Condrieu Guigal la Doriane 1994 : 14/20 – 5/11/07
Signalement aromatique plantureux de viognier (sur Condrieu) : fruits (pomme, pêche, abricot, citron), épices, guimauve, miel, fumée. Bouche plutôt épaisse, grasseyante, pas mal chargée en alcool. Intéressante en saveurs moins en structure (relâchée). Finale un peu rapide sur de l’amertume. Profondeur et élan très relatifs. Trop vieux ?
Côte-Rôtie Rostaing La Landonne 2001 : 15/20 – 5/11/07
Au nez, on reconnaît des senteurs très « syrah du Nord », dans un registre en veilleuse cependant : cassis, fumée, terre, pointe végétale. Bouche dans un style plutôt « authentique », qui tient principalement sur son acidité. Manque d’ampleur (presque maigreur ?), austérité, goûts acidulés et végétaux prononcés. Le vin n’est pas mal en introduction mais fera pâle figure quand il sera regoûté à la fin de la dégustation (face à des pairs bien plus racés et complets).
Côte-Rôtie Guigal la Mouline 98 : 17/20 – 5/11/07
On distingue ici des notes plus baroques, « orientalisantes » : crème de cassis, cerise, réglisse, laurier, poivre, nuances plus lactées, grillées. L’élevage est encore marqué (noix de coco). Inflexions fuligineuses et des vapeurs qui se situent entre la menthe et l’eucalyptus. A la fois puissant et souple (moins tenu que La Turque 2001, en particulier). Profil un peu ambigu en raison d’une olfaction exotique (qui peut entraîner hors France) et d’une bouche fine et fraîche. A attendre encore quelques années pour qu’elle délivre tout son potentiel.
Côte-Rôtie Guigal la Turque 2001 : 18/20 – 5/11/07
Nez sanguin d’une profondeur confondante, certes encore fermé, réunissant des senteurs prometteuses de cassis, de fumée, de minéral, de menthol : bouche d’une densité impressionnante, puissante, carrée, tannique. Caractère hiératique, minéral et caverneux n’excluant ni la race ni l’élégance. On a pu penser à Chave ou la Brune de Jamet (en moins sensuel).
USA Midnight Oil Sine Qua Non 2001 : 17/20 – 5/11/07
Olfaction délibérément exubérante : orange, poivre, eucalyptus, cassis crémeux, réglisse, fumée. On devine un vin capiteux mais de la fraîcheur et de la finesse également ainsi que de la retenue (profil exotique net mais sans tomber dans la caricature – dans les pires cas presque repoussante). La bouche reprend ces notes (s’y immiscent de flaveurs d’asphalte et d’épices), dans une silhouette correctement charpentée (cette ossature faisant quelque peu défaut au vin australien). Une interprétation de la syrah particulière et encore une fois convaincante. Lors de la dernière dégustation, ce vin était un poil plus satisfaisant encore, probablement car il ne rivalisait pas avec des « monstres » rhodaniens, plus longilignes.
Côte-Rôtie Côte Brune Jamet 2001 : 18,5/20 – 5/11/07
D’emblée, on retrouve dans un jaillissement assez sensuel ces notes prestigieuses caractéristiques du domaine : cassis, laurier, olive noire, suie, orange sanguine, réglisse, violette. Bouche également signée, farouche, impérieuse, affermie par une mâche considérable et une acidité sans faille (conférant une énorme et salvatrice fraîcheur à ce jus magnifiquement concentré). Ce vin brille aussi par son naturel d’expression, son potentiel de garde (il est toujours cette splendeur reconnaissable, toute en plénitude).
Côtes-du-Rhône Domaine de Fonsalette Syrah 1997 : 15,5/20 – 5/11/07
Registre plus évolué, avec du cassis, du cuir, du savon d’Alep (laurier, huile d’olive) et des notes clairement herbacées (insolite impression de cosse de petit pois frais pour certains, de tapenade d’olives vertes pour d’autres). Bouche dans une gamme plus champêtre, plus limitée (précaire). Elle sait toutefois rester « classe », fine et fraîche.
Australie Clarendon Hills Liandra Vineyards 2001 : 15,5/16 – 5/11/07
Ici encore, le vin « étranger » est décelé en raison d’une nature plus « sucrée », régressive. Elle se traduit dans un ensemble de senteurs de bourgeon de cassis, de confiture de fraises, de bourbon, de menthol. Ce nez figué semble appeler un tajine d’agneau. Bouche veloutée, à la douceur sucrée, qui tend malheureusement à rapidement saturer le palais. Trame un peu lâche. Manque de colonne vertébrale préjudiciable (même reproche fait à Astralis 1999 lors du match des syrahs françaises et australiennes de mai 2004 méticuleusement préparée par Pascal Perez).
Hermitage Chapoutier Pavillon 2000 : 19/20 – 5/11/07
Un nez tombal, sévère, en parfait opposition avec celui du vin précédent (totalement débridé). Olfaction massive : minéral, fumée, réglisse, fruits noirs. Bouche considérable, non dénuée d’un fond de douceur (le gant de velours assagissant la main de fer). Stupéfiantes mâche et tension pour une allure auguste, qui devrait aller très loin. Je suis très agréablement surpris par la qualité de cette cuvée parcellaire de Chapoutier (des vins que j’apprécie assez peu en général, les trouvant très massifs et pas assez typés).
Hermitage Chave 1994 : 16,5/17 - 5/11/07
Nez foxé, sanguin, poivré, qui a déjà quelques heures de vol. Le fruit résonne encore correctement (cassis), dans un registre un poil cuit (j’entends voler le mot « oxydé » ?!). Senteurs complémentaires de havane, de graphite (rappelant la majesté d’un Pauillac). Bouche bien en place, fraîche, au grain particulièrement fin. L’apparence presque lascive du vin peut faire penser à une Chapelle de Jaboulet (type 1997).
Hermitage Jaboulet Ainé la Chapelle 1988 : 16/20 – 5/11/07
Agréable race tertiaire dans ce fumet de syrah : la truffe noire (tuber melanosporum) a pris ses quartiers et elle valorise des notes de viande, de cassis, de tabac, de chasse. Austérité et impression « métallique » pour une belle patine, exigeante. Certains lui reprochent sa maigreur. On peut pour autant apprécier sa sveltesse de marathonien, sa cohérence d’ensemble.
Note : il n’est pas très difficile dans cette série remarquable de détecter les 2 vins étrangers !