Audrey Bourolleau, déléguée générale de Vin et société, est en revanche très rassurante.

Source : Jacques Dupont
http://www.lepoint.fr/politique/agnes-b ... 240_20.php
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 25 Mai 2017 21:44

Bourgogne : retour dans les vignes, un mois après le gel

Après le constat des pertes, il faut réajuster les techniques de culture de la vigne.
Reportage dans le pays chablisien, chez Thierry Hamelin

la vidéo : http://www.lepoint.fr/video/bourgogne-r ... 59_738.php
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Jeu 25 Mai 2017 22:13

C'est plus facile de donner un avis sur les réponses des Domaines face au gel que sur la politique du nouveau Ministre de la Santé en matière de vin ;)

Amitiés et
Bien cordialement,
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Ven 26 Mai 2017 10:45

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Le Languedoc, ce « diamant brut »
Le Languedoc est en émoi depuis quelques jours : Jeb Dunnuck, un des successeurs de Robert Parker, vient de publier son « Languedoc Report ». Petit zoom sur ce rapport élogieux et plein d’espoir sur la qualité croissante des vins languedociens.





Comme tous les ans, châteaux et domaines du monde entiers qui souhaitent être notés attendent fébrilement les résultats publiés dans le magazine spécialisé de Robert Parker, The Wine Advocate.

Ce n’est plus un secret, avec l’âge le critique le plus influent du monde assure petit à petit sa succession pour assurer la pérennité de ses célébrissimes guides, revues et notations sur 100 points.

Voilà qu’un nom sort du lot depuis quelques temps déjà. Celui de Jeb Dunnuck. Elu par Robert Parker pour déguster à sa place les vins de la vallée du Rhône, ce jeune ingénieur de formation, originaire de l’Indiana est un véritable spécialiste qui travaille pour le Wine Advocate depuis 2013. Amoureux de la France, il avait auparavant effectué un petit tour du globe lors de ses congés. L’idée ? Déguster entre autre les vins du Rhône qu’il affectionne tant, ainsi que ce que l’on appelle les « Rhône blends », qui sont en réalité des vins à base de cépages rhodaniens : le grenache, la syrah et le mourvèdre. Suite à cela, il avait lancé en 2008 son propre magazine sur le sujet, mis en place le site internet TheRhoneReport.com, et écrit une lettre d’information trimestrielle sur les cépages de a région. Evidemment, ce fanatique du Rhône a d’autres régions de prédilection : la Californie, le Washington, l’Espagne et, plus récemment, le Languedoc !

Décidément, le succès du Languedoc n’est pas près de prendre fin. Le Guide Parker lui a même consacré une attention particulière en envoyant Jeb Dunnuck déguster ses cuvées en janvier dernier. Par sa plume, l’américain a définitivement signé le sacre de cette région en qualifiant ses vins de véritables « diamants bruts ». Le Languedoc Report contient les notes de près de 600 vins répertoriés et commentés. Nul doute que ceux-ci vont connaître un rapide succès grâce à l’influence que peut avoir ce dossier sur leurs achats et leur référencement sur les marchés asiatiques et américains.

Jeb Dunnuck y évoque ses coups de cœurs : de petits domaines familiaux très qualitatifs, tels que Clos Marie, Mas Cal Demoura ou le domaine de l’Hortus à Pic-Saint-Loup. Pic-Saint-Loup, tout comme Faugères, Saint-Chinian ou les Terrasses du Larzac sont, selon lui, les appellations à suivre les yeux fermés, à condition de bien choisir le millésime.

Ses dégustations lui ont d’ailleurs permis d’analyser ces derniers. Si 2013 offre des vins frais, vifs, concentrés en fruit et aux tanins amples, 2014 s’avère plus variable d’un vigneron à l’autre. Cependant, force est de constater que les vins de cette année-là sont extrêmement fruités et ont l’avantage énorme de pouvoir être bus jeunes. 2015 demeure sans conteste « le plus grand millésime depuis 2010 ». Pour preuve, la pluie de notes supérieures à 90/100 attribuées à 339 vins.

Voilà un rapport qui a de quoi réjouir la filière vitivinicole régionale, et le CIVL (Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc) qui souhaite déjà accueillir à nouveau le dégustateur pour lui prouver la constance et la progression du niveau des vignerons. Jeb Dunnuck prévient en effet que si le Languedoc souhaite asseoir sa position parmi les plus grandes régions productrices du monde, les efforts doivent être poursuivis.

Mais, s’il soutient à 100% les méthodes biologiques et biodynamiques, il émet plus de réserves sur les méthodes naturelles qui sous-entendent une absence de soufre. Constatant combien certains montrent déjà des signes d’oxydation, il met en garde les producteurs contre cette tendance en émettant quelques doutes sur leur viabilité après les voyages d’exports outre-Atlantique. Vaste débat qui animera plus d’une conversation encore quelques temps !

De son côté, toute l’équipe d’iDealwine se réjouit de voir le Languedoc obtenir ses titres de noblesse au fil des ans et ne peut qu’encourager les vignerons à poursuivre sur cette belle voie !


www.idealwine.net


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Ven 26 Mai 2017 15:28

Alex,

Merci pour ce lien.
je suis content de voir que des vignerons dont nous connaissons la qualité du travail depuis des années sont enfin reconnus par un Dégustateur International.
Bien cordialement,
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Mer 7 Juin 2017 13:11

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Les ressorts du succès de la Champagne sont-ils solides ?
La Champagne viticole doit relever de nouveaux défis : prix, terroir, culture bio, concurrence des proseccos italiens ou des cavas espagnols… À l’invitation de La RVF, six acteurs majeurs de la Champagne débattent et s’engagent.



La RVF : Le classement de la Champagne à l’Unesco a été une excellente nouvelle. Que représente-t-il et qu’implique-t-il pour les Champenois ?

Francis Égly : Au niveau international, cela devrait permettre à la Champagne d’être mieux connue, mais en ce qui concerne les vins cela ne va pas changer grand-chose. On peut parler d’une dynamique supplémentaire pour faire comprendre nos vins.
Vincent Bérèche : Il faudra maintenant produire un effort pour rendre notre vignoble plus beau.
Bruno Paillard : Tout d’abord, je tiens à rendre hommage au regretté Pierre Cheval qui a porté ce projet et à rappeler qu’il est né au sein du Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC), avec l’appui de Cécile Bonnefond, ex-dirigeante de Veuve Clicquot, de Charles Heidsieck et de Piper-Heidsieck.
Raphaël Bérèche : Pierre Cheval et son équipe ont fait un travail considérable, le vignoble, les coteaux, les caves, les beaux ouvrages réalisés par nos ancêtres sont valorisés. C’est une grande chance.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Ce classement est comme un point de départ. Le vignoble a devant lui un énorme travail d’embellissement. La Champagne a été défigurée par la Première Guerre mondiale. Peu de villes et de villages de Champagne, à l’instar d’Hautvillers, le berceau du champagne, ont été reconstruits dans un souci esthétique. La Bourgogne et l’Alsace n’ont pas ce problème patrimonial. En Champagne, les vignerons et maisons n’attirent que 400 000 visiteurs par an, alors qu’à elle seule la cathédrale de Reims en accueille 1,5 million. Il y a donc un effort d’embellissement à faire.

La RVF : Ce classement peut-il aider la Champagne à mieux protéger son nom, notamment aux États-Unis où l’on continue à produire des vins effervescents vendus sous le nom de “champagne” ?

Bruno Paillard : Ce classement donne chair et lieu au champagne et à la Champagne. Il est donc évident qu’il peut jouer un rôle dans les négociations avec les États-Unis. Mais l’on sait aussi que les enjeux politico-financiers nous dépassent totalement. Rappelons qu’en 2006, l’Europe s’est couchée devant les États-Unis, face à la menace d’une taxation sur les spiritueux. Je dois dire que les deux grands groupes français de spiritueux ont été complices de cette reddition sans condition. Cette fois, nous veillons au grain, nous avons même obtenu le soutien des deux groupes français de spiritueux et du gouvernement français pour aller au bout de cette affaire. La question des indications géographiques est également sur la table des négociations. Et elle ne concerne pas que la Champagne. La Bourgogne avec la mention “Burgundy”, Chablis, Sauternes, Chianti, l’Allemagne avec la mention “Rheinwein” et le Portugal avec la mention “Port” pour le porto sont également partie prenante dans ce dossier face aux États-Unis qui s’opposent pour le moment à toutes formes de reconnaissance de ces mentions géographiques. Pour combien de temps ?

LA CONCURRENCE DES AUTRES VINS EFFERVESCENTS

La RVF : La marque “champagne” est attaquée par des concurrents comme le prosecco italien et le cava espagnol. Quelle est la stratégie des Champenois ?


Bruno Paillard : Une précision importante, c’est sur ce point que l’approche diverge avec les États-Unis : vous ne pouvez pas parler de marque. Une marque est un bien privé, on en est propriétaire et l’on peut la céder. Champagne n’est donc pas une marque, mais une appellation. C’est tout à fait différent. C’est un bien commun régi par des règles communes acceptées par tous les participants dès lors qu’ils les respectent.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Sur le plan purement logique du terme, c’est une appellation, mais il n’empêche qu’à mes yeux il s’agit aussi d’une marque, d’un symbole. N’oublions pas non plus que la Champagne représente 300 millions de bouteilles sur les 4 milliards de flacons de vins effervescents produits dans le monde par an. Comme nous ne produirons jamais 4 milliards de bouteilles en Champagne, je ne considère pas ces gens comme des concurrents, mais comme des producteurs de vins effervescents, parfois de très bonne qualité, quelquefois vendus plus cher que des champagnes. Malheureusement, sous le nom “champagne” sont vendues à la fois des bouteilles à moins de dix euros et d’autres à plus de cent euros. Est-ce possible ? Enfin, comment ne pas voir que les grandes maisons de champagne, à l’exception de Taittinger, jouent d’abord la carte de leur marque et pas assez celle de la marque “champagne”. Si les maisons sont des clubs de Ligue 1, l’appellation Champagne représente l’équipe de France. On ne mouille pas assez le maillot pour la marque “champagne”. Aujourd’hui, ce mot perd de sa valeur, il n’y a aucune publicité collective lancée pour la promotion de la marque “champagne”. Le mot “champagne” mérite un investissement publicitaire massif dans certains pays porteurs. Les vignerons y sont assez favorables, mais la grande majorité des maisons de champagne s’y oppose.
Raphaël Bérèche : La communication collective est toujours assez compliquée. En ce qui nous concerne, nous sommes à l’origine, avec le domaine Laherte, de l’événement “Terres et vins de Champagne” qui réunit pendant une semaine des dégustateurs, sommeliers et importateurs venus déguster des vins clairs. En 2009, nous en avons accueilli 150, l’an dernier, ils étaient plus de 400. Cela apporte une dynamique incroyable, nous le faisons aussi pour la Champagne.
Francis Égly : Depuis longtemps, les maisons ont surtout développé leur marque à l’international, voire se sont installées aux États-Unis ou en Angleterre, comme vous monsieur Taittinger ou la maison Moët avec les domaines Chandon. Ces maisons continuent à communiquer beaucoup autour de leur marque, même si aujourd’hui on peut entendre un discours nouveau, comme celui de Pierre-Emmanuel Taittinger. Le problème, c’est que l’énergie de la Champagne part un peu dans tous les sens. De notre côté, comme d’autres vignerons, nous organisons au domaine un événement baptisé “Trait d’Union”.
Alexandre Bader : Je suis entièrement d’accord avec ce que vient de dire Francis. On défend la Champagne, mais aussi notre croûte, que l’on soit vigneron, maison ou coopérative. Je reviens d’un voyage de deux semaines en Asie et aux États-Unis. Je suis allé défendre la France auprès du consulat général, des ambassadeurs et ensuite j’ai défendu ma cause, en l’occurrence la maison Billecart-Salmon. Nous sommes-là avant tout pour défendre la Champagne. En ce qui concerne la concurrence, je ne rejoins pas Pierre-Emmanuel, nous voici devant une concurrence féroce. Lorsque je vois certains sommeliers de restaurants prestigieux de Paris, Vancouver, New York ou Tokyo faire l’apologie de certains pétillants et ne plus parler de champagne, cela me contrarie beaucoup. On se retrouve face à des cavas, des sparklings australiens. Et petit à petit, on recule, on s’efface…
Bruno Paillard : Certes, la concurrence est rude et nous ne faisons pas le poids en termes de volumes. Mais il faut relativiser. Si nous représentons à peine 10 % de la production mondiale de vins effervescents en volumes, nous pesons 55 % du chiffre d’affaires, hors taxe, départ de cave, soit 4,4 milliards d’euros. C’est tout de même un succès considérable que le monde entier nous envie. Aujourd’hui, les Catalans produisent plus d’effervescents que nous, mais pour un chiffre d’affaires dix fois moindre. Ce qui pose une autre question, celle de la marge. De nombreux proseccos et cavas sont proposés dans les restaurants au même prix que les champagnes alors qu’ils ont été acquis par le restaurant à un prix bien plus faible.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Ces marques de proseccos et de cavas ont des coûts de production beaucoup plus faibles que les nôtres et investissent davantage dans le marketing. Quand tel sommelier d’un palace parisien vous explique que tel cava lui propose 20 000 euros pour promouvoir sa marque alors que nous, Champenois, ne lui offrons qu’une vasque et trois seaux, cela fait réfléchir. Il faut le dire, nous mettons énormément d’argent dans la matière première. Le prix du raisin revient extrêmement cher (jusqu’à 6 euros le kilo dans les grands crus, ndlr). Or, nous investissons moins d’argent dans le marketing qu’il y a vingt-cinq ans. C’est préoccupant.
Francis Égly : Pour moi, la concurrence vient en premier lieu de la Champagne et non des proseccos et autres cavas. La qualité très moyenne de certains champagnes bradés à moins de dix euros est une menace tout aussi pressante que les bulles italiennes. Si l’on tire vers le bas avec des champagnes bon marché, on ne risque pas de redorer le blason de la Champagne. C’est en augmentant la qualité des vins que l’on fera la différence.
Alexandre Bader : Oui, mais la concurrence vient aussi de l’extérieur. Aujourd’hui, dans de nombreux hôtels dans le monde, beaucoup de sommeliers ne veulent plus dépenser vingt dollars dans une bouteille de champagne. Ils préfèrent un effervescent italien ou californien moins cher qui leur permet d’augmenter fortement leur marge.
Pierre-Emmanuel Taittinger : La première marque de vins effervescents, hors champagne, produite en France, est une marque des Grands Chais de France, dont le prix de revient à la bouteille est d’un euro. Lorsque Moët a sorti sa cuvée Ice Impérial, Grands Chais de France a sorti à son tour sa cuvée Ice (sous la marque Ice Arthur Metz, avec un packaging très similaire, ndlr), vendue évidemment beaucoup moins chère. Voilà qui sont nos concurrents

LA QUESTION SENSIBLE DU COÛT DE PRODUCTION

La RVF : Aujourd’hui, quel est le prix de revient d’une bouteille de champagne ?


Francis Égly : Avec les frais de commercialisation, un domaine comme le nôtre, même s’il dépense un peu d’argent autour de sa bouteille en investissant par exemple dans des fûts, affiche un coût de production inférieur à dix euros.
Bruno Paillard : Vous ne comptez pas le marketing dans ce prix ?
Francis Égly : Le marketing, je le fais moi-même, mais je n’ai que cent mille bouteilles à vendre. J’effectue quelques déplacements dans l’année. Je ne vais pas ajouter un euro au prix de ma bouteille pour commercialiser ma production. J’aimerais aussi répondre à monsieur Taittinger qui remet en cause le prix du kilo de raisin de champagne, trop cher selon lui. Pour moi, là n’est pas le problème. En revanche, j’estime que les négociants devraient être plus exigeants sur la qualité des raisins qui leur sont livrés.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Je ne dis pas que les raisins sont trop chers. Je relève que l’argent que l’on injecte dans la matière première ne va pas dans le marketing.
Raphaël Bérèche : Nous avons clairement manqué la valorisation du champagne. Le champagne n’est pas vendu assez cher. Si le kilo de raisin augmente et que dans le même temps le négociant fait aussi monter la valeur de son produit, nous serons tous gagnants. Pour ma part, je ne me sens pas en concurrence avec ces vins pétillants. Et je crois qu’il faut accentuer le décalage entre nous et eux.
Alexandre Bader : Je représente la maison Billecart-Salmon, une petite maison de champagne familiale, et je suis fier de nos vins, mais lorsque je me retrouve dans un hôtel cinq étoiles de Tokyo avec un très beau bar et que dans une grande vasque en argent offerte par une grande maison champenoise, je ne vois plus qu’un seul champagne au milieu de quatre effervescents cela m’inquiète. Car quelques-uns de ces vins effervescents, il faut bien en convenir, sont excellents. Certains Champenois ont fait n’importe quoi. En décembre dernier, dans le métro parisien, une pub de supermarché annonçait un champagne à dix euros : avec les tickets de remise en caisse, le client pouvait l’acheter pour huit euros, c’est une honte ! Le marché est difficile, la concurrence rude sur les marchés, y compris entre Champenois. Il ne faut pas le cacher, des maisons, des coopératives et même des vignerons n’hésitent plus à brader leur production avec les résultats que l’on connaît.
Bruno Paillard : Il y a ceux qui servent la Champagne et ceux qui s’en servent, qu’il s’agisse de vignerons, de maisons ou de coopératives. Malheureusement, qu’est-ce qui peut expliquer que certains prix soient aussi bas ? Je n’ai pas la réponse, car je ne produis pas de champagnes à dix euros. Certes, quand notre groupe Boizel Chanoine Champagne a racheté Lanson, en 2006, il a hérité de la maison Burtin dont c’était la spécialité. Nous avons arrêté ce type de marché, repris depuis par certaines coopératives et de nouveaux acteurs. Concernant le prix de revient, une bouteille d’un champagne millésimé, issu exclusivement de vignes en grand cru et qui a passé dix ans en cave, coûtera toujours plus cher qu’une bouteille d’un champagne d’entrée de gamme élaboré avec des raisins de petit cru, des vins de presse et un peu de taille et qui n’aura vieilli qu’un maximum de quinze mois. Ce qui est pathétique, c’est que ce type de produit porte le nom de champagne.
Francis Égly : Attention à une chose : lorsque l’on explique que produire une bouteille de champagne de qualité revient à dix euros, dans l’esprit du consommateur, tous les producteurs qui vendent beaucoup plus cher sont des voleurs. Or, il ne faut pas oublier qu’à ce coût, il faut ajouter le foncier, l’amortissement, les droits de succession qui sont très importants quand le vignoble atteint des prix de 1,5 million d’euros l’hectare. Enfin, il y a les coûts de commercialisation. Pour un petit producteur, voyager pour vendre son champagne à l’international a un coût. Gare aux amalgames.

LA RÉVOLUTION DU TERROIR

La RVF : Pour se distinguer des maisons, les vignerons mettent en avant la production d’un champagne de terroir avec l’identification du lieu de production. Est-ce un bouleversement ?


Raphaël Bérèche : Partir de la vigne pour élaborer et vendre du vin de Champagne permet naturellement de mieux séduire le public. Et de se distinguer des autres effervescents.
Francis Égly : Plusieurs journalistes et dégustateurs ont jugé que certains vignerons produisaient des champagnes décalés, différents, par rapport à ce que l’appellation proposait normalement. Cette distinction a tiré l’appellation vers le haut et incité de nombreux vignerons à mieux travailler. Je pense que la maison Bérèche en est un bel exemple, comme les Selosse, Égly ou Larmandier. Et cette émulation a créé une certaine dynamique en Champagne.
Alexandre Bader : Les vignerons ont certainement porté haut les couleurs de la Champagne et ont peut-être aussi remodelé le style des vins de certaines marques.
Bruno Paillard : Je voudrais revenir à la notion de terroir évoquée à l’instant. En filigrane, on peut distinguer derrière, comme en opposition, la notion d’assemblage. Je vous rappelle que nous sommes le vignoble le plus septentrional de France. Afin de garantir à nos clients la régularité des vins, et ce malgré la grande variabilité climatique, les Champenois ont inventé l’assemblage. De ce fait, en Champagne, la personne est au moins aussi importante que le sol. La notion de terroir a donc un peu disparu au fil du temps et je crois que personne ici ne contestera que son retour au goût du jour est une bonne chose.
Vincent Bérèche : Un terroir, c’est un sol, un climat et un vigneron. Même si le principe d’assemblage reste la base en Champagne, le producteur qui peut mettre en place une conduite parcellaire de sa vigne ne doit pas s’en priver.

L'EXIGENCE CROISSANTE DE TRANSPARENCE

La RVF : Il est reproché au champagne de manquer de transparence sur ses étiquettes. La date de dégorgement, l’assemblage ou l’origine des raisins sont rarement mentionnés. Qu’en pensez-vous ?


Pierre-Emmanuel Taittinger : Aujourd’hui, grâce à des technologies comme le QR Code, les consommateurs peuvent scanner leur bouteille avec leur smartphone et obtenir instantanément des informations précises sur chaque cuvée de Taittinger. De nombreuses autres marques proposent ce service utile.
Bruno Paillard : Les vignerons ont apporté des précisions sur les étiquettes, mais je voudrais rappeler que la première à avoir inscrit la date de dégorgement sur tous ses vins était la maison Bruno Paillard, dès 1983. En matière de transparence, il n’y a pas de monopole des vignerons. Depuis cette époque, nous écrivons que nous n’utilisons pas une seule goutte de taille dans notre champagne (le jus issu de la seconde presse, plus amer et végétal, ndlr). Beaucoup de maisons disent la même chose, mais ce n’est pas souvent écrit sur les contre-étiquettes. Par ailleurs, l’inscription depuis très longtemps de la date de dégorgement a valorisé les anciens dégorgements, certains sont même devenus des collectors.

VIGNERONS ET NÉGOCIANTS, ALLIÉS OU EN RIVALITÉ ?

La RVF : Les relations entre négociants et vignerons ont parfois été tendues. Est-ce toujours le cas ?


Pierre-Emmanuel Taittinger : Toutes les grandes maisons de champagne ont été créées par des vignerons. Monsieur Jean-Rémy Moët, lorsqu’il a commencé, était vigneron et possédait en tout et pour tout un hectare de vignes. Plusieurs années plus tard, son nom est devenu une marque mondiale. Alors une question à nos amis vignerons : que ferez-vous, messieurs, lorsque vous commencerez à avoir du succès avec vos vins ? Deviendrez-vous négociants ? En Champagne, de plus en plus de vignerons sérieux, comme Anselme Selosse, optent pour cette voie…
Raphaël Bérèche : Oui bien sûr. D’ailleurs, mon frère et moi sommes également négociants.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Je suis content de vous l’entendre dire ! Vous n’êtes donc plus des vignerons, vous commencez à devenir des marques. Il faut l’assumer ! Quand je vais à New York ou Hong Kong et que j’entends un vigneron dire qu’il est bon parce qu’il est petit, que se passe-t-il ? Le sommelier, sous le charme, biffe une grande marque de la carte et on met à la place les vins de ce petit vigneron, qui, comme il est inconnu, ne se vend pas. Et cela se termine par la disparition des champagnes au profit d’effervescents italiens ou espagnols. Quand un petit vigneron prend la responsabilité de descendre une grande marque sur un marché alors que lui-même ne peut pas suivre, car sa production est limitée, c’est dramatique pour toute la Champagne. C’est ainsi que certains sommeliers assurent que les quinze plus grandes marques de vin ne sont plus des champagnes.
Raphaël Bérèche : J’ai débuté en 2003 et, dans la foulée, j’ai effectué mon premier voyage au Japon pour présenter mes vins. Je faisais partie d’une délégation de vignerons. Mes champagnes étaient les plus chers au sein de notre petit groupe. À côté de moi, se trouvait un vigneron qui n’a vu personne durant tout le séjour. Il a alors décidé de baisser ses prix. Cela a été terrible pour la Champagne. Mais il reste à poser cette question : pourquoi l’a-t-on laissé partir vendre ainsi son champagne ?
Francis Égly : Vendre du champagne, c’est aussi un métier. Tout le monde ne sait pas le faire. Certains négociants excellent dans la commercialisation de leurs vins, d’autres ne font pas mieux que la plupart des vignerons.

LE GOÛT DU CHAMPAGNE

La RVF : Le style du champagne a-t-il changé depuis une trentaine d’années ? Ou bien est-il intemporel ?


Alexandre Bader : Aujourd’hui, la Champagne produit environ trois cents millions de bouteilles par an. Derrière se cache une grande palette de styles, car il s’agit aussi de satisfaire les goûts des consommateurs du monde entier. Nous trouvons ainsi des vins légèrement oxydés, élevés en fûts, en foudres, en cuves inox, des vins d’assemblage ou des parcellaires, des blancs et des rosés. Quelle diversité ! Le rosé de Billecart-Salmon, par exemple, va être très différent de ceux de Taittinger, de Gosset et de Bruno Paillard. Et lorsque je vais en Chine, en Indonésie ou encore aux États-Unis, je vois bien que les clients goûtent nos champagnes différemment. Il faut garantir cette richesse.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Chez les dégustateurs professionnels, la tendance est de mettre en avant des champagnes toujours plus secs ce qui, à mon sens, est une erreur. N’oublions pas que le sucre demeure un exhausteur de goût lorsqu’il est adroitement dosé. Du reste, dans bien des champagnes non dosés, on ne distingue pas toutes les différentes fragrances qui composent leur palette aromatique.
Raphaël Bérèche : Il est vrai qu’un vin non dosé s’affaisse plus rapidement lors de l’élevage qu’un vin dosé. Il faut également rappeler que le sucre est un excellent conservateur durant l’élevage.

LA QUESTION DU BIO EN CHAMPAGNE

La RVF : Le développement de la viticulture biologique en Champagne est un phénomène nouveau apporté par certains vignerons. Où en êtes-vous ?


Francis Égly : Pour ma part, je ne revendique pas travailler en bio, même si nous avons toujours respecté les sols que nous labourons. Nous n’avons jamais utilisé les fameux composts urbains (compost issu des poubelles de Paris, répandu dans les vignes champenoises dans les années 80 et au début des années 90, ndlr). Pour moi, le bio est une philosophie qui ouvre l’esprit, une alternative aux méthodes culturales employées partout, à l’usage excessif des produits phytosanitaires épandus à une certaine époque. Je ne suis pas un intégriste du bio, mais je vais dans cette direction.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Chez Taittinger, nous avons toujours prêté attention à nos vignes. Pour vous donner un exemple, notre vignoble est planté à 95 % en sélection massale. Depuis une quinzaine d’années, la plupart des maisons et un certain nombre de vignerons sont attentifs à la façon de cultiver leur vignoble. En revanche, je crois que le bio ne doit pas être la négation de la science. Lorsque je rencontre un vigneron bio, il m’arrive de lui demander s’il compte se soigner avec des pâquerettes si un jour, par malheur, il était atteint d’un cancer.
Raphaël Bérèche : Si la Champagne avait plus d’ambition, elle inscrirait dans son cahier des charges l’abandon des désherbants chimiques, comme à Saumur-Champigny.
Bruno Paillard : Tout à l’heure, vous parliez du compost urbain, j’aimerais revenir sur ce sujet car c’est moi qui, avec l’appui du CIVC, l’ai fait interdire en 1997. Ce fut une longue bataille car qui était contre ? Le syndicat général des vignerons ! Pour ce qui est du bio, je possède une petite propriété certifiée en Provence, mais cette région méridionale n’est pas soumise au même climat que la Champagne. Ici, je travaille 89 parcelles réparties dans quatorze crus. Elles ne sont pas certifiées bio, mais elles sont toutes sont labourées. Je les ai toutes achetées à de petits vignerons et, à une exception près, aucune n’était labourée avant que je les acquière. Il ne faut pas dire que le vignoble propre est le fait des vignerons et le vignoble sale celui des maisons, ce serait trop simple !
Raphaël Bérèche : Je suis président de la section locale des vignerons de Ludes. Au domaine, nous n’utilisons plus de désherbants depuis 2003. Cela a été long, mais aujourd’hui, nous essayons de faire école dans les villages. Je dois vous dire que c’est très compliqué. Nous nous faisons railler voire insulter dans les réunions. Mais en tant que jeune négociant champenois, c’est à nous d’imposer une qualité de travail dans les vignes et cela se joue avant l’achat de raisin. Il n’y a que comme cela que nous ferons évoluer les mentalités.
Pierre-Emmanuel Taittinger : Et pourquoi évolueraient-elles à partir du moment où certaines maisons vous invitent à consommer du champagne avec du vermouth, de la vodka ou d’autres spiritueux ? Voilà une attitude désespérante. Ceux qui font cela détruisent la Champagne. Car à quoi bon payer six euros le kilo de raisin pour dire que l’avenir est au mélange du champagne et de la vodka ? Je trouve cela dramatique. Ce sont les fossoyeurs de la Champagne.
Alexandre Bader : Ceux qui font cela utilisent le nom “champagne” uniquement pour valoriser un cocktail. C’est scandaleux. Ce sont des apprentis sorciers du marketing, il faut ne jamais avoir posé le pied dans une vigne champenoise pour avoir imaginé pareille chose.
Raphaël Bérèche : Reste que les grands sommeliers internationaux assurent que l’appellation la plus novatrice et excitante depuis cinq ans, c’est la Champagne.
Alexandre Bader : Voilà qui est bien parlé : nous n’avons pas d’équivalent dans le monde. Certains nous chatouillent et cela nous incite à sans cesse améliorer la qualité de nos vins, mais on ne démarre pas un moment convivial ou festif dans le monde sans un verre de champagne. C’est fantastique ! Champagne est une appellation, mais aussi une marque sur laquelle il faut travailler car on l’a largement sous-estimée. Peut-être que les instances champenoises ne sortent pas assez pour mettre en avant le fabuleux patrimoine dont nous disposons.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Mer 7 Juin 2017 13:18

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Entretien avec François Perrin : "Un grand vin, c’est de l’émotion et de la civilisation"
Depuis plus d’un siècle, la famille de François Perrin occupe une place de choix à Châteauneuf-du-Pape, à la tête du célèbre château de Beaucastel. François Perrin livre sa vision du grand vin et dévoile les ressorts d’une réussite collégiale.



La Revue du vin de France : Propriétaire du château de Beaucastel à Châteauneuf, les Perrin règnent sur un large patrimoine. Pouvez-vous préciser ?
François Perrin
: Pour les Perrin, tout a commencé dans le vin avec Beaucastel, la propriété de famille à Châteauneuf-du-Pape achetée par mon grand-père en 1909, au lendemain du phylloxéra. Ma famille travaillait alors dans les huiles d’olive, les huiles Tramier. Après avoir un temps géré les huiles et le vin, en 1956, mon père a décidé de prendre la branche vin de la famille. Mon frère Jean-Pierre et moi lui avons succédé depuis 1978. Deux vins sont produits sous le nom de Beaucastel : Château de Beaucastel en Châteauneuf-du-Pape et Coudoulet de Beaucastel en Côtes du Rhône.

La RVF : Oui, mais la famille Perrin, aujourd’hui, c’est bien plus que Beaucastel, n’est-ce pas ?
F. P.
: Oui, nous avons avec Jean-Pierre développé La Vieille Ferme, un côtes-du-ventoux et un côtes-du-luberon, deux vins simples mais de qualité. Ils ont rencontré un beau succès dans les années 90. Petit à petit, nous avons acquis des vignobles de Côtes du Rhône, regroupés au sein des domaines Perrin, avec différentes appellations : Vinsobres, Gigondas, Vacqueyras, Cairanne. Ce sont des vins de propriétés signés Perrin, qui sont aussi alimentés par quelques baux qui nous permettent de maîtriser le travail de la vigne. Perrin est vraiment une activité vigneronne. À Gigondas, nous avons eu la chance de pouvoir acheter le domaine du Clos des Tourelles, avec un joli clos d’une dizaine d’hectares. Et en 2009, nous avons racheté le restaurant du village, L’Oustalet, où officie un grand cuisinier, le fils d’un ami, Laurent Deconinck. Enfin, nous avons créé la maison Nicolas Perrin, une petite activité dans le Rhône nord, puis relevé l’opportunité de faire des vins rosés avec Brad Pitt et Angelina Jolie, à Miraval.

La RVF : Quelle est votre définition du grand vin de Châteauneuf-du-Pape ?
F. P.
: Un grand châteauneuf-du-pape, c’est d’abord un vin qui vieillit. À l’origine, les AOC ont été créées autour d’une notion : les vins qui voyagent. Donc, au sein d’une appellation historique comme Châteauneuf-du-Pape, il faut essayer de produire des vins qui voyagent, qui vieillissent. Le second point, très important pour un grand vin, consiste à apporter de l’émotion. C’est même là sa définition : le grand vin apporte de l’émotion. Et de la civilisation.

La RVF : De la civilisation ? Pouvez-vous préciser ?
F. P.
: La civilisation, dans le vin, c’est un usage, une façon de le boire. Un vin d’expression, c’est un vin de terroir, une combinaison subtile associant des cépages, le climat, la géologie et les hommes, avec leurs habitudes. C’est l’addition d’une expression particulière et de la civilisation qui donne un grand vin de terroir, j’espère que Beaucastel possède toutes ces qualités.

La RVF : Vous préférez les vins carrés plutôt que les vins ronds. Qu’entendez-vous par cette formule ?
F. P.
: J’aime les vins définis, par opposition aux vins qui s’étalent. J’aime les vins qui ont une limite. J’aime les vins qui sont dans un rectangle et qui ne partent pas dans tous les sens. Je sais que les vins de Beaucastel sont dans ce style, plutôt pointus, rectangulaires que ronds. C’est dans cet esprit que nous les élaborons.

La RVF : Préférez-vous les châteauneuf-du-pape avec une forte proportion de mourvèdre, au détriment du grenache ?
F. P.
: Non, car on peut trouver des vins de grenache complètement définis. Mais les vins de mourvèdre sont à caractère nordique et à Châteauneuf-du-Pape, ce cépage est certainement planté à sa limite la plus septentrionale. Or, toutes les grandes choses se réalisent dans la difficulté, il faut pour les entreprendre osciller entre le génie et la folie, se situer sur la bordure. Ceci est valable pour tous les grands produits, et donc pour les grands vins. Faire mûrir du mourvèdre à Châteauneuf-du-Pape, c’est toujours difficile. Mais lorsque le mourvèdre atteint sa maturité, le vin obtenu est indépassable.

La RVF : La hausse du niveau d’alcool des vins interpelle nos lecteurs. Est-ce un problème pour vous ?
F. P.
: Le réchauffement climatique est un élément essentiel pour tout vigneron. On fait beaucoup d’essais, notamment avec la bentonite, une argile qui élimine les protéines et réduit l’activité des enzymes. On essaie de ralentir la photosynthèse. Nous sélectionnons des levures indigènes, issues de notre vignoble, qui consomment plus de sucre pour produire un degré d’alcool. Nous avons aussi l’avantage d’être à Châteauneuf-du-Pape, où treize cépages sont autorisés. Certains donnent des degrés alcooliques plus faibles, cela permet d’équilibrer les vins. Nous cultivons les treize cépages et le mourvèdre ou la counoise, ici à leur limite nord, sont moins alcoologènes que d’autres.

La RVF : Ces dernières années, plusieurs domaines de Châteauneuf-du-Pape ont émergé au niveau mondial comme Saint Préfert ou le Clos Saint Jean. Les Perrin sont-ils davantage challengés ?
F. P.
: Un groupe de jeunes gens incarne l’avenir et j’en suis très heureux. Mais il reste du travail. Nos vins de Châteauneuf sont exceptionnels, mais pas assez connus en France comme étant exceptionnels. Ce qui est sûr, c’est que Châteauneuf a trouvé sa voie, celle des vins de qualité. Je me souviens d’un temps pas si lointain où Châteauneuf-du-Pape se cherchait. On se posait des tas de questions : faut-il faire des vins plus légers, plus élégants, moins alcooliques ? Aujourd’hui, un cap est tracé.

La RVF : Beaucastel a affirmé son style, c’est indéniable. Mais avez-vous des disciples ?
F. P.
: Je ne sais pas si des vignerons nous ont suivis en matière de style, car il est difficile de résumer ou même de définir précisément le style Beaucastel. D’abord, il change chaque année. On essaie, par l’assemblage, de tirer chaque année la quintessence du millésime. Mais il est certain que nous avons été suivis dans la recherche de qualité. Et Beaucastel, c’est sûr, a contribué à affirmer l’identité de grand vin associée à Châteauneuf-du-Pape.

La RVF : Vous défendez l’idée des beaux amers dans les vins blancs. Ce côté salin, c’est votre signature ?
F. P.
: Oui, sur les vins blancs. Nous sommes dans une région du Sud, avec peu d’acidité. Nous avons de la glycérine, ce constituant naturel du vin qui apporte son caractère coulant, gras, voire moelleux. Il y a lieu de compenser. Pour cela, il faut quelque chose qui donne un coup de poing à la dégustation, et ce coup de poing, c’est le salé, le salin, l’amer. C’est lui qui tient le vin. Sans lui, le vin serait plat. C’est lui qui, justement, maintient le vin un peu carré.

La RVF : L’un des grands succès récents de la famille, ce sont les rosés. Comment avez-vous fait ?
F. P.
: D’abord, nous avons eu la chance que Brad Pitt et Angelina Jolie aiment les vins de Beaucastel. Ils nous ont approchés en nous demandant si nous pouvions être leurs consultants à Miraval, une magnifique propriété de 500 hectares en Côtes de Provence. Nous leur avons dit : « Consultants, non, mais nous pouvons vous aider. Si vous voulez, on s’associe à 50/50 pour développer Miraval ». Brad et Angelina ont dit d’accord. Depuis, nous avons la chance de pouvoir côtoyer Brad Pitt, un garçon passionné par la viticulture, un vrai vigneron. Une fois par mois, il est sur la propriété, il veut apprendre, savoir ce qu’est le vin, il s’intéresse à la culture de la vigne, suit les vinifications, toutes les facettes du métier l’interpellent.

La RVF : La séparation annoncée du couple d’acteurs peut-elle avoir des conséquences sur votre association à Miraval ?
F. P.
: Actuellement, rien n’est changé dans notre association. Brad Pitt est très francophile. Je l’ai parfois senti prêt à changer de vie pour s’installer en France, il a la passion de ce métier. Il investit beaucoup en France, élève des murets de pierres sèches pour remonter ses terrasses, emploie des ouvriers spécialisés, il aime sincèrement la France, et à mon avis il est mûr pour s’impliquer à 100 % dans la viticulture.

La RVF : Pourquoi les rosés de Provence sont-ils considérés comme les meilleurs du monde ?
F. P.
: Cela peut surprendre, mais la Provence offre des zones plutôt froides qui permettent de produire des rosés à la fois friands et élégants. Le rosé est par ailleurs un vin de fête, un vin de vacances et le rosé de Provence, lié à la Méditerranée, incarne parfaitement cet esprit. Même si l’on commence à produire des rosés plus complexes.

La RVF : Chez les Perrin, tous les postes de direction sont occupés par des membres de la famille. Hors la famille, point de salut ?
F. P.
: Nous n’avions pas de plan familial au départ. Mon frère Jean-Pierre et moi représentons aujourd’hui la vieille génération. C’est dommage, mais c’est comme ça ! Mon frère a eu quatre enfants, trois garçons et une fille ; moi, j’ai eu trois garçons. Avec Jean-Pierre, on s’est toujours dit : « Restons ensemble au lieu de nous séparer et créons quelque chose ». C’est ce que nous avons fait avec La Vieille Ferme et Perrin. Nos enfants ont fait leurs études, ils ont travaillé dans différentes sociétés puis, petit à petit, ils ont tous rejoint le giron familial. C’est l’une de nos grandes réussites, à Jean-Pierre et moi.

La RVF : Comment sont prises les décisions au quotidien ?
F. P.
: Nous n’avons voulu spécialiser personne, car la famille, c’est un ensemble. Chacun touche un peu à tout. Bien sûr, si l’un est en charge d’un sujet précis, il va jusqu’au bout, mais nous avons instauré une réunion mensuelle. Chacun y expose ses travaux en cours, ses projets, en précisant à chaque fois où il en est. À partir de là, la famille lui donne quitus ou bien lui dit : «Écoute, non, il faudrait sans doute mieux aller dans telle ou telle direction ». C’est peut-être là une clef de notre succès. Nous laissons chacun libre de mener à bien son projet, son activité, tout en rapportant chaque mois à la famille réunie.

La RVF : Vous avez perdu votre père en 1978, à 24 ans. Aujourd’hui, que cherchez-vous à transmettre à vos enfants ?
F. P.
: Mon père était un homme exceptionnel, brillant, intransigeant. J’étais jeune en effet lorsqu’il nous a quittés et j’ai dû assumer certaines responsabilités. Je n’y étais pas forcément préparé. Mais cela m’a permis de multiplier les expériences et les essais, sans limite ou presque. C’est peut-être cela que je veux transmettre à mes enfants et à mes neveux, cette capacité de pouvoir expérimenter sans entrave. D’abord parce que je ne possède aucune vérité, je n’ai que des incertitudes. Et après 38 années de vinifications, je suis toujours à la recherche de la vinification absolue, sans savoir si elle existe d’ailleurs. J’espère que mes enfants la trouveront, et pour cela, je les laisse faire.

La RVF : Beaucastel ou les rosés de Miraval se vendent dans le monde entier. Que représente aujourd’hui le marché français pour vous ?
F. P. :
La France représente de plus en plus. Les vins du Rhône, Perrin, le château de Beaucastel et même Miraval sont de plus en plus vendus en France. À l’export, les jolis vins du Rhône sont depuis longtemps considérés comme l’équivalent des plus grands vins de France. La France est en train de redécouvrir les vins du Rhône, longtemps considérés comme en retrait par rapport aux vins bourguignons et bordelais. Il reste du chemin, mais je suis certain que dans quelques années, la France aussi considérera que les grands vins français sont aussi produits dans le Rhône, et en particulier dans le Rhône Sud.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Mer 7 Juin 2017 13:21

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Michel Reybier : "pour moi, Cos d’Estournel n’est pas une danseuse !"
Devenu propriétaire, l’ex-magnat de l’agro-alimentaire regrette que Bordeaux s’éloigne de ses clients.



La Revue du Vin de France : Quel vin avez-vous choisi pour accompagner cet entretien ?
Michel Reybier
: J’ai ouvert ce saint-estèphe 2005 du château Cos d’Estournel. Mon goût personnel me porte vers les vins rouges. Ensuite, ce millésime de Cos d’Estournel vient récompenser tout le travail réalisé à la propriété après le rachat du château, en 2000. Le vin est précis, net et pur, comme je le voulais. Il symbolise parfaitement l’esprit des Cos d’Estournel modernes qui ont gagné en définition de fruit et en équilibre.

La RVF : Comme beaucoup d’entrepreneurs qui ont réussi dans les affaires, vous avez investi dans le monde du vin. Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce secteur ?
M. R.
: Ce n’est pas la réussite dans le monde des affaires qui m’a poussé vers Cos d’Estournel, mais un coup de cœur pour ce superbe château. J’avais rencontré son ancien propriétaire, Bruno Prats qui m’avait parlé de son cru et j’ai été séduit par l’histoire de cette propriété. Plus tard, en le visitant, j’ai perçu son côté unique, son originalité. Il a tout pour rayonner dans le monde et devenir une marque encore plus forte. Très peu de produits véhiculent une image aussi exclusive et forte, les grands bordeaux ne sont comparables à rien d’autres. Le vin n’est pas une danseuse pour moi, je n’ai pas d’argent à investir dans une propriété dans laquelle je me promènerais le samedi. J’aime ce produit et le potentiel qu’il porte.

La RVF : Qu’avez-vous apporté à Cos d’Estournel depuis votre arrivée ?
M. R.
: Je pense que nous sommes plus proches de la vigne, des saisons, de la terre, de la nature en quelque sorte. Je suis très attaché à tout ce qui se passe en amont, avant que le vin soit élaboré. La manière dont nous cultivons nos sols, dont nous respectons le raisin. L’écoute que nous avons du terroir a beaucoup progressé depuis quelques années, ce qui se traduit ensuite dans les vins. Je suis aussi très attaché aux hommes qui élaborent le produit final. Je les écoute et les respecte beaucoup. Ensemble, nous avons donné naissance à un Cos d’Estournel encore plus ciselé et défini.

La RVF : Vous avez aussi bâti un chai des plus spectaculaires qui a beaucoup fait parler de lui à Bordeaux.
M. R.
: C’est vrai, mais je tiens à souligner que l’on parle beaucoup de ces chais et autres constructions récentes pour les prouesses architecturales réalisées, pour leur caractère purement esthétique. Or à Cos d’Estournel, nous avons toujours donné la priorité à la fonction technique des bâtiments. Ce qui est bon pour l’élaboration du vin a été retenu, ce qui ne l’est pas a été écarté. Il nous a fallu cinq ans pour penser cet édifice. Nous n’avons rien négligé et surtout nous avons pris soin de respecter la tradition, ce que nous avons parfaitement accompli. Ce projet n’a pas toujours été facile à piloter. J’ai dû beaucoup échanger avec Jean-Michel Wilmotte (l’architecte qui a signé cette réalisation) afin que le chai ne soit pas un défi artistique, mais bien un outil au service du vin.

La RVF : De votre expérience dans le domaine de l’agro-alimentaire, qu’avez-vous utilisé ou retenu pour le château Cos d’Estournel ?
M. R.
: Rien d’un point de vue technique. Mais d’un point de vue commercial, j’ai fait appel à ma connaissance du client. Je le connais, l’écoute et le respecte. J’ai donc voulu que notre manière de travailler soit exclusivement tournée vers les clients de Cos d’Estournel, vers ceux qui vont boire ses vins.

La RVF : Pensez-vous qu’il manque à Bordeaux justement une relation directe avec le client ?
M. R
. : Certainement ! Depuis des siècles, le vignoble bordelais connaît une situation tellement privilégiée que la région a fini par oublier le consommateur. Or ces dernières années, celui-ci a vu son pouvoir d’achat fléchir. De plus, son comportement change avec le digital et va encore beaucoup évoluer dans les années à venir. Bordeaux n’est pas assez attentif à ce qui est en train de se produire et pourrait en souffrir à terme.

La RVF : C’est le rôle du négoce que de vendre les vins, non ?
M. R
. : C’est vrai et je crois qu’il y a aujourd’hui une méconnaissance de la révolution que connaît notre monde. Je l’observe dans un autre de mes secteurs d’activité, l’hôtellerie. Nous y voyons ce que le digital est en train de provoquer comme bouleversements. Aujourd’hui, le client est complètement informé sur tout et en permanence, il peut comparer les prix immédiatement et se faire livrer n’importe où dans le monde. Fort de ça, il va modifier ses habitudes de consommation et ira au plus compétitif et au plus efficace, sans état d’âme.

La RVF : Cos d’Estournel se vend cher et son prix a beaucoup augmenté, comme bien d’autres, ces dernières années. Quelle est votre stratégie en termes de prix ?
M. R.
: Je ne considère pas que Cos d’Estournel soit cher. Lorsque je regarde, par exemple, les prix des grands bourgognes aujourd’hui, je me dis que nous ne sommes plus dans la fourchette la plus haute du marché. Il en va de même pour les meilleurs vins italiens ou les prestigieuses cuvées californiennes. Le problème des grands bordeaux n’est pas lié à un prix qui serait trop cher, mais au déficit d’explication qui l’accompagne. Nous avons, je le répète, la chance d’avoir des vins merveilleux, mais nous sommes trop éloignés de nos clients qui, du coup, ne comprennent pas toujours ce qu’il y a de fantastique dans nos vins.

La RVF : Pourquoi le public considère-t-il normal qu’un chambertin soit vendu 150 euros et pas un grand bordeaux ?
M. R
. : Le producteur bourguignon ou son agent vont voir les consommateurs, les sommeliers, mais pas nous. Nous ne pouvons nier qu’il y a un problème de relation entre les producteurs à Bordeaux et notre clientèle. Il faut travailler davantage, nous rapprocher du négoce, être plus présents et que l’ensemble de la filière soit plus transparent. En un mot : expliquer notre stratégie.

La RVF : Le prix des bordeaux fait également un yo-yo permanent difficile à comprendre pour les clients…
M. R.
: C’est un élément que le consommateur ne comprend pas. Que le millésime soit jugé bon, très bon ou exceptionnel, que le prix double ou soit divisé par deux, que les volumes soient importants ou pas, sont des données dont il se fiche. Il veut juste boire un bon vin au juste prix, pouvoir se fier à une marque et lui être fidèle. Ce phénomène de variation de prix, propre à Bordeaux, dure depuis des décennies et il déconcerte aujourd’hui les consommateurs. J’en parle avec mes collègues, mais la tradition est bien ancrée même si elle est antinomique avec la vie d’une marque telle que nous devons la concevoir aujourd’hui.

La RVF : Vous pourriez, tel château Latour, sortir du système des primeurs ?
M. R.
: Ce n’est pas d’actualité à Cos d’Estournel. Je respecte le choix de château Latour. Un choix audacieux que certains ont visiblement mal compris. Peut-être ne l’ont-ils pas assez expliqué ? Quoi qu’il en soit, c’est une stratégie intéressante, mais que je n’entends pas appliquer à Cos d’Estournel.

La RVF : Vous dites qu’il faut écouter le consommateur, mais n’est-ce pas nier le terroir et l’histoire du vin ?
M. R.
: Il faut savoir écouter le consommateur sur les grandes tendances, sans pour autant, bien sûr, renier le terroir qui confère son identité à notre vin. De toute manière, le terroir de Cos d’Esournel est ce qu’il est, et le vin qui y est produit possède, quoi que nous fassions, un style qui lui est propre. Mais si vous vous entêtez à produire un vin très concentré et boisé alors que la demande va vers des vins plus tendres et fruités, vous aurez du mal à le vendre. Il faut surtout savoir écouter les consommateurs sur les prix et le positionnement de la marque, créer un dialogue avec toutes les franges de notre clientèle, pas uniquement avec des esthètes spécialistes ou des grands collectionneurs. Tous les clients ont un avis que je respecte, y compris celui qui n’achète qu’une bouteille de temps à autre.

La RVF : Depuis le rachat de Cos d’Estournel, vous avez agrandi la propriété jusqu’à 92 hectares. Et après ?
M. R
. : Je n’ai rien de précis en tête pour le moment. Cela dépendra des opportunités susceptibles de se présenter. Si de grands terroirs compatibles avec ce que nous produisons deviennent accessibles, je serai bien sûr acheteur. Je ne me fixe aucun objectif en termes de taille. Il faut savoir que même si Cos d’Estournel s’est agrandi au fil du temps, nous produisons aujourd’hui moins de grand vin, car nous sommes extrêmement sélectifs.

La RVF : La rumeur que Cos d’Estournel serait à vendre court depuis un bon moment. Est-elle fondée ?
M. R
. : C’est faux, je n’entends pas du tout m’en séparer. C’est le seul endroit dans lequel j’ai le sentiment d’apporter quelque chose de solide et de durable, avec une inscription dans le temps. J’ai certes conscience de n’être que de passage et je ferai en sorte que cette propriété demeure dans ma famille. Cos d’Estournel ne sera pas vendu de mon vivant, je ne peux pas être plus clair.

La RVF : Et vous pourriez-vous porter acquéreur d’une autre propriété à Bordeaux ?
M. R.
: La réponse est oui, mais pas n’importe quoi et à n’importe quel prix. Il faudrait quelque chose qui soit au moins du niveau de Cos d’Estournel et qui ait un sens. Malheureusement, ça ne court pas les rues…

La RVF : Vous avez repris en 2013 Pressoirs de France, un producteur de champagnes bon marché pour la grande distribution et sa marque Jeeper, suite au dépôt de bilan du groupe. Pourquoi être allé en Champagne ?
M. R.
: Le champagne est un produit auquel je crois beaucoup, il va dans le sens de l’histoire. Le champagne possède beaucoup d’atouts et de potentiel. Il s’agit d’une appellation unique, avec une image puissante dans le monde. Il plaît au plus grand nombre et le style des vins est plus moderne que jamais. Ensuite, il y a eu la rencontre avec un homme, Nicolas Dubois qui, avec Pressoirs de France, avait mis tout son cœur et son énergie dans cette entreprise champenoise, mais il avait sans doute été mal conseillé. C’est pour ces différentes raisons que je me suis embarqué dans cette aventure.

La RVF : Bordeaux, la Champagne mais aussi Tokay… Y a-t-il des synergies entre tous ces domaines ?
M. R.
: Sur le plan technique, c’est évident. Nous partageons des expériences et un savoir-faire. Sur le plan commercial, c’est plus compliqué, car chaque région possède ses propres règles et traditions en matière de vente. Chaque vin a son positionnement de qualité et de prix, ce qui rend complexe les accords de distribution. En ce qui nous concerne, les circuits sont donc bien distincts.

La RVF : Vous êtes aussi propriétaire d’hôtels de luxe. Quelles relations existe-t-il entre ces deux univers ?
M. R.
: Je vous parlais tout à l’heure de la nécessité de connaître le client. Si à Cos d’Estournel nous avons du mal à créer une relation proche avec lui, dans l’hôtellerie, nous sommes en prise directe. Ces deux univers sont par ailleurs proches et nous croisons le même type de clientèle. Il y a certainement des synergies plus fortes à développer entre ces deux activités.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Mer 7 Juin 2017 15:19

Merci, Alex, de venir alimenter avec un si abondant matériel cette rubrique, après une courte pose.
Les articles sont intéressants, je les ai lus avec plaisir
Bien cordialement,
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Lun 12 Juin 2017 12:53

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Domaine Arlaud : le bourguignon à l’ascension infinie
Même au cœur de la Bourgogne, une des régions française les plus anciennes et traditionnelles du vin, certains n’ont pas peur d’avancer à contre-courant et de se mettre uniquement à l’écoute de leur terre et de leurs vignes. Nous vous offrons aujourd’hui un aperçu du travail considérable effectué par le domaine Arlaud, situé dans la Côte de Nuits, depuis quelques décennies. Des efforts largement récompensés et dont la notoriété n’a pas fini de croître.





L’histoire du domaine ressemble à un conte de fées : alors que la Seconde guerre mondiale fait rage, le jeune ardéchois Joseph Arlaud rencontre la bourguignonne Renée Amiot. Ils se marient, et, en plus d’avoir un enfant, ils reçoivent de belles vignes dans la Côte de Nuits en guise de cadeaux de noces. Très vite, Joseph Arlaud entreprend d’agrandir les terres en 1949. Il achète des parcelles supplémentaires et développe une activité pépinière, qu’il abandonnera d’ailleurs dans les années 70 pour se consacrer uniquement à la viticulture. Enfin, 1966 signe l’achat d’une cave exceptionnelle de plus de 600 ans. En réalité ancien grenier à sel de Nuits-Saint-Georges, cette acquisition moyenâgeuse devient une véritable fierté de la famille qui décide de la faire figurer sur les étiquettes de ses cuvées.

Les années passent, le domaine prospère, et en 1982, son fils Hervé prend la relève. A l’image de son père, Hervé est ambitieux. En plus d’agrandir à nouveaux l’exploitation et de travailler dans les vignes, il assure la partie commerciale de ses vins. On pourrait presque croire que ce n’est pas du sang qui coule dans les veines de la famille Arlaud, mais du vin. Contaminés à leur tour par la passion vitivinicole, ses trois enfants viennent en renfort et le secondent pendant 8 ans, de 2004 à 2012. Aujourd’hui, le fils Cyprien, arrivé en 1997, gère seul le domaine de 15 hectares aux 19 appellations situés dans les meilleurs terroirs de la Côte de Nuits, car implantés sur plusieurs grands crus tels que Clos de la Roche, Bonnes-Mares, Clos Saint-Denis et Charmes-Chambertin.

Avec lui, le domaine change de figure. Une prise de conscience émerge : celle de la préservation des terroirs uniques bourguignons. L’aventure de la lutte raisonnée débute en 1999 avec l’arrêt de l’usage des herbicides avant d’étendre la démarche en convertissant l’ensemble du domaine aux principes de la culture biologique. Dix ans plus tard, la famille qui ne s’arrête pas en si bon chemin, décide de travailler en biodynamie en utilisant entre autre les fameuses préparations de bouse de corne, qui en ont fait rire plus d’un lors des premiers essais. Adieu les sourires moqueurs, 2014 récompense enfin ces efforts de longue durée : le domaine est le premier de Morey-Saint-Denis à recevoir la certification biologique et biodynamique pour l’ensemble de ses vins.



Dans les vignes, Nougat et Oka, les deux chevaux de traits, labourent la terre depuis 2004 grâce à l’initiative de Bertille Arlaud. Le reste du travail est manuel. Taille hivernal, ébourgeonnage, palissage, vendange, effeuillage… rien n’est laissé au hasard et les Arlaud passe au crible fin chaque sarment de pinot noir, de chardonnay et d’aligoté.

Après les tris dans les vignes et sur table, la globalité des raisins vendangés sont égrappés. Au chai, les Arlaud adoptent des méthodes douces pour laisser le fruit s’exprimer pleinement : la fermentation commence de façon naturelle après macération et dure une vingtaine de jours avec peu de remontages et de pigeages. Les intrants (levures, enzymes, tanin ou tout autre produit) sont bannis, et les vins vieillissent en fûts durant un peu plus d’un an (entre 14 et 16 mois).

La complexité des vins est travaillée elle aussi. Le pourcentage de fût neuf diffère en fonction du millésime et des cuvées : 15% pour les appellations villages, 20 à 25% pour les appellations premier cru, 30% pour les grands crus.

Les vins sont saisissants de finesse, d’élégance et de pureté. Un domaine qui s’est déjà hissé à un niveau élevé, qui monte, et qui montera sûrement encore. A suivre attentivement, donc.



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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Lun 12 Juin 2017 13:00

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Vins bio, en biodynamie, agriculture raisonnée, vin nature … Comment s’y retrouver ?
Vous vous y perdez légèrement entre les nombreuses certifications environnementales que l’on octroie aux vins ? C’est un peu normal. Faisons le point ici.




Alors que les derniers chiffres sur la viticulture bio en France viennent de sortir, on s’est dit qu’une petite mise au point sur les principales certifications environnementales du vin ne ferait de mal à personne. Selon l’Agence Bio, il y aurait en France en 2016 5263 exploitations viticoles bio – 70 740 ha, soit 9 % du vignoble français – , ce qui représente un hausse de 2 % par rapport à 2015. La croissance du vins bio se poursuit donc, mais savez-vous réellement de quoi il s’agit ?

On sait tous à peu près ce qui se cache derrière les termes de bio, biodynamie, raisonné, nature, mais il serait peut-être temps que ce « à peu près » se transforme en connaissance claire et un peu plus précise. Après tout, l’urgence d’agir pour préserver notre planète mérite bien qu’on s’attarde quelques minutes sur les possibilités existantes pour limiter l’impact de la viticulture sur l’environnement et sur nos santés. Faisons donc le point ensemble sur les principales certifications existantes aujourd’hui en matière de viticulture durable.


L’agriculture raisonnée : la moins contraignante des démarches respectueuses de l’environnement

L’agriculture raisonnée (dont découle la viticulture raisonnée), vise à limiter l’impact de l’activité agricole sur l’environnement. L’idée est de n’utiliser que le minimum de produits chimiques, de ne traiter la vigne que lorsque cela est nécessaire (contrairement aux cures préventives autrefois répandues) et d’assurer une transparence totale de ces traitements de la vigne (exigence de traçabilité). Cette démarche est officiellement reconnue depuis 2002 et elle est certifiée par le label Terra Vitis.


Des vins bio –désormais encore « plus bio » grâce à l’Union Européenne (mais qui peuvent encore progresser) :

Jusqu’en 2012 un « vin bio », était en fait un « vin issu de la viticulture biologique », c’est-à-dire produit à partir de raisins certifiés en agriculture biologique, donc respectant un cahier des charges spécifique bannissant les pesticides, herbicides, engrais chimiques et OGM (ce qui revient à n’utiliser que des produits exempts de molécules organiques de synthèse). Donc seuls les raisins étaient en réalité certifiés en agriculture biologique. Mais, depuis février 2012, la mention « vin biologique » est régie par de nouvelles règles européennes1. Désormais, pour obtenir cette certification, il faut non seulement que les raisins soient issus de l’agriculture biologique, mais également que la vinification remplisse un cahier des charges défini par Bruxelles comportant des règles de vinification plus « propre », telle qu’une teneur maximale en sulfites inférieure par rapport aux doses maximales autorisées pour les vins conventionnels. Cet écart est par exemple de 50mg/l pour les vins rouges secs avec une dose maximale de 150 mg/l autorisés en agriculture conventionnelle, contre 100mg/l en agriculture biologique2 . Pour autant, ces limites restent encore assez élevées. On remarquera au passage, qu’un vin bio n’est absolument pas synonyme de vin nature (dit sans souffre), même s’ils peuvent l’être également, ce n’est pas une obligation. Le cahier des charges des vinifications stipule également que ne sont autorisés que les additifs certifiés biologiques (lorsqu’ils existent), par exemple pour les levures (les levures exogènes sont autorisées en bio) ou pour le sucre servant éventuellement à la chaptalisation. D’autres intrants autorisé dans la viticulture traditionnelle sont tout simplement interdits pour les vins bio comme l’acide malique. En France, il existe six organismes agréés par le ministère de l’Agriculture – et par l’UE – , l’INAO et la DGCCRF pour délivrer le label « AB », mais le plus important est Ecocert.


Les vins biodynamiques : le Graal pour le respect de l’équilibre naturel

Pour obtenir la certification en biodynamie par Demeter ou bien par Biodyvin, il faut au préalable être certifié en agriculture biologique (ou être en cours de certification). Il y a donc un « tronc commun » entre la viticulture biologique et biodynamique, mais la biodynamie va beaucoup plus loin dans le sens où elle prescrit le respect des cycles naturels et de la vie des « organismes agricoles » c’est-à-dire de la vie d’un domaine viticole pensé dans son ensemble. Une sorte de démarche bio assortie d’une démarche spirituelle, d’un mode de vie et d’agriculture en osmose avec la nature, un équilibre de la vigne avec son environnement proche tout d’abord, mais également très lointain (influence des astres). La biodynamie est un système de production inspiré par l’anthroposophie et dont le maître à penser est le célèbre Rudolf Steiner (philosophe et agronome autrichien). Elle consiste dans les grandes lignes à réhabiliter et intensifier la vie organique au sein des vignes (innombrables micro-organismes présents dans le sol, le sous-sol et sur les vignes), dans le but de mieux respecter l’environnement et de permettre la plus juste expression du terroir dans les vins ; mais aussi à prendre en compte les cycles lunaires et les positions planétaires (pour leur influence sur la vie et la croissance des plantes) ; améliorer la qualité des sols et des vignes naturellement, par des préparations issues de matières végétales, animales ou minérales (les préparâts) pulvérisées à dose homéopathique pour renforcer les vignes ou dynamiser les sols ; travailler les sols par labours pour les aérer. Les doses de sulfites maximales sont plus faibles que pour la viticulture biologique.

Cette démarche fait beaucoup plus débat que le bio et ses défenseurs passent parfois pour des illuminés, pourtant, pour de nombreux dégustateurs, les vins biodynamiques comme les vins biologiques, semblent l’emporter sur les vins conventionnels du point de vue de la qualité organoleptique, comme l’explique par exemple Antoine Gerbelle, journaliste à la Revue du Vin de France3.


Non, les vins nature ne sont pas « sans soufre » :

Contrairement à une idée assez répandue, il n’existe pas de vin sans soufre. En effet, le processus même de la fermentation est producteur de SO2 (dioxyde de soufre), de par l’action des levures qui transforment le sucre en alcool. Il serait donc plus judicieux de parler de vin « sans souffre ajouté ». Ces vins « nature » ou « naturels » sont censés être faiblement dosés en sulfites, voir ne pas contenir du tout de sulfites ajoutés. Pour certains, il s’agit de ne pas dépasser la dose maximale de SO2de 40 mg/l pour les vins blancs et 30 mg/l pour les rouges ; pour d’autres, il s’agit de n’ajouter aucun sulfite. Mais en réalité, il n’existe pas de réglementation officielle en la matière comme c’est le cas pour les vins bio et la biodynamie, chaque association applique donc ses propres règles. L’association des vins naturels (AVN) tente justement d’obtenir une définition officielle, même si l’entreprise semble complexe et se heurtent à de nombreux obstacles 4. Cette dernière prône une viticulture respectant l’agriculture biologique ou biodynamique (certifiée) en complément d’une démarche plus poussée qui par exemple n’autorise que les levures indigènes dans les vinifications, interdit les pratiques dites brutales comme l’osmose inverse, la flash pasteurisation ou la thermovinification et n’autorise aucun ajout de sulfite ni d’autre intrant 5.

Pour rappel, le soufre est utilisé lors de la vinification et de l’élevage pour ses propriétés antiseptiques et antioxydantes, il permet de stabiliser les vins en empêchant qu’ils repartent en fermentation une fois en bouteille à cause des levures ou bactéries non inhibées par le soufre. L’absence ou la faible quantité de soufre ajouté exige des conditions de vinification irréprochables ainsi que des conditions optimales de stockage et de conservation des vins.

1 Règlement UE N° 203/2012

2 in Ecocert, Vinification en agriculture biologique, ecocert.fr

3 « Tout savoir sur le vin bio », larvf.com,

4 Cf Julie Reux, « Faut-il officialiser les vins naturels ? », larvf.com, 20/10/2015

5 Cf « L’engagement du vigneron pour un vin AVN », lesvinsnaturels



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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Lun 12 Juin 2017 13:07

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[INTERVIEW] Cédric Klapisch : « le vin, c’est un produit qui unit »
Le réalisateur du « Péril Jeune » et de « L’Auberge espagnole » a choisi l’univers du vin et plus encore la Bourgogne pour son nouveau film, « Ce Qui Nous Lie », qui sera à l’affiche le 14 juin avec notamment l’acteur et vigneron de Meursault Jean-Marc Roulot.



Millésime 1961 et originaire de la région parisienne, Cédric Klapisch poursuit des études de littérature avant de goûter au cinéma. Remarqué en 1989 avec un court métrage, Ce qui me meut, il connaît son premier grand succès en 1995 avec « Le Péril Jeune », où se débat déjà Romain Duris. Suivront notamment « Un air de famille » (César du meilleur scénario) et la fameuse trilogie qui marquera toute une génération, « L’Auberge espagnole », « Les Poupées Russes » et « Casse-tête Chinois ». Avec « Ce Qui Nous Lie », Klapisch conserve le thème de l’émotion pour le situer dans des parcelles bourguignonnes et choisit d’en parler chez son caviste Les Caprices de l’instant (Paris, Quartier Bastille).





Avez-vous regardé « Saint Amour » de Delépine et Kervern ?
J’ai adoré, je suis très fan de ce qu’ils font, le film est très réussi, très touchant. D’ailleurs, ce n’est pas tout à fait un film sur le vin.

Et le plus caricatural « Premiers Crus » avec Gérard Lanvin ?
Ça j’aime moins pour être franc…

Encore un film sur le vin, est-ce un sujet Ă  la mode ?
Je suis parti du raisonnement contraire. Quand j’ai voulu faire ce film, il n’y en avait pas en France. Entre-temps, il y en a eu quelques-uns, notamment « Tu seras mon fils » de Gilles Legrand. Je ne sais pas si c’est à la mode, mais autour de ce produit on observe des phénomènes comme le vin naturel qui rend cet univers plus moderne. J’ai aussi l’impression qu’il y a de plus en plus de cavistes à Paris.

En quelques mots, le synopsis du film ?
Ce sont les retrouvailles de trois frères et sœurs – joués par Pio Marmaï, François Civil et Ana Girardot – qui viennent de perdre leurs parents et qui doivent reprendre le domaine familial. Et c’est sur cette idée de transmission que se déroule le film.

Outre la transmission, quels thèmes retrouve t-on ?
La fraternité au sens large, c’est une histoire de famille et le titre l’évoque. Qu’est-ce qui rassemble des gens très différents les uns des autres, des personnes qui ont des parcours très distincts mais qui ont en commun l’amour du vin ? Cette idée de fraternité est très importante et pour moi très liée au vin ; c’est un produit qui unit, n’est-ce-pas ?

Côté style, plutôt pépère versus la série « Le sang de la Vigne », intriguant à la « Tu seras mon fils » ou décalé à la « Sideways » ?
C’est plutôt l’ambiance de « Sideways » mais ce n’est pas un film sur des consommateurs. Nous sommes du côté des producteurs, le film se déroule sur les quatre saisons. Après, ce n’est pas un policier mais un film d’émotion avec des parties comiques comme dans mes autres films. J’aime faire rire et pleurer, c’est entre le drame et la comédie.

Pourquoi la Bourgogne comme décor ?
C’est un endroit où la plupart des domaines sont restés familiaux. Dans le bordelais, il y a davantage de grosses sociétés, il y a une mainmise de la finance, c’est lié au fait qu’il y a des volumes gigantesques. En Bourgogne, la taille des domaines est toute petite. C’est aussi la région que je connaissais le mieux, j’avais envie de filmer ces paysages. Ça aurait pu fonctionner dans le Rhône ou le Languedoc mais j’aimais mieux le côté verdoyant et tempéré.

Comment vous êtes-vous documenté ? Avec Jean-Marc Roulot qui joue d’ailleurs dans le film ?
Complètement, je me suis beaucoup appuyé sur lui et sur Alix de Montille puisqu’ils habitent ensemble. C’est aussi en rencontrant des gens, en écoutant une vingtaine de vignerons qui m’ont raconté l’historique de leur famille, leur façon de travailler.

Quels vignerons ?
Des personnes qui travaillent au domaine Anne-Claude Leflaive, au domaine Comte Senard à Aloxe-Corton, Pierre Morey, évidemment Bertrand de Vilaine de la Romanée-Conti qui nous a raconté beaucoup de choses sur la Bourgogne éternelle.

Y a-t-il eu des placements de produits ou de propriétés ?
Non, pas sur cette logique là. Tout s’est fait de façon amicale. Dans une scène, on peut retrouver les bouteilles d’Olivier Leflaive. Sa fille Julie, qui était comédienne, joue un petit rôle dans le film. Autre exemple, on a tourné au domaine de la Pousse d’Or, ils nous ont demandé de montrer une bouteille pour le souvenir. C’est un échange, on ne peut pas parler de placement de produit.

Comment ĂŞtes-vous devenu amateur ?
C’est grâce à mon père qui ne boit que du bourgogne. Une fois par an, on allait en Bourgogne pour acheter du vin, on faisait des dégustations, il m’apprenait à différencier les vins. Il y avait dans sa cave un peu de vins italiens. J’ai découvert ensuite le bordeaux avec le père de mon ancienne amie. Du coup, j’ai eu la double culture. Ensuite, j’ai eu la chance à Khâgne et Hypokhâgne d’être avec Isabelle de Montille, elle m’a fait rencontrer son père Hubert. Des années plus tard, j’allais y retourner pour prendre des photos pour mon film. Enfin durant mes années d’étude aux États-Unis, je suis allé dans la Napa Valley, c’était l’époque des vins de Coppola et Mondavi.

Avec Romain Duris, faites-vous tomber de belles bouteilles ?
Je ne le vois plus depuis un moment car il tourne partout dans le monde mais il aime beaucoup le vin. Comme d’autres acteurs que j’ai fait tourner… Bacri et Jaoui, ils adorent le vin. Berléand est un grand fan. Viard et Binoche aussi.

Dans « Un air de famille », on voit quelques quilles…
Absolument mais pas du très bon. Alors que dans « Ma part du gâteau », Gilles Lellouche, qui est trader, boit du Cheval Blanc.

Avec-vous initié vos enfants ?
J’en ai trois, les deux plus grands, de 16 et 18 ans, sont super contents que je fasse un film sur le vin. Ils ont beaucoup aimé…

Vous êtes plutôt le perniflar de la « Soupe aux choux » ou grands crus classés ?
Je suis les deux. J’aime la « pochtronade » et les grandes dégustations, j’aime les petits vins et les crus classés. Je découvre en ce moment le vin naturel, je suis en stage depuis trois ans, c’est encore une autre approche. En faisant le film, j’ai aussi découvert le Saint-Romain, le Saint-Aubin, des appellations moins connues.

Quels sont vos plus grands souvenirs de dégustation ?
Je suis allé deux fois à la Romanée Conti et je dois avouer que ça laisse des traces. C’est impressionnant et pourtant je bois beaucoup de vins. Là, nous sommes dans le surnaturel. J’ai connu la même chose au Château Haut-Brion et au Château Cheval Blanc. On a vraiment l’impression de partir en voyage. Il y a des vins, on en boit une fois et on s’en souvient cinq ans plus tard.

Votre cave, plutôt Bourgogne ou Bordeaux, Rhône ou Languedoc… ?
Totalement éclectique. A part les bordeaux et les bourgognes, j’adore les châteauneuf-du-pape, le Clos des Papes comme Juliette Avril ainsi que le domaine de la Janasse.

Vous êtes né en 1961, avez-vous quelques flacons de cette année ?
Mon père en a gardés, de temps en temps il en sort. Pendant le tournage du film, quelques personnes ont ouvert des bouteilles de mon année, c’était très sympa. On a notamment bu un Pommard 61.

La bouteille que vous emmèneriez sur un tournage désert…
Bâtard-Montrachet de chez Aubert de Vilaine.

Pour l’avant première, quelles bouteilles allez-vous déboucher ?
Ah, je n’y avais pas pensé. Je pense que ce sera un Meursault de chez Roulot. Quand même.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Sam 17 Juin 2017 10:09

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Boris Champy : « Clos des Lambrays, parmi les plus grands vins de Bourgogne »
Boris Champy sera le nouveau régisseur du Domaine des Lambrays, l’un des fleurons de la Bourgogne (8,66 hectares). Il prendra ainsi la tête de ce grand cru, repris en 2014 par LVMH, groupe leader dans le monde du luxe.

Originaire de Champagne, Boris Champy, œnologue, a passé l’essentiel de sa carrière chez Dominus (propriété californienne de Christian Moueix). Il a rejoint la maison Louis Latour pour prendre la tête du domaine en 2008.




Comment va se dérouler la transition avec l’actuel régisseur Thierry Brouin, au domaine depuis 1980 ?
Thierry Brouin était sur le point de partir à la retraite lorsque LVMH a racheté le Clos. Les responsables du groupe ont souhaité qu’il reste quelques temps pour faciliter la transition. Nous allons donc assurer ensemble une transition d’un peu plus de 6 mois. Nous vinifierons ensemble le millésime 2017.

Quelle est votre feuille de route ?
Le Clos des Lambrays est un achat de prestige pour LVMH. A l’image de Château Cheval Blanc ou d’Yquem (Ndlr : propriété bordelaise le LVMH), il est important aux yeux du groupe de ne pas les intégrer dans une entité mais de laisser se gérer indépendamment. Lors des entretiens de recrutement le message était clair : « Nous cherchons un régisseur avec une totale liberté. Ce sera carte blanche. » LVMH tenait aussi à ce qu’un « bourguignon » prenne la suite. Le groupe souhaite que le domaine soit bien inséré dans le tissu local.

Quel diagnostic portez-vous sur ce domaine ?
Le Clos des Lambrays figure parmi les plus grands vins de Bourgogne. Nous avons fait une dégustation verticale avec Thierry Brouin : les vins sont excellents. Il y a longtemps que ce Clos fait très, très bon. Il est parfois de bon ton de critiquer ce qui a été accompli dans les années 1980 en Bourgogne. Tout n’a pas été parfait mais il existe des domaines qui ont persévéré. La région a une longue tradition de grande qualité, il faut en être fière. A l’avenir le Clos aura besoin de renouvellement au vignoble, de gagner en précision sur certains points pour continuer dans cette lignée.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Sam 17 Juin 2017 10:14

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Le sacre du chenin blanc par François Chidaine
Voilà presque 30 ans que François Chidaine fait vibrer la vallée de la Loire avec son interprétation brillante du cépage roi de la région : le chenin. Effervescents, secs, liquoreux… tous ses vins jouissent d’un succès qui ne faiblit pas et dont les méthodes de culture ont inspiré plus d’un producteur…



Comme de nombreux vignerons, François Chidaine doit sa passion et sa vocation pour le vin à sa famille. C’est à ses côtés, dans le domaine parental, que le Ligérien a fait ses premiers pas comme salarié en 1984. Cinq millésimes plus tard, le voici suffisamment formé pour se mettre à son compte et cultiver 4.5 hectares (3 récupérés de la propriété familiale et 1.5 qu’il vient d’acquérir). En trois ans, il prend la mesure des enjeux de la culture biologique et décide de convertir l’intégralité de son domaine en 1992. Ce changement n’est qu’une amorce à la biodynamie dans laquelle il se lance avec l’aide de sa femme Manuéla, originaire d’Espagne. Celle-ci ouvre d’ailleurs le caveau de dégustation du domaine sur les rives de la Loire à Montlouis et le baptise « La Cave Insolite ».

Parallèlement, le domaine s’agrandit puisque François Chidaine achète 10 hectares supplémentaires à Montlouis en 1998 et se fait épauler par son cousin Nicolas Martin qui arrive en 2002. Tous deux accroissent encore l’exploitation du côté de Vouvray en rachetant en 2006 les vignes du domaine du Clos Baudoin, propriété du Prince Poniatowski. Aujourd’hui, François Chidaine est à la tête d’un patrimoine viti-vinicole de 37 hectares : 20 à Montlouis-sur-Loire, 10 à Vouvray et 7 en Touraine.

Avec les années, le viticulteur est peu à peu devenu l’une des icônes de l’appellation de Montlouis-sur-Loire et de Vouvray. Remarqué pour avoir su magnifier le chenin, cépage autochtone, il signe avec de magnifiques cuvées de vins blancs effervescents, de secs de garde ainsi que des liquoreux stupéfiants. Son succès se traduit d’ailleurs par l’influence qu’il exerce auprès d’une jeune génération de vignerons désireuse de faire à son tour ses preuves sur cette appellation prometteuse.

Rien n’arrête François Chidaine qui tient entre autre les rennes du syndicat de l’appellation de Montlouis. En effet, 2010 marque le début d’une nouvelle aventure aux accents ibériques. Manuéla et lui ont jeté leur dévolu sur ce qu’ils appellent « un petit coin de paradis » en Murcie, province du sud de l’Espagne, dans la Vallée d’Aceniche près du village de Bullas. Là-bas, aux pieds des montagnes de la Sierra Espuña, entre altitude et garrigue, ils réalisent des vins blancs et des vins rouges issus des cépages régionaux.

Dans la Loire, François Chidaine cultive donc le chenin blanc ainsi que d’autres cépages emblématiques de la vallée du Cher (sauvignon blanc, pinot noir, grolleau, cabernet-franc, côt, pineau d’aunis) qu’il vinifie sous l’appellation Touraine. Le chenin règne malgré tout sur les 20 hectares de Montlouis et les 10 de Vouvray et évolue sur des terroirs variés composés d’argiles, de calcaire, de silex et de tuffeau, pierre blanche typique de la Touraine. Pétri des principes biodynamiques, François Chidaine et son équipe vendangent les raisins manuellement et effectuent des tris successifs. Au total, le domaine élabore 150 000 bouteilles par an et sa gamme d’une douzaine de vins traduit la recherche de complexité et de finesse du producteur.


Mais, même malgré ce succès et la qualité de ses vins, la chance n’a pas toujours souri à François Chidaine qui a vu ses vins en AOC Vouvray déclassées en Vin de France en 2015 parce que vinifiés, non pas au sein de l’appellation Vouvray, mais à Montlouis. Cependant, son talent n’est pas à remettre en cause dans cette affaire qui a déchainé les mécontentements des vignerons voisins et de ses fidèles clients.

Bien entendu, chez iDealwine, nous apprécions tout particulièrement ses vins, entre autres pour leur élégante minéralité. Nous ne pouvons donc que vous conseiller d’aller jeter un coup d’œil à notre site internet et de craquer pour ses cuvées en vente !


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Sam 17 Juin 2017 10:16

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Marché foncier viticole : des prix à la hausse en 2016
La FNSafer vient de publier son rapport annuel – très attendu – sur les prix du marché foncier viticole. Nous vous livrons aujourd’hui un petit aperçu chiffré et analysé des tendances qui se dégagent de l’année 2016.




Comme chaque année, La FNSafer publie le rapport annuel très attendu sur les prix du marché foncier viticole. Pour ceux qui ne le savent pas, la FNSafer (Fédération Nationale des Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural) permet aux agriculteurs de se lancer dans le secteur rural, artisanal, agricole ou environnemental en les guidant dans la gestion de son projet et en lui fournissant les outils nécessaires.

Le rapport recense les données chiffrées ainsi qu’une analyse bien précise des marchés fonciers ruraux. Les professionnels du marché foncier vinicole mettent toutefois en garde les lecteurs sur les prix présentés en rappelant que ceux-ci ne sont pas significatifs de ceux pratiqués sur le terrain. Pourquoi ? La raison est simple : certaines parcelles ne sont pas libres d’exploitation et d’autres incluent la transaction de matériel ou de bâtiment(s). Il faut donc considérer à la lecture que les prix sont en réalité 10 à 15% supérieurs à ceux retranscrits dans le document de la FNSafer.

Certaines appellations, à l’évidence, ont plus la cote que d’autres. Dans certaines parcelles les prix s’envolent, tandis que d’autres peinent à trouver acquéreur. Sans surprise, la valeur des terrains aux rendements faibles mais qualitatifs ne diminue pas, et a même tendance à augmenter. Vous l’aurez deviné, il s’agit bien entendu des meilleurs crus de Bordeaux (comme Pauillac où l’hectare est estimé 2 000 000€), de Bourgogne (les premiers et grands crus), la vallée du Rhône, etc.

Quelques appellations pâtissent du manque de reconnaissance de la part du grand public. La conséquence ? Malgré la qualité de leurs cuvées, certains vignerons peinent à valoriser leur production. L’exemple les plus flagrant est encore une fois celui du Bordelais qui bat des records de contraste avec des hectares de vignes vendus à 1.2 million d’euros à Saint-Julien, et non loin de là, d’autres vendus à 20 000€ dans certaines parties des Graves. D’autres régions comme le Beaujolais, le Minervois ou le Sud-Ouest accusent le même coup. Ce qui, chez iDealwine, nous incite à aller creuser le sujet pour dénicher et partager avec vous les pépites que recèlent chacune de ces régions. Un peu partout, nous tombons régulièrement sur des domaines qui offrent d’incroyables surprises en termes de rapport qualité-prix !

Un exemple, le Muscadet-Sèvres-et-Maine, région entachée d’une réputation peu séduisante de prime abord. Des hommes comme Jo Landron ou le domaine Luneau Papin ont pourtant contribué, par leur talent, à faire progresser ces dernières années la valeur des terres.

A contrario, d’autres régions, pourtant très réputées, connaissent une stabilisation de leur valeur. Chablis dans l’Auxerrois, ou la Champagne en sont la preuve. Les épisodes climatiques qui ont lourdement pesé sur Chablis ces dernières années ont-ils freiné l’ardeur des acquéreurs ? Et, s’agissant de la Champagne, les effets prévisibles du Brexit sur les ventes de ces vins exercent-ils un effet ? L’avenir nous dira quel sera l’impact de la sortie du Royaume-Uni de l’Europe sur les importations de Champagne dans ce pays traditionnellement très acheteur.

En quelques chiffres, la FNSafer estime que, de façon générale, les prix des vignes évoluent à la hausse. Au sein des AOC ceux-ci ont gagné 0.1% et sont estimés à environ 140 600€ l’hectare. Les prix des vignes hors AOP quant à eux progressent de 2.2%, à 13 400 € par hectare. Et enfin, les vignes à eaux-de-vie AOP augmentent aussi avec une hausse estimée à 1.7% et un prix de l’hectare à 43 400€.

Conséquence prévisible du surenchérissement du prix de la terre : l’augmentation tarifaire sur les vins qui en résultent. Une raison de plus pour poursuivre notre quête de nouveaux domaines, de nouvelles signatures et même de nouvelles régions…



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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Jbrice » Dim 18 Juin 2017 12:04

Lalex a Ă©crit:.
[INTERVIEW] Cédric Klapisch : « le vin, c’est un produit qui unit »
Le réalisateur du « Péril Jeune » et de « L’Auberge espagnole » a choisi l’univers du vin et plus encore la Bourgogne pour son nouveau film, « Ce Qui Nous Lie », qui sera à l’affiche le 14 juin avec notamment l’acteur et vigneron de Meursault Jean-Marc Roulot.

Vu hier. C'était pas mal. J'avoue que je m'attendais à être fan mais je ne l'ai pas été ; j'aime le vin, j'aime Klappish mais je n'ai pas non plus adoré le film. Ou sont passés Lucchini, Duris et ses autres acteurs fétiches? :|
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Lun 19 Juin 2017 13:07

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Gel 2017
Les courtiers, thermomètre du coup de froid sur le vignoble français
Presque deux mois après les gelées de printemps, les perspectives de pertes de récoltes s’affinent, ainsi que leurs impacts sur les cours, et donc les marchés.





« Beaucoup de régions viticoles ont été touchées cette année par le gel, encore plus que d’habitude le rôle du courtier est de concilier l’offre et la demande. Et d’offrir l’éventail le plus important de solutions à ses clients, amont et aval » pose Jérôme Prince, ce 19 juin à Vinexpo, lors du Congrès de la Fédération Nationale des Syndicats de Courtiers en Vins et Spiritueux qu’il préside*. Également à la tête du syndicat des courtiers bourguignons, Jérôme Prince note pourtant qu’« après sept ans où l’on avait pris l’habitude d’avoir de petites récoltes, on en espère en avoir une bonne en Bourgogne, qui a été globalement épargnée par le gel. À l’exception de Chablis… »


Pour la deuxième année consécutive, le vignoble de l’Yonne a en effet été fortement touché par le gel (de l’ordre de 20 % en 2017). Mais si « l’impact du gel 2016 ne s’est pas vu grâce aux Volumes Complémentaires Individuels, il n’y a plus de réserves et le marché s’annonce tendu » rapporte le courtier Fabien Remondet. Face à la hausse des prix, le négoce resterait cependant confiant, cherchant à remplacer le marché de prix qu’est l’Angleterre.

DĂ©crochage des cours

Moins serein, le vignoble de la Vallée de la Loire s’inquiète de hausses des cours qui pourraient couper les vins du marché. En pays nantais, « il y a des difficultés à digérer la hausse après le gel de 2016. On a peu de stocks et les cours se raffermissent » rapporte le courtier Hervé Luneau « Les prix ont augmenté et les marchés vont se déplacer. Il faut être prudent » confirme Christine Touron-Lavigne, la présidente des courtiers ligériens. Soulignant l’hétérogénéité du gel sur les vignobles, elle ne souhaite pas s’avancer sur des pertes de récoltes, d’autant plus après la bonne surprise d’un millésime 2016 plus généreux que prévu.

« Les plus pessimistes craignent une perte de 50 % de la récolte, les plus optimistes, dont sont les courtiers, tablent sur une baisse de 30 à 35 % de la production » rapporte Xavier Coumau, le président des courtiers bordelais. Il nuance cependant la situation avec une hausse annoncée des disponibilités, que ce soit avec la mobilisation des VCI (de l’ordre de 370 000 hl) et la réintégration du Dépassement du Plafond Limite de Classement du millésime 2016, tout juste validée par l’INAO (de l’ordre de 50 à 100 000 hl). Quoi qu’il en soit, depuis les épisodes du gel les cours se raffermissent, de +1 % pour les bordeaux rouges à +17 % pour les Sauternes.


"Les courtiers languedociens vont vivre l’enfer"


À l’inverse, dans le Midi on ne cherche pas de volumes de substitution. Il semblerait presque que la faiblesse du gel soit une occasion manquée d’apurer les stocks importants à la propriété et dans les coopératives. « Malgré le gel, j’ai peur que l’on fasse une récolte de 12 millions hl, comme en 2016. Alors qu’à l’approche des vendanges, tout le monde cherche de la cuverie » alerte, sans langue de bois, le courtier Jean-Pierre Dargent, qui confesse n’avoir jamais vu une situation aussi tendue. « En sachant que les gens ne vendront pas, et ne seront pas payés, il va y avoir une grande explosion. Mais ça ne résoudra rien… » prophétise-t-il.

* : Se présentant à sa propre succession, Jérôme Prince a été réélu à l’unanimité.



Coulure et précocité pour les vignes épargnées

Si le gel a concentré l’attention durant ce tour des régions, il a également été question des vignes ayant échappé aux gelées. La plupart semblent précoces, mais la nouaison n’a pas toujours été à la hauteur des sorties prometteuses. Aussi touché par le gel (avec des pertes estimées à 20 000 hl en Coteaux Varois et 10 000 hl en Côte de Provence), le vignoble provençal s’inquiète actuellement du manque d’eau et de la coulure sur grenache rapporte Pierre-Jean Bertri (président des courtiers provençaux).

La perte de récolte par coulure s’annonce également conséquente en Vallée du Rhône. « Le gel nous a relativement épargnés (à l’exception du Ventoux, de zones du Lubéron, de la Clairette de Die…), mais la coulure a fait s’envoler une grosse partie des grenaches » constate Gilles Lambert, le président des courtiers rhodaniens.


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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Lun 19 Juin 2017 16:54

Merci, Alex, pour cette copie.

Pour moi qui aime le Chablis, c'est peu rassurant. Il faut s'attendre Ă  une nouvelle hausse significative des prix.
Bien cordialement,
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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Lalex » Lun 19 Juin 2017 19:42

Thierry,

Espérons qu'il nous reste quelques bouteilles à moins de 100€ pour le millésime 2017...
Nous avons eu une "belle" hausse cette année, je ne vois pas comment il ne pourrait en être de même sur 2016, alors 2017... :?

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Re: Audio, vidéo, presse

Messagepar Thierry Debaisieux » Lun 19 Juin 2017 21:25

Espérons qu'il nous reste quelques bouteilles à moins de 100€ pour le millésime 2017...

Alex, tu dois parler des Grands Crus.
Je bois Ă©galement et mĂŞme beaucoup plus souvent des 1ers Crus qui ne vont pas flamber jusque lĂ  ;)
Bien cordialement,
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